Algérie

Le calvaire continue Affaire des 5000 policiers révoqués



Le calvaire continue                                    Affaire des 5000 policiers révoqués
Ayant été arbitrairement limogés au cours de la décennie noire pour la plupart, les policiers révoqués réclament leur réhabilitation et leur réintégration.
Ce sont les porte-parole de plus de 5000 ex-fonctionnaires de la Sûreté nationale répartis sur tout le territoire national, membres de la Coordination des policiers révoqués abusivement (CPRA), parmi lesquels une centaine de Constantine, qui se sont rapprochés de notre bureau pour dénoncer, selon eux, «l'arbitraire dont nous avons été les victimes toutes désignées durant la décennie noire». Ils se déplacent tous les 15 jours depuis le 4 février 2011 à Alger pour observer un sit-in cyclique devant la DGSN, en plus des requêtes qu'ils adressent régulièrement à la DGSN, au ministère de l'Intérieur, à la CNCPPDH (commission des droits de l'homme), au Parlement, au Premier ministre et au président de la République lui-même (dont nous détenons des copies), pour revendiquer leurs droits à la réintégration et à la réhabilitation.
«Nous ne méritons pas d'être traités avec ce mépris dans notre propre pays ; qui va nous entendre '», s'interroge le secrétaire national de la coordination, Abdenour Benmeddour, qui a tenu à souligner «le caractère irrégulier et illégal de ces révocations, dont la plupart ne reposent sur aucun fait avéré». Toutes ces instances disent avoir transmis le dossier au ministère de l'Intérieur qui le détient depuis le 7 mars dernier. Entre-temps, ces ex-fonctionnaires de la Sûreté nationale se retrouvent dans le dénuement le plus total. «Seule notre dignité nous empêche de tendre la main», martèle-t-il. De plus, explique-t-il, la plupart d'entre nous ont été acquittés par la justice. «J'étais officier et j'ai été arbitrairement détenu pendant 27 mois à la prison d'El Harrach où j'ai subi la torture (il en garde de graves séquelles aux jambes), pour finir avec un acquittement. Mais paradoxalement, j'ai perdu mes droits à cause de la loi sur les dédommagements qui n'a été promulguée qu'en 2011, par rapport à mon cas qui date de 1999», s'insurge-t-il.
Quant à son ex-collègue, qui est chargé de la communication de la coordination, Maâmar Meddour, il a fait l'objet, toujours durant la décennie noire, d'une révocation directe sans aucune forme de procès, pour «corruption». Voici ce qu'il nous déclare à ce propos : «Si je suis un corrompu, pourquoi ne m'a-t-on pas présenté à la justice ' Toute cette affaire relève d'un règlement de comptes. Conformément aux instructions, j'ai saisi la marchandise d'un vendeur informel à la rue du 19 Juin (ex-rue de France), lequel m'a accusé de corruption. J'ai été limogé sans aucune enquête, sans que la justice ait été saisie. Comment peut-on être révoqué ainsi sans enquête judiciaire et en plus pour une affaire de corruption ' La justice même du pays a été bafouée par des gens qui n'ont jamais rien respecté dans ce pays.» Ecoutons encore l'histoire bouleversante de Fatiha Bourahil, une ex-inspectrice, aujourd'hui complètement brisée : «J'étais en compagnie de ma collègue qui a été assassinée sous mes yeux par des terroristes.
Le choc que j'ai subi était tellement grave que j'ai dû me faire soigner en psychiatrie. Tous les congés que j'envoyais à ma hiérarchie à Constantine étaient tous dûment établis par mon médecin traitant ; lorsque ce dernier m'a délivré l'autorisation de reprendre mon travail, je me suis retrouvée limogée, sans même passer par une commission, et ce, en faux avec la note de service n°17/89 du 30-08-89 de la direction générale de Constantine dont les dispositions prennent en compte la régularité de ma démarche.» Aujourd'hui, ce sont plus de 5000 ex-fonctionnaires de la Sûreté nationale qui ne peuvent et qui ne veulent baisser les bras. Ils attendent désespérément une réponse du président de la République. «Si on refuse de nous écouter, nous entamerons une grève de la faim illimitée», menacent-ils. Selon une source sécuritaire, une centaine de policiers auraient été réintégrés dans des entreprises économiques. Mais quel est le sort réservé au reste '


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