Algérie

Le bout du tunnel pour la réforme bancaire '



Au moment où sont passés en revue les acquis et les ratés du gouvernement sortant, voilà qu'est annoncée la prochaine création d'une banque dédiée à l'import-export. Un genre d'établissement financier spécialisé dont les opérateurs algériens, les exportateurs notamment, réclamaient la création depuis longtemps et, surtout, qui s'impose plus que jamais au regard du discours ambiant qui prône la libération de l'économie algérienne de la dépendance aux hydrocarbures.Cheval de bataille de l'Association algérienne des exportateurs (Anexal), dont le président n'a jamais manqué l'occasion de pointer, de façon véhémente pratiquement à chaque fois, l'absence de filiales ou carrément d'une banque algérienne pour accompagner les opérateurs économiques en relation avec l'étranger, la création d'un établissement financier dédié à l'import-export a enfin reçu l'aval de la Banque d'Algérie. C'est ce qu'a fait savoir le président du Conseil national économique, social et environnemental (Cnese) qui, n'a pas manqué de revendiquer la paternité de l'idée dont il a fait part, selon ses dires, au président de la République en janvier dernier. Evidemment, la création d'un tel établissement financier revêt une importance majeure pour les hommes d'affaires algériens qui, maintenant, doivent piaffer d'impatience de voir aboutir cette idée de création d'une banque spécialisée pour l'import-export, puis peut-être voir ne serait-ce que des prémices de l'aboutissement de leur autre revendication majeure : l'assouplissement de la réglementation des changes. En effet, il faut admettre que la création d'une banque spécialement dédiée à l'import-export à elle seule ne suffit pas, du moins tant que les autorités monétaires et financières du pays ne donnent pas plus de détails sur cette institution appelée à se spécialiser dans les questions financières liées à l'import-export. On peut comprendre que le but recherché par la création d'une telle banque est d'offrir aux opérateurs économiques algériens un maillon d'importance indiscutable dans leurs opérations de commerce international, qui se décline en un système bancaire répondant à toutes les demandes des agents économiques qui génèrent malgré tout de la valeur ajoutée pour l'économie du pays et son PIB.
La création d'une telle banque est, à n'en pas douter, une belle idée, mais à la condition que ses initiateurs aillent jusqu'au bout de leur idée et commencent par donner corps aux promesses avancées depuis plusieurs mois consistant à enfin donner les moyens aux banques algériennes de grandir et de ... s'affranchir des tutelles qui ont en fait de simples coffre-fort, en autorisant par exemple certaines d'entre elles, celles qui en ont les moyens, à ouvrir des filiales à l'étranger, comme l'annonçait au début du mois de décembre dernier le ministre des Finances désormais sortant, Aymene Benabderrahmane, qui assurait que des bureaux de banques publiques algériennes seront ouverts à l'étranger, en Europe, dès le début de l'année 2021 avant que cela soit suivi par des représentations en Afrique, courant 2021 toujours. Ceci après avoir fait savoir que deux banques publiques allaient procéder à l'ouverture de leur capital, courant 2021 également, mais sans aller jusqu'à dévoiler les noms des deux banques, concédant tout de même que cette ouverture se fera à travers la Bourse d'Alger. Des annonces qui attendent toujours matérialisation.
La création d'une banque spécialisée dans l'import-export constitue, sans doute, une lueur qui vient ajouter un peu à l'optimisme des opérateurs économiques qui ont vu ces derniers mois une certaine évolution sur la question de la réglementation. Ainsi, en mars dernier, la Banque d'Algérie annonçait des mesures qui font que, désormais, les exportateurs sont autorisés à disposer de la totalité de leurs recettes d'exportations logées dans les comptes devises, pour les besoins de leur activité, d'une part, et sont dispensés de l'obligation des formalités de domiciliation bancaire, les exportations de prestations des services numériques ainsi que celles portant sur les prestations de services des start-up et des professionnels non commerçants, d'autre part. Des modifications introduites dans la réglementation des changes, expliquait la Banque d'Algérie, qui visent non seulement à encourager l'acte d'exportation, en permettant aux exportateurs de disposer de la totalité des recettes en devises générées par leurs activités mais aussi capter, in fine, les intervenants dans le domaine du commerce extérieur des services numériques et en ligne, ainsi que les professionnels non commerçants, en vue de leur intégration dans une démarche d'inclusion financière. Ceci dans l'attente que soient promulguées d'autres dispositions réglementaires qui permettront, par exemple, aux opérateurs d'ouvrir le droit au transfert des devises de l'intérieur vers l'extérieur du pays lors de leurs transactions financières. Des prestations qui pourraient bien être assurées par des banques algériennes d'ici et d'en dehors du territoire national si les autorités du pays décident d'aller au bout de leur idée en autorisant cette fameuse banque dédiée à l'import-export d'ouvrir des représentations à l'étranger, sinon ce serait une moitié de solution à un problème posé depuis toujours et de manière plus singulière depuis que l'on a décidé de miser sur les exportations hors hydrocarbures.
Déjà, la création d'un établissement financier dédié à l'import-export est devenue une nécessité incontournable eu égard à l'implication et aux ambitions affirmées par l'Algérie dans le cadre de la Zone de libre-échange africaine (Zlecaf). Un espace «alléchant» pour lequel certains pays de la région et du continent se sont préparés même avant qu'il voit le jour en installant des banques et autres établissements financiers dans des contrées de la vaste Afrique qui ne demandent qu'à être économiquement conquises. Qu'une banque émettrice algérienne ait comme partenaire une banque notificatrice de la même nationalité, tout autant que l'opérateur économique exportateur ou importateur, ne peut que fouetter les ardeurs des exportateurs/importateurs algériens longtemps en attente d'actes concrets pour entrer dans l'ère devant libérer le pays de sa dépendance des hydrocarbures. Il est devenu une nécessité absolue de «nettoyer» le terrain pour qu'enfin l'étroite relation de travail entre les banques de l'exportateur et de l'importateur permette de faciliