Algérie

Le business florissant du hidjab



Le business florissant du hidjab
Des magasins très courusCet accoutrement importé d'ailleurs fait incursion dans la société algérienne au point de phagocyter le haïk d'Alger, la robe kabyle, la aâbaya de l'Ouest et la m'laya de l'Est.Il est peut-être dit quelque part que l'Islam c'est de l'argent... mais pour ceux qui savent s'en servir. Du marché du hallal à celui du hidjab, on en brasse des milliards de dollars. Pour l'heure, l'Algérie se met au hidjab. Une virée dans les rues d'Alger renseigne à quel point ce business est florissant. Premier constat inattendu: ce marché est dominé par les Jordaniens. Rien que dans la rue Larbi-Ben M'hidi, il y a trois grands magasins de hidjabs. Il s'agit de Sadjida, Zahrat Al Khalidj, Kasr Al-Mohadjibat.Le responsable du magasin Zahrat El Khalidj, situé dans la rue Larbi-Ben M'hidi, a indiqué qu'il a ouvert sa boutique à Alger depuis septembre 2008, quand des clients et touristes algériens l'ont sollicité pour venir investir en Algérie dans la commercialisation de ce vêtement islamique. «Certains touristes et clients algériens m'ont encouragé à venir ici en Algérie en me disant que le marché algérien est un marché prometteur qui regorge d'opportunités dont je dois en profiter.» Ce gérant a ouvert en 1989 à Amman une grande usine de production de cet habit «charii».A Alger, son affaire semble très bien marcher et ce grand confectionneur de hidjabs a ouvert encore trois autres boutiques à travers le pays: une à Bab El Oued (Alger), une autre à Oran et bientôt une troisième à Blida. Ces trois boutiques sont gérées par des Jordaniens, mais les vendeurs sont tous Algériens. Il fait travailler, d'après lui, une vingtaine de jeunes Algériens. Notre interlocuteur indique qu'il cible une clientèle précise: les femmes mariées. Celles-ci ont une préférence pour ce qui s'appelle «aâbaya». En forme de longue robe, avec un désign très créatif qui coûte entre 4500 à 12.000 DA. À proximité de la boutique Zahrat El Khalidj, une autre boutique spécialisée dans la vente de ce vêtement «charii», qui porte le logo Kasr Al-Mohadjibat.Une entreprise dont le gérant est également Jordanien, Rassil, basée également à Amman.Les géants du pays du GolfeDans ce magasin, le responsable crée ses modèles, lui-même à la demande des clientes. «Elles ont la possibilité de commander des modèles spécifiques à elles, et le responsable fait le désign qu'elles souhaitent», a précisé le vendeur. Chose qui, selon lui, permet à ces femmes d'avoir des vêtements qui correspondent à leur goût, mais surtout leur permet d'avoir une pièce unique qui n'est pas portée par tout le monde. Quant au prix du hidjab, ce dernier oscille entre 4000 et 7000 DA. De nombreuses boutiques, appartenant au même patron jordanien, ont été ouvertes, notamment à Djelfa, Oran, Laghouat, Annaba et Constantine. Un dense réseau de vente dominé par les Jordaniens. Près de 20 millions de femmes à habiller, des centaines de millions de dollars à ramasser. Un véritable filon pour ces grands confectionneurs venus du pays du Golfe pour conquérir et profiter du grand marché algérien. Désarmés, matériellement diminués, des jeunes Algériens tentent de disputer quelques miettes aux géants du pays du Golfe.Quand les Chinois se mettent au hidjabAvec le dispositif de l'Ansej, «plusieurs jeunes ont créé des ateliers pour confectionner le 'libass charii'', mais en imitant des étiquettes de marques jordaniennes, parce que les clientes n'achètent pas le produit local», a-t-il révélé. Notre virée algéroise nous a révélé également que le vêtement islamique de l'époque «le nikab» a disparu pour laisser place au hidjab «fashion». Luxe, élégance, haute couture, le hidjab est devenu une tenue très tendance, voire fashion. Ce n'est plus la «jalaba noire» qu'on voyait il y a 10 ans. Le hidjab est sorti de son ghetto pour se mettre en valeur.La mode a aussi conquis le vêtement islamique. Les filles peuvent, désormais, être coquettes tout en portant le hidjab. Il y a de tous les styles et pour tous les goûts. Qualité du tissu, un design très créatif qui répond aux attentes des clientes, un vrai travail de grands stylistes.Pour en savoir plus sur «l'invasion» du style des pays du Golfe mais aussi ceux de la Turquie, le marché algérien, le porte-parole de l'Union générale des commerçants et artisans algériens, Boulenouar Hadj Tahar, a indiqué que «la forte demande pour cet habit et l'incapacité de la production locale de satisfaire cette demande ont conduit à une ruée vers l'importation». «On ne produit pas plus de 15% du marché, c'est pourquoi la majorité de nos habits sont importés», a-t-il ajouté. Il a, en outre, fait savoir qu'il existe quelques ateliers pour confectionner le hidjab «mais ceux-ci ne dépassent pas les 15% pour la fabrication nationale», a précisé M.Belanouar. Les plus grands fournisseurs du marché algérien, selon notre interlocuteur, du hidjab étaient les Syriens, ensuite arrivent les Turcs en deuxième position et enfin les pays du Golfe. Il a également cité les Chinois qui ont commencé à profiter de ce nouveau business.Après les événements en Syrie, «les commerçants algériens ne s'approvisionnent plus là-bas. Ils se sont rabattus vers la Turquie, ou la Jordanie», a-t-il précisé, tout en faisant savoir que la moitié des sociétés de fabrication syrienne de hidjab se sont déplacées en Turquie et l'autre moitié en Jordanie. Pour ce qui concerne la raison pour laquelle le marché algérien s'est tourné vers l'importation, M.Boulenouar, a expliqué que «ces pays ont eu depuis toujours la culture du hidjab. Ils ont une longue expérience en ce qui concerne la satisfaction du besoin des consommateurs», a-t-il ajouté. Concernant la faiblesse de la production nationale, notre interlocuteur affirme que cela est dû au manque d'encouragements de la filière textile.«Le manque de marketing dans notre pays ainsi que d'autres moyens d'encouragement et d'accompagnement, le made in Algeria, peine à se faire connaître», a-t-il conclu.Tout a commencé au début des années 1980 avec l'apparition de l'islamisme. Les partisans de la gauche foncièrement opposés au courant islamiste appelaient cela: la phase d' «accumulation capitaliste» du mouvement islamiste algérien. Les pionniers vers le Levant musulman se sont mis à rapporter d'abord des produits orientaux en même temps que les livres, les parfums et autres pacotilles pakistano-arabes. Ces produits étaient écoulés principalement près des mosquées ou dans les boutiques de lingerie féminine qui appartiennent pratiquement toutes aux islamistes.Cette accumulation a servi dans un premier temps à financer les premières actions sociales du FIS dissous et autre Hamas avant même leur création. La région de Blida, tenue par le défunt cheikh Nahnah, était réputée pour ce genre d'opérations.De fil en aiguille, le hidjab est devenu un véritable business. Dépassant les frontières, il est en passe de conquérir d'autres contrées. Paris, la capitale mondiale de la mode s'y met. De nombreux couturiers parmi les plus importants au monde vont, cette année, décliner le voile islamique, comme ils disent,....sous toutes ses formes. On n'arrête pas le progrès fût-il voilé.




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