Algérie

Le Caire (re)plonge dans un autre cycle de répression


Les affrontements, qui ont éclaté hier à  l'aube, se sont poursuivis jusqu'en début de soirée aux alentours du palais du gouvernement puis à  la place Tahrir avec la même intensité, causant ainsi de nombreux blessés parmi les manifestants. La police militaire, qui gère le dossier sécuritaire, a fait usage de bombes lacrymogènes, de cocktails Molotov et jets de pierre contre les manifestants. Le feu a pris dans une partie du siège du Conseil des ministres. Le député nouvellement élu, Amr Hamzaoui, parle «de blessés par balle réelle». Tout a commencé dans la nuit de jeudi à  vendredi lorsque la police militaire a tenté de déloger par la force les protestataires. Alors que les manifestants, qui avaient pris possession des lieux depuis une dizaine de jours pour protester contre le Conseil militaire, dormaient sous leurs tentes, les éléments de la police militaire lançaient des pierres à  partir du toit de l'immeuble du Premier ministère contre les «occupants» des lieux. D'autres éléments de la police militaire ont brûlé les tentes des manifestants. Le nouveau ministre de l'Intérieur avait pourtant assuré qu'on n'allait pas déloger de force les manifestants. La tension est très vive. Les scènes de répression rappellent celles de janvier. La police militaire a procédé à  des interpellations arbitraires, et ce, avec une rare violence. De violentes interpellations Des images de militantes brutalisées, matraquées et traînées à  même le sol font le tour des chaînes satellitaires et des réseaux sociaux et ont suscité émoi et indignation. L'ancien directeur général de l'AIEA, Mohamed El Baradei, a dénoncé ce qu'il a qualifié de «répression sauvage et barbare. Si le sit-in des manifestants est illégal, est-il normal que l'on charge les gens avec une telle sauvagerie et barbarie ' C'est contraire aux règles de base de l'humanité. Ce n'est pas comme cela que l'on gère les nations», a-t-il déclaré. M. El Baradei s'est demandé si vraiment le Premier ministre jouit des prérogatives présidentielles, comment la police militaire se permet-elle un tel dérapage ' Où est le sens de la responsabilité ' Où est la crédibilité ' Il a interpellé également les membres du Conseil consultatif nommé récemment par l'armée. Deux membres dudit conseil, Moetez Abdelfetah, et le représentant du parti des Egyptiens libres, Ahmed Kheiri, ont annoncé leur démission du Conseil consultatif suite à  la répression. De son côté, le Mouvement de 6 avril a adressé un ultimatum au gouvernement et au Conseil militaire de faire cesser la répression et menace de descendre «par millions dans toutes les rues du pays». Le mouvement a dénoncé une «attaque inacceptable contre des blessés de la révolution et des parents de martyrs». «Nous n'allons pas nous laisser faire et s'ils pensent qu'ils vont nous faire taire par la violence, ils se trompent.» Alors que la situation risque de prendre une tournure dangereuse, le gouvernement de Kamel El Ganzouri se mure dans un silence assourdissant. Le chef suprême des forces armées, le maréchal Hussein Tantaoui, lui, s'est contenté d'ordonner de prendre en charge les blessés dans des hôpitaux militaires. De nombreuses figures politiques telles que le célèbre journaliste Hamdi Kandil et le fondateur de Kifaya, George Isshak, ont déposé plainte contre le Conseil militaire. A l'heure où nous mettons sous presse, les affrontements se poursuivent à  la place Tahrir. Le Caire court le risque de sombrer dans un nouveau cycle de violences semblable à  celui de novembre dernier.
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