Algérie

Le calvaire d'un ancien moudjahid



Le calvaire d'un ancien moudjahid
Admis à l'hôpital Mustapha pour soigner une infection capillaire, Tounsi Mohamed a subi un bombardement par des rayons, qui lui ont détruit le cuir chevelu. Il demande réparation à l'Etat français.La démarche incertaine, béret sur la tête et canne à la main, Tounsi Mohamed, ancien moudjahid, en a gros sur le c?ur. En se présentant à la rédaction d'El Watan, il a voulu lever le voile sur un pan de sa vie qui lui a valu bien de souffrances physiques et morales. Il a voulu aussi dénoncer le fait qu'il avait servi de cobaye au système colonial français, en l'exposant à des radiations radioactives bien avant les premiers essais nucléaires dans le Sud algérien, à Reggane plus exactement, le 13 février 1960.Et ils sont nombreux dans son cas, selon ses dires. «En 1948, je n'étais qu'un enfant de 8 ans, scolarisé à l'école primaire de la rue du Soudan à La Casbah d'Alger au niveau cours élémentaire. J'ai contracté la teigne, une maladie du cuir chevelu. A l'époque, nous les Algériens on traitait cette affection avec une pommade à base d'ail et d'herbes. Le directeur de l'école, M. Agier, obligea mon père, illettré, à m'emmener à l'hôpital Mustapha pour y être soigné. Je ne pouvais réintégrer ma classe que sur présentation d'un certificat médical dudit hôpital, attestant que j'avais subi un traitement adéquat», raconte-t-il. Mais il était loin de se douter qu'en guise de soins, il va subir «un bombardement par des rayons» qui lui ont détruit le cuir chevelu et les cheveux jusqu'aux racines.Ce diagnostic lui a été confirmé par un certificat médical du Pr Ysmaïl Dahlouk, ancien chef de service de dermatologie à l'hôpital Mustapha. Soudain, il marque un temps d'arrêt et ses yeux se voilent : «On m'a volé mon enfance et mon adolescence, ma jeunesse ; en somme, toute ma vie. J'en souffre depuis 65 ans?» Pour exorciser la douleur qui l'accable, il nous montre deux photos prises en 1948, à l'école primaire, avant les séances de radiothérapie et après la destruction du cuir chevelu et des cheveux.Les dégâts ont été terribles sur son moral et sa santé, avec l'ablation d'une tumeur sur le cuir chevelu, les regards moqueurs d'autrui et surtout les refus de l'embaucher sous prétexte que les séquelles sur sa tête dérangeaient les gens et provoquaient une mauvaise réaction sur la clientèle. Sur le plan personnel, sa vie sentimentale a été affectée et il a constaté des troubles psychologiques chez ses enfants. Dans une lettre, il qualifie cette situation de «crime contre l'humanité et je demande réparation à l'Etat français».




Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)