Algérie

Le Burkina pris dans une spirale de violence


Des témoignages recueillis par l'ONG Human Rights Watch accusent les autorités d'exécutions extrajudiciaires. Mais Ouagadougou les a rejetées, attribuant ces assassinats aux terroristes affiliés à Al-Qaïda.Des fosses communes contenant au moins 180 corps, majoritairement des Peuls, ont été découvertes dans le nord du pays, dans la ville de Djibo, au cours de ces derniers mois, a indiqué hier un rapport détaillé de l'ONG Human Rights Watch, mis sur son site.
L'organisation de défense des droits humains, se basant sur plusieurs témoignages précis, n'exclut pas l'implication des autorités du pays dans ces massacres à grande échelle commis entre 2019 et 2020. "Des preuves disponibles suggèrent l'implication des forces de sécurité du gouvernement dans des exécutions extrajudiciaires massives", ont écrit les rédacteurs de ce document, appelant l'ONU à exiger des comptes des responsables burkinabés.
"Les habitants de la ville de Djibo qui ont vu les corps ont déclaré à Human Rights Watch que la plupart des personnes, tous des hommes, avaient été exécutées entre novembre 2019 et juin 2020 laissées en groupes de 3 à 20 le long des routes principales, sous les ponts ou dans les champs et les terrains vagues dans un rayon de 5 km du centre de Djibo", lit-on dans le rapport de Human Rights Watch. Selon les déclarations recueillies par l'ONG, "des restes de personnes sont à ce jour pas encore enterrés". Human Rights Watch croit savoir, d'après les déclarations des habitants de la ville, que la plupart des victimes étaient "identifiées comme étant des Peuls, à travers leurs vêtements et leurs caractéristiques physiques.
Plusieurs habitants ont déclaré qu'ils connaissaient de nombreuses victimes", affirme l'ONG. Les autorités du Burkina Faso doivent découvrir de toute urgence qui a fait de Djibo un "champ de bataille", a déclaré Corinne Dufka, directrice du Sahel à Human Rights Watch. "La plupart des informations recueillies renvoient vers les forces de sécurité gouvernementales, il est donc essentiel de mener des enquêtes impartiales", a-t-elle ajouté. Pour son enquête, l'ONG a interrogé plus de 20 personnes de la ville de Djibo. "Toutes ont affirmé avoir vu les corps des personnes exécutées par les forces gouvernementales", indique le rapport.
Mais la thèse "islamiste" n'est pas non plus exclue. Le Burkina Faso en proie aux violences terroristes a subi ces derniers mois plusieurs attaques attribuées à Al-Qaïda visant indistinctement les forces de sécurité et les civils. À partir de 2016, des groupes islamistes armés alliés à Al-Qaïda ou à l'Etat islamique ont attaqué des postes des forces de sécurité et des civils dans tout le Burkina Faso, mais principalement dans la région du Sahel limitrophe du Mali et du Niger. Human Rights Watch a documenté depuis 2017 le meurtre de plusieurs centaines de civils par des groupes islamistes armés ainsi que leurs attaques généralisées contre les écoles.
Les autorités du pays ont rejeté, pour leur part, la responsabilité des forces armées dans les massacres de Djibo. Le ministre de la Défense a démenti l'implication de ses forces, tout en s'engageant à "enquêter sur ces allégations et à garantir le respect des droits de l'homme en matière de sécurité".
Dans une déclaration à HRW, il a affirmé que "les tueries avaient eu lieu lors d'une vague d'attaques par des islamistes armés" et a suggéré qu'"elles auraient pu être commises par ces groupes, en utilisant des uniformes de l'armée volés et la logistique", précisant qu'il est parfois "difficile pour la population de faire la distinction entre les groupes terroristes armés et les forces de sécurité".
K. Benamar
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