Algérie

Le bout sombre du tunnel



Le bout sombre du tunnel
Un glissement de terrain est un phénomène naturel, comme les séismes, les éruptions volcaniques, les cyclones... On ne peut les empêcher ni prévenir leur survenue sur le long terme, mais les techniques et les moyens de s'en prémunir existent. D'où la responsabilité, totale, de l'homme quand de telles manifestations provoquent des dégâts. Cette vérité établie, il apparaît pour le moins inconcevable qu'un responsable, le ministre des Travaux publics, qui plus est spécialiste dans le domaine, puisse évacuer d'un revers de main cette responsabilité -qui pourrait devenir culpabilité devant la justice- pour mettre le glissement de terrain ayant entraîné la fermeture du tunnel de Djebel Ouahch à Constantine sur le compte de la nature. «C'est un phénomène tout à fait naturel. D'autant que la zone du Constantinois est hautement caractérisée par les glissements. Ainsi, personne ne pourra remettre en cause la qualité des travaux qui répondent aux normes universelles en la matière de par les études préliminaires, d'exécution, d'avant-projet détaillé à chaque niveau où la sécurité est prise en charge», affirmera le ministre. «On peut tout prévoir quand il s'agit d'études techniques et de faisabilité du projet. Mais la nature n'obéit pas aux normes», ajoutera-t-il pour soutenir son propos. Certes, la nature n'obéit qu'à ses règles, mais l'homme les connaît depuis longtemps et il a appris, à ses dépens, ce qu'il encoure quand il ne les respecte pas ou ne les prend pas en compte. Francis Bacon (1561-1626), le père de l'empirisme, disait que la meilleure et la seule manière de commander à la nature c'est de lui obéir. Des études scientifiques récentes ont montré et démontré que les gros ouvrages (barrages, gratte-ciels, forages des mines...) avaient un impact direct sur les mouvements et même les structures des sols. Constantine ne fait pas exception, comme l'a si clairement signifié le ministre. Donc, en toute logique, s'il y a un mouvement du sol, c'est qu'il a été soit provoqué par des travaux, soit mal cerné par les études géologiques sur la base desquelles les travaux ont été entrepris. Dans un cas comme dans l'autre, il y a des responsabilités qui sont engagées. D'autant plus que, dès le début des excavations au niveau des tunnels, le risque de glissement de terrain avait été relevé. Le danger étant signalé, on devait adopter les moyens et les techniques nécessaires pour s'en prémunir ou changer d'itinéraire, ce qui n'a pas été fait. Une commission technique d'expertise sera mise en place en vue d'«analyser les raisons ayant amené cet affaissement de terrain pour entrevoir ensuite les dispositions à prendre», promet le ministre. La question est : qu'est ce qui en sortira ' Est-ce que les responsables seront désignés nommément et seront-ils sommés de s'expliquer ' Est-ce que la justice va être saisie ou s'autosaisira pour examiner cette affaire. Car, cet affaissement de terrain implique des retards et des surcoûts. Le chantier de l'autoroute Est-Ouest qui a déjà ingurgité presque le double de son budget prévisionnel et a un dossier ouvert en justice, va encore voir son avancée freinée et sa facture surévaluée.H. G.




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