Algérie

Le calvaire des habitants du "Pitavi"



Depuis 1989, les habitants du site «Pitavi», un site qui porte l'intitulé de 450 Logements (APC-Cnep), ne savent plus à quel saint se vouerLe projet qui a coûté quelque 17 milliards dans les débuts de son lancement par l'entreprise «Chaâbani», s'est arrêté pour une raison financière sans pour autant que ledit projet soit réhabilité.
Un drame est en train de prendre une ampleur des plus catastrophiques, les victimes de ce drame ne sont autres que les habitants du site «Pitavi», un endroit situé dans la commune de Birkhadem, à quelques encablures de la capitale où l'on assiste à une situation le moins que l'on puisse dire, abracadabrante!!
Depuis 1989, les habitants du site Pitavi, un site qui porte l'intitulé de 450 Logements (APC-Cnep), ne savent plus à quel saint se vouer. Leur drame s'est accumulé, à telle enseigne qu'ils ont perdu espoir de voir leur situation prendre la voie de la régularisation et en finir avec le calvaire qui taraude leur esprit quotidiennement.
Le déplacement sur le site offre un décor répugnant, provoque l'ire et interroge l'entendement quant à l'implication des pouvoirs publics dans cette situation qui ressemble à une grande décharge à ciel ouvert. C'est une véritable bombe à retardement urbaine, la dégradation frise l'invraisemblable, en somme, les habitants du «Pitavi» sont livrés à eux-mêmes sans la moindre intervention concrète des collectivités locales pour mettre un terme à leur statu quo insoutenable.
L'imbroglio s'empare des habitants
Les habitants des 450 Logements comme son nom l'indique, même si le nombre reste en deçà de sa vocation, étant donné que beaucoup de blocs restent inachevés et d'autres n'ont pas vu le jour jusqu'au jour d'aujourd'hui, possèdent des décisions d'octroi de leurs logements, mais se trouvent dans une situation d'amalgame et de confusion jusqu'à s'interroger sur le sort qui leur est réservé par les collectivités locales, à commencer par l'Assemblée populaire communale (APC) qui ne daigne pas prendre des mesures concrètes et urgentes pour régulariser leur situation, qui ne fait que s'aggraver après leur recensement dans le cadre du relogement en rapport avec ceux qui ont érigé des bidonvilles autour de leur site, en les mêlant dans ce processus appelé le «relogement dans le cadre de l'habitat précaire», (sic).
Les habitants sont catégoriques, quant à leur relogement, et ne veulent pas entendre du tout parler de cette démarche qui, selon eux, ne les concerne ni de près ni de loin. C'est ce qui ressort comme réponse de Hocine Boulahlib, un locataire depuis 20 ans dans ce site, occupant un F5 dans un immeuble qui a le mérite d'être achevé en termes de carcasse, c'est-à-dire que les quatre étages tels que le plan de construction le stipule ont été respectés. C'est une chance pour Hocine Boulahlib et ses colocataires du bloc N° 5. Ce locataire souligne que «notre problème ne réside pas dans notre relogement, nous ne sommes pas des demandeurs de logements, plus que ça, nous n'habitons pas des bidonvilles pour qu'ils nous recensent comme étant des habitants nécessitant un logement social. Nous avons nos décisions de pré-affectation depuis une vingtaine d'années dans le cadre de 450 Logements (APC-Cnep), nous demandons juste qu'ils régularisent notre situation», tempête Hocine Boulahlib, locataire du site «Pitavi», depuis une dizaine d'années. Un autre locataire du même bloc fulmine en disant que «les autorités communales cherchent à induire le wali d'Alger dans l'erreur en lui présentant autrement notre cas. Ils veulent coûte que coûte nous intégrer dans le plan de relogement qui se prépare pour le compte des indus occupants qui ont érigé des bidonvilles autour de notre site. Chose que nous n'allons pas accepter quoi qu'il advienne», rétorque le locataire Mohamed Bendali qui habite son logement depuis plus de 20 ans.
Dans ce sens, les responsables de la commune de Birkhadem savent pertinemment que le site relève d'un plan remontant à l'année 1988 où sa réalisation a été prise en compte, en collaboration avec la Cnep à cette époque-là. Le paradoxe qui entoure ce projet, c'est que les mêmes responsables qui se sont succédé sont au courant de ce site qui connaissait des déboires dans son financement durant la période des années 1990 et l'avènement des délégations exécutives communales (DEC) de l'époque où les projets de construction et de réalisation des logements étaient relégués au second plan en termes de priorités à cette époque touchée par une crise financière aiguë et une situation sécuritaire des plus dramatiques qui avaient caractérisé le pays.
Le projet qui a coûté quelque 17 milliards dans les débuts de son lancement par l'entreprise «Chaâbani», s'est arrêté pour une raison financière sans pour autant que ledit projet soit réhabilité et pris en charge par l'APC en lui trouvant d'autres sources de financement ou l'intégrer dans les projets relevant strictement des structures de l'Etat via l'Office de promotion et de gestion immobilières (Opgi). C'est cette situation d'imbroglio qui suscite la peur des habitants du site des 450 Logements qui se présente comme un site «hybride» sans un intitulé bénéficiant d'un statut lui permettant de rompre avec la situation stationnaire dans laquelle il s'est empêtré depuis une dizaine d'années.
Le site est l'objet d'une convoitise
