Algérie

«Le cadre institutionnel est défaillant»


C'est du moins le constat qu'ont dressé nombre d'experts et de chefs d'entreprises publiques et privées lors d'un think tank organisé par le journal Liberté, hier à  Alger. «Il y a une défiance entre les opérateurs et l'Etat. Il n'y a pas de création d'institutions suffisamment efficaces. Le cadre institutionnel est défaillant», a soutenu, lors des débats, Abdelkader Djeflat, président du conseil scientifique international Maghtech et professeur à  l'université de Lille (France). Selon lui, le système national d'innovation demeure «fragmenté» et son «efficience n'est pas à  la hauteur». L'innovation doit passer par l'évolution de l'appareil juridique, le renforcement des capacités effectives des entreprises à  innover et la constitution de pôles de compétences…, rappelle M. Djeflat, citant une étude réalisée, en 2007, traitant de l'évaluation des politiques et programmes d'innovation sur l'industrie nationale. Peu de choses ont été réalisées. «Nous avons fait des propositions que l'on n'a pas globalement pris en compte», se plaint-il.
Pour sa part, Mohamed Benini, président d'Algex, déplore la surabondance d'organismes publics et de textes législatifs dont les résultats ne sont pas satisfaisants. A l'écueil du manque «d'informations» s'ajoutent les restrictions sur les «libertés d'initiative», affirme-t-il.
A son tour, le consultant Hocine Hadjiat a évoqué le problème «d'attraction des compétences». «L'Algérie a investi seulement dans les centres de recherche et développement implantés dans les universités. Alors qu'il y a eu peu d'efforts pour les ingénieurs au sein des entreprises. Les centres techniques, en France, attirent alors qu'en Algérie, le problème reste celui de l'attraction des compétences», dit-il.
Président du Forum des chefs d'entreprises (FCE), Rédha Hamiani a estimé, quant à  lui, que «malgré les textes adoptés et le volontarisme de l'Etat, l'entreprise algérienne est exclue» du processus. Contrairement à  d'autres pays, la diaspora algérienne n'est pas intégrée, selon lui. Il regrette que les programmes de mise à  niveau des entreprises n'aient pas pris en considération l'aspect innovation comme vecteur de croissance. Pour M. Hamiani, seule «une révolution politique» est nécessaire pour changer les choses. «Sinon, on n'ira pas loin», tranche-t-il.
Un avis partagé par l'économiste Abdelmadjid Bouzidi : «Dans une économie comme la nôtre, sans aucune contrainte d'efficacité, à  quoi cela sert-il d'innover ' Le retard est considérable.»
Un peu plus loin, M. Bouzidi clame sa conviction : seule une culture démocratique est à  même de sauver l'économie nationale.
«Le préalable au nouveau régime de croissance, où l'innovation aura sa place, est la réforme politique», a conclu l'ancien conseiller économique de l'ex-président Zeroual. En résumé, les intervenants ont insisté sur la nécessité de «sortir de l'économie de la rente vers la rente de l'innovation».
 
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