Le calice jusqu?à la lie
L?espace public, à force de laisser-aller, d?insouciance, de démission préjudiciable, a fini par rendre l?âme. Clochardisé à l?excès, il subit des attaques permanentes qui le dégradent. Le citoyen, longtemps abreuvé de la néfaste théorie du « beylic », adopte des attitudes, des comportements qui lui donnent la certitude d?évoluer en territoire conquis. Que d?excès constatés quotidiennement. Que de manquements à la règle. L?espace public est un exutoire. C?est tantôt le lieu de toutes les turpitudes et incohérences, se transformant en véritable cour des miracles. Il plante une espèce de méconnaissance avouée ou inavouée préméditée ou spontanée qui consiste à vouloir n?en faire qu?à sa tête, satisfaire des intérêts bien particuliers. Les exemples ne manquent pas qui dénotent cette absence de perception quasi congénitale de ce qu?est en réalité un espace public. Un quidam accapare un tronçon de la voie publique et le transforme en parking privé. Un autre obstrue une ruelle ou un passage, forçant les piétons à rebrousser chemin. Un citoyen dépose ses gravats et sacs de sable en plein milieu de la chaussée et pour longtemps. La gêne est manifeste. Mais que peut-on y f aire ? Il y en a qui se débarrassent allègrement d?un attirail « dantesque » fait de bric et de broc : vieilles baignoires, antiques cuisinières, vieux matelas puants, sommiers rouillés, chaises et autres meubles usés jusqu?à la corde que l?on abandonne en pleine rue, comptant sur les services de nettoyage pour faire le sale boulot. Il y a une insouciance et un manque de civisme qui fermentent outrageusement par défaut de riposte salutaire. Les mauvais plis ont la dent dure, surtout quand ils sont lubrifiés depuis des lustres par un sentiment de démission. L?environnement en pâtit. Sale, sordide et repoussant.
Posté Le : 30/10/2004
Posté par : sofiane
Ecrit par : Mohamed B.
Source : www.elwatan.com