Le problème de l'immigration clandestine et ses données est une panoplie machiavélique avec des faces terrifiantes. La mer méditerranéenne se gave de cadavres et elle est devenue un ogre insatiable qui réclame sans cesse encore plus de chair humaine. S'arrêter seulement sur le dernier bilan des 900 Subsahariens engloutis au large de la Libye cette semaine est une légère parade de mauvaise conscience car le décompte serait loin de la réalité d'un paradoxe dont seule la déraison humaine serait capable. Ceux qui crient offusqués leurs émotions devant ce nouveau drame humanitaire, échafaudent en même temps des murs en béton et enracinent des barbelés pour tourner le dos à la misère humaine. Il n'y a pas pire enterrement sans messe.Plus l'Europe se recroqueville sur elle-même et plus la tentation d'émigrer s'amplifie. Plus les barrières s'érigent et plus le chant des sirènes devient audible. La terrible inconséquence des Etats occidentaux est qu'ils attisent le feu à mille lieues de chez eux pour ensuite s'étonner quand les flammes s'attaquent à leurs portes pour réveiller leur conscience.Mais affirmer aussi que les guerres et les tensions sont à la source de l'immigration clandestine est une donnée simpliste. Ceux qui s'engagent dans l'aventure décriée au péril de leur vie ne sont pas dans leur majorité de la Libye et de la Syrie. Ils sont originaires pour la plupart de coins encore plus reculés où pourtant le ciel n'est pas embué par la fumée des conflits. La mal-vie et le désespoir sont le produit du miroitement déformé des bienfaits erronés des civilisations avec le lot des colonisations.Le lourd croisement des volontés d'hier prétendues civiliser les continents par la force et par les invasions avec les indépendances mal assumées d'aujourd'hui est le terreau incontestable d'un phénomène mondial aux allures de revanche de l'Histoire. Depuis la mise en place du cadenas de Schengen jamais les suicides forcés n'ont été aussi nombreux.Fidèle à elle-même et mère nourricière à travers les siècles de cette grande Histoire mouvementée, la Méditerranée ne serait plus que le tombeau des désespérés. Faute de solidarité humaine bénéfique pour tous, elle se confine à allaiter les drames au lieu de prodiguer de la sérénité pour tous.
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Posté Le : 21/04/2015
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : M Abdou BENABBOU
Source : www.lequotidien-oran.com