Proclamée en 1992 par les Nations-Unies, la Journée mondiale des personnes handicapées est célébrée à travers tous les pays membres le 3 décembre de chaque année.Cette journée mondiale est l'occasion de réaffirmer certains principes de base, trop souvent oubliés, à savoir que « tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droit, ce qui implique que le respect de cette dignité due à chaque personne valide ou non, implique également la reconnaissance de droits fondamentaux comme l'éducation ou l'accès au travail ».
Dans le cadre des manifestations organisées à cette occasion, une délégation officielle s'est rendue au Centre des handicapés mentaux implanté à Sidi-M'djahed, dans la commune de Ben-Allal, sur le versant ouest du Zaccar, à près de 1 000 m d'altitude, un centre où le chauffage central ne fonctionne pas malgré les hivers très froids et où il neige chaque année. A la place, des radiateurs à bain d'huile sont distribués dans les trois dortoirs.
Selon les explications du chef de daïra de Miliana, les travaux de réhabilitation du chauffage central ont été entamés, mais l'enveloppe nécessaire s'est révélée insuffisante et le wali a donné son accord pour la reprise des travaux.
Le chef de l'exécutif de la wilaya, qui a présidé la délégation composée des autorités civiles et militaires, a procédé à la distribution de fauteuils roulants aux malades, hôtes de ce centre qui abrite 47 handicapés mentaux, des hommes et des femmes dont nombreux sont des grabataires et certains sont très agressifs.
Selon les informations que nous avons recueillies sur les lieux, pensionnaires et personnels d'encadrement mènent une vie des plus difficiles au vu des problèmes durant leurs séjours pour les premiers, et durant l'exerce de leurs fonctions pour les seconds.
S'agissant des pensionnaires, ils sont au nombre de 47 des deux sexes dont 11 souffrent de multi-handicaps. Il sont âgés de 18 à 51 ans, originaires, dans leur quasi-totalité, d'autres wilayas, telles que Annaba, Constantine, Sétif, Alger, Blida, et abandonnés par les leurs depuis des années. Pour ce qui est du personnel éducatif. Féminin dans sa grande majorité, elles déclarent être oubliées, marginalisées et lésées.
« Nous sommes 17 à exercer différentes fonctions des plus pénibles, et seulement 5 d'entre nous ont été intégrés à ce jour. Les douze autres rêvent du préemploi depuis des années. 8, 10, voire 12 ans sans aucune indemnité, ni transport, ni prime de pénibilité, ni prime de risque de santé car nous dormons avec les malades avec la peur au ventre, de peur d'agressions de la part de ces malades .»
Une autre nous dira : « Il est arrivé que l'une d'entre nous a failli être éborgnée par un malade ». Une autre encore nous confie : « La nuit, nous sommes une équipe de 3 personnes à veiller sur ces malades, dont certains sont des cas lourds. Mais il nous arrive aussi d'être seulement à deux et parfois une seule surveillante pour tous les pensionnaires .»
Selon le témoignage de l'une d'entre elles, elle perçoit un salaire mensuel de 20 000 DA pour 48 heures de travail par semaine, tandis qu'une autre est payée à l'heure.
Plusieurs d'entre elles déclarent avoir fait des démarches auprès des autorités compétentes pour exposer leurs soucis et leurs doléances, mais il n'y a jamais eu d'écho à leurs démarches.
Ce centre a également toute une histoire. La première fois, il a été implanté à Sidi-M'djahed en 1956 jusqu'à 1962, il a fonctionné comme centre de détention et de torture par l'armée coloniale.
De 1967 à 1987, le centre est devenu un centre qui abritait des colonies de vacances, eu égard à son implantation en montagne et en zone forestière. De 1984 à 1987, cette structure était devenue un centre qui accueillait les enfants handicapés mentaux d'enfants d'émigrés vivant en France.
Enfin, c'est en 1987 et jusqu'à ce jour, à Sidi-M'djahed , le centre abrite des handicapés mentaux.
Autre événement douloureux qu'a vécu ce centre et dont certaines se souviennent encore, durant la décennie noire, c'est qu'il a subi deux attaques terroristes dont une perpétrée contre le personnel demeurant à Miliana, attaque au cours de laquelle, le 24 janvier 2000, 13 employés des deux sexes ont été tués, en plus d'une enfant de 3 ans (fille d'une employée).
Lors d'une autre attaque, deux femmes ont été enlevées. L'une d'elles a été retrouvée après avoir subi les pires sévices, tandis que le corps de la seconde, une secrétaire, n'a jamais été retrouvé à ce jour. Il a été question, tout au début des années 2000, du transfert de ce centre au niveau du chef-lieu de wilaya, Aïn-Defla, et une structure importante a même été réalisée mais, à ce jour , le centre est resté à Sidi-M'djahed, au sommet d'une montagne , à l'abri des regards et des « bonnes consciences ».
Karim O.
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Posté Le : 05/12/2019
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Karim O
Source : www.lesoirdalgerie.com