Algérie

Le cadavre encerclé



On l'a deviné sitôt que le premier obus de l'OTAN s'abattit sur le sol libyen : les forces alliées occidentales n'allaient pas larguer une démocratie héliportée à  un peuple assoiffé de liberté sous la botte du tyran El Gueddafi. On savait aussi que ces vendeurs de rêves, américains, français et britanniques, n'ont pas envoyé leurs corps expéditionnaires pour les beaux yeux des Libyens, subitement devenus sujets de crainte des Occidentaux. On savait surtout que Dieu a été particulièrement généreux à  l'égard de ce peuple en lui offrant des richesses aussi inestimables qu'intarissables. Mais cette offrande fait saliver d'envie les nouveaux conquistadors qui souhaitaient y prendre leur part. De grosses parts, si possible. Il fallait donc inventer une guerre préventive – risque de massacres des civils de Benghazi – pour prendre pied dans cette terre si nourrissante. C'est désormais chose faite et avec les compliments du «machin» onusien. A coups de Mirages, F15 et autres Tomahawk, la Libye n'est que champ de ruines…  Il va falloir donc tout reconstruire.
Et pour ce faire, il n'y a pas meilleurs entrepreneurs que les destructeurs eux-mêmes… Ironie du sort, le scénario irakien se vérifie en Libye avec une reconstitution quasi chirurgicale des faits. Hillary Clinton est allée hier bronzer pendant quelques heures à  Tripoli. Mais cela valait la peine de se rassurer sur le butin de guerre qu'amasseraient les entreprises américaines, comme ce fut le cas en Afghanistan et en Irak. On a presque envie de rire en entendant Hillary Clinton dire aux Libyens que le «futur vous appartient». Mais auparavant, elle s'était assurée auprès des responsables du CNT, surtout du ministre des Finances et du Pétrole, Ali Tarhouni, qui tient les robinets et les cordons de la bourse. Une semaine plus tôt, ce fut Sarkozy qui dépêcha à  Tripoli et Benghazi une «escouade» d'hommes d'affaires du CAC 40 pour aller siphonner le maximum de milliards de dollars. Le ministre britannique des Affaires étrangères, William Hague, a fait lui aussi un crochet par la Libye au même titre que l'Italien Marco Frattini. 
Alliés dans les bombardements et la destruction de l'infrastructure de ce pays, les Etats-Unis, la France, le Royaume-Uni et l'Italie vont, en effet, ferrailler pour la reconstruction. La Libye ressemble aujourd'hui à  un cadavre encerclé par une armée de vautours qui attend de lancer l'assaut. Et à  ce jeu-là, c'est le premier arrivé qui est bien servi. Ce chassé-croisé des responsables occidentaux témoigne d'une certaine fébrilité dans la course aux pétrodollars libyens, surtout dans ce contexte de crise financière aiguë. Une course-poursuite qui s'engage, alors même que des dizaines de Libyens meurent quotidiennement à  Syrte et à  Bani Walid. Hillary Clinton n'a pas hésité à  saluer hier la «victoire». Elle n'a cependan pas précisé laquelle… La sienne peut-être ' Sans doute.


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