Les propriétaires des logements au sein du site «Pitavi» ne comprennent pas les atermoiements auxquels fait recours leur APC quant à la régularisation de leur situation. Les locataires exigent que «le cas de nos logements ne doit pas servir d'alibi pour certains au niveau de l'APC pour tirer profit de ce site en se débarrassant de nos logements», insiste le groupe de locataires avec qui nous avons discuté sur ce site.Pour eux, il n'est pas question de laisser leurs logements après avoir engagé des travaux à l'intérieur, en retapant de fond en comble leurs appartements qu'ils ont occupés dans un état piteux, ne disposant d'aucun élément leur permettant d'y habiter. Il n'y avait ni portes ni fenêtres ni sanitaires ni séparation, en somme, ils ont occupé des espaces qui ont subi les «douze travaux d'Hercule».
Nous avons pu entrer dans ces appartements qui ont l'air d'être livides de l'extérieur de par le non-achèvement des immeubles et le ravalement de leurs façades, mais à l'intérieur, les appartements ont été retapés de façon à remplir toutes les conditions d'un appartement moderne, avec un décor respectant toutes les normes d'un logement digne de ce nom. Les appartements avaient coûté des sommes importantes à leurs occupants, c'est d'ailleurs cet investissement qui taraude l'esprit des bénéficiaires de ce site qui a provoqué leur ire, étant donné que tout ce qu'ils avaient comme économies ont été investies dans les travaux et les finitions de leurs appartements pour que ces derniers soient habitables.
Dans le même sillage, les habitants comme Mohamed Bendali et Hocine Boulahlib ne sont pas près de laisser leurs appartements qui, disent-ils «nous appartiennent en termes de droit pour accepter d'être recensés dans la liste des relogés dans le cadre de l'habitat précaire, voire considérés comme des gens qui ont squatté des espaces en les transformant en des bidonvilles», tient à préciser Mohamed Bendali et le groupe de locataires du site «Pitavi».
La wilaya d'Alger a été saisie de l'affaire du site «Pitavi» et la situation des locataires qui font face à un sérieux ballottage sans que cela soit une fois pour toutes réglé. La direction du logement de la wilaya d'Alger avait tranché cette question en déclarant le site comme propriété appartenant aux bénéficiaires des 450 logements. Les locataires sont munis de leurs décisions et justifient que «le site sur lequel sont érigés les immeubles nous appartient en notre qualité de locataires détenant des documents en bonne et due forme, prouvant ainsi que nous ne sommes pas concernés par la démarche entreprise par l'APC de Birkhadem consistant à nous reloger avec les gens qui occupent les bidonvilles dans le cadre de l'habitat précaire», préciseront Hocine Boulahlib et ses voisins du site.
Pour la majorité des bénéficiaires des 450 logements, le site «est l'objet d'une convoitise de la part de certains qui veulent se débarrasser de nous dans le cadre de ce mouvement de relogement touchant les concernés par l'habitat précaire et les bidonvilles pour s'emparer de l'assiette foncière, sachant que les lopins qui restent à Birkhadem sont très prisés et leur prix est très élevé dans le marché des transactions immobilières», mentionne Mohamed Bendali.
Les pouvoirs publics sont interpellés par les habitants
Les locataires du site «Pitavi» font face à une situation des plus lamentables; ils habitent dans des immeubles dépourvus d'électricité, de gaz et d'eau. C'est dire que les collectivités locales font dans la marginalisation de ce site et de ses locataires pour qu'ils ne puissent pas avoir le statut d'un site viabilisé et du coup la régularisation serait entérinée de facto, ce qui donnerait lieu au maintien et la sauvegarde de ces familles qui y habitent depuis deux décennies et aussi d'éviter de les confondre avec les bidonvilles qui ont élu domicile autour du site.
Le drame s'est amplifié par le laisser-aller des autorités communales qui permettaient aux étrangers de la commune d'ériger des bidonvilles en plein jour au vu et au su des pouvoirs publics sans se soucier outre mesure.
D'ailleurs, ce mouvement de la bidonvilisation du site se poursuit à nos jours où l'on constate un groupe de jeunes ramenant des étrangers en leur proposant la construction de baraques en utilisant un Poclain où il est mentionné «Poclain à louer», alors qu'il sert à creuser dans l'endroit qui sera vendu à 100 millions de centimes sans que cela trouve une force publique qui lui mette un terme.
Toute cette opération juteuse profite à ceux qui veulent bénéficier de logements sociaux du côté de la commune de Douéra et de Zaâtria, selon les mêmes locataires du site «Pitavi».
Donc, le drame est doublement consenti par les habitants du site qui font face à l'expansion galopante des bidonvilles dans la perspective de se voir reloger à moindre frais et jouer aux trouble-fêtes vis-à-vis des véritables résidents du site.
Il est inconcevable, selon les dires des bénéficiaires du site des 450 Logements possédant des appartements F5, d'accepter ce fait accompli exercé par les autorités communales de se voir déloger de leurs appartements qui ont été payés rubis sur l'ongle.
Les habitants du site «Pitavi» exhortent les pouvoirs publics à être attentifs quant à leur situation qui n'est pas du tout celle dont le relogement où la précarisation constitue le motif pour les incorporer dans des listes de relogement dans le cadre de la politique de l'Etat consistant à éradiquer l'habitat précaire et les bidonvilles. Les habitants du «Pitavi» précisent qu'ils «acceptent toutes les formules possibles relevant des projets initiés par la tutelle chargée de la réalisation des logements, à savoir le ministère de l'Habitat, de l'Urbanisme et de la Ville.
Les pouvoirs publics sont appelés à s'atteler à cette affaire qui concerne 2000 familles qui risquent de se voir sacrifier sur l'autel d'un relogement pour lequel elles ne sont pas concernées et ne font pas partie de la catégorie qui a squatté des espaces en les transformant en bidonvilles à ciel ouvert.


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