Le brevet et les profondeurs de la vie active

Plus de 800.000 élèves affrontent à partir d'aujourd'hui les épreuves du brevet. De mémoire, jamais auparavant les parents des candidats n'avaient autant consacré une attention aussi poussée et aussi remarquée à leurs enfants en prodiguant moyens, présence et un énorme suivi. Leurs inquiétudes ont atteint un cap si élevé qu'il est aisé de déduire qu'ils se sont intégrés avec force et espoir dans le dédale des préoccupations lourdes du monde d'aujourd'hui. Fait notable, on remarquera une similitude entre de plus en plus d'enfants algériens et les écoliers japonais ou sud-coréens qui avalent plus de seize heures de scolarité par jour.L'avancée en rangs serrés des enfants et de leurs parents à la conquête des diplômes est démonstratrice d'une prise de conscience renforcée et d'un état d'esprit conforté pour signifier que le savoir et la réussite scolaire sont aujourd'hui des armes primordiales pour se frayer un chemin dans la vie.
L'ancien confort de l'assistanat et du compter sur les autres ne paie plus. Le bien-fondé d'un individualisme, par ses aspects sains, donne lieu à un caractère de compétition. On comprend de mieux en mieux que le marché du travail s'avère plus sélectif qu'avant et répond de moins en moins à l'intrusion des connaissances et des amitiés pour ouvrir ses portes. De même qu'être gardien ou agent de sécurité n'est plus un palliatif de subsistance ni un profil utile pour fonder une famille.
L'ère du tout emploi est révolue et on a enfin compris que l'Etat n'est plus le sésame généreux qu'il était au temps de la nonchalance et de l'indolence.
Plus tard, il restera à affronter les profondeurs de la vie active modelées par le parcours sinueux et souvent revêche de l'économie en perpétuelle mutation obligeant l'acteur humain à céder sa place à la machine et au robot. Fort heureusement, l'enfance d'aujourd'hui est en passe de se passer de son adolescence et l'enjamber pour accéder d'un trait à la maturité.