Algérie

«Le budget 2012 s'équilibre à un prix moyen du baril de pétrole de 140 USD» Lies Kerrar. Président de Humilis Finance



«Le budget 2012 s'équilibre à un prix moyen du baril de pétrole de 140 USD»                                    Lies Kerrar. Président de Humilis Finance
Dans cette interview, Lies Kerrar, président de Humilis Finance, un cabinet de conseil et d'ingénierie financière, nous explique les conséquences de la chute des prix du pétrole sur l'économie algérienne. Il estime, à l'occasion, que ce n'est aucunement une baisse conjoncturelle et/ou de courte durée de prix du baril de pétrole qui est inquiétante, mais notre modèle économique et budgétaire exclusivement basé sur la rente pétrolière qui, de son avis, n'est guère soutenable.
- Après un pic à 128 dollars début mars dernier, le cours du brent coté à Londres a dégringolé de près de 30%, tombant la semaine dernière sous les 90 dollars, au plus bas depuis près d'un an et demi. Le discours officiel algérien commence à admettre la difficulté pour le pays de voir les cours de pétrole baisser plus bas que 90 dollars. Pour vous, quelle sera la conséquence d'une telle baisse sur l'économie du pays et les équilibres budgétaires '

En termes d'équilibre budgétaire, le budget 2012 (tel que publié dans la loi de finances complémentaire 2012) s'équilibre à un prix moyen du baril de pétrole de l'ordre de 140 USD. Si on ne tient pas compte des dépenses d'équipement, le budget de fonctionnement s'équilibre à près de 75 USD le baril. En réalité, ce n'est pas tant une baisse conjoncturelle de courte durée de prix du baril de pétrole qui est inquiétante, mais notre modèle économique et budgétaire exclusivement basé sur la rente pétrolière qui n'est pas soutenable. En termes de réactions à court terme, si la baisse se poursuit durablement, les dépenses d'équipement vont probablement constituer la première variable d'ajustement. Certains projets moins prioritaires pour le développement du pays pourraient être revus ou différés. Les dépenses de fonctionnement sont, elles, moins faciles à réduire à court terme une fois qu'on les a augmentées. Mais ceci n'est qu'un moyen d'ajustement à court terme. Cette conjoncture peut aussi être l'occasion d'un véritable sursaut pour passer de façon déterminée à l'action et conduire les réformes permettant à notre pays de créer de la richesse.

- Plus concrètement, quels seront les recoins de l'économie qui sont les plus exposés aux conséquences d'une baisse drastique des prix du pétrole ' Le pays fera-t-il appel à ses réserves de change synonymes de trois années d'importation ' S'agit-il de la solution la plus appropriée pour faire face à l'impact de la chute des cours de pétrole '

A court terme, c'est probablement le rythme des dépenses publiques en infrastructures qui risque d'être ralenti. Si cela devait être le cas, il serait avisé d'opérer des arbitrages entre les différents projets qui permettraient de maintenir les projets les plus prioritaires pour la diversification de notre économie. L'autre critère serait l'impact sur les entreprises algériennes et l'emploi local. Si certains projets devaient être retardés dans cette conjoncture, l'impact immédiat sur l'emploi local devrait être l'autre critère d'arbitrage. Je ne sais pas par contre si nous avons les mécanismes et les outils analytiques pour faire ces arbitrages. Pour ce qui est des réserves de change, il faut comprendre que ce montant n'est pas de l'argent disponible que l'on peut rapatrier pour combler nos déficits. Au niveau budgétaire, notre réserve est le fonds de régulation des recettes. Les réserves de change constituent en gros la différence entre nos exportations d'hydrocarbures et nos importations que l'on a accumulées au cours des dernières années.
Si les revenus d'exportation d'hydrocarbures baissent et nos importations continuent à augmenter, ces réserves de change vont simplement diminuer. Ces réserves de change permettent de payer nos importations pendant quelques années. Cependant, notre défi est de transformer notre économie pour qu'elle crée de la richesse. Cela prendra du temps et les actions que nous entreprendrons aujourd'hui ne donneront des résultats sur notre balance des paiements que dans plusieurs années. En un mot, nous avons besoin de nous retrousser les manches et travailler dès à présent.


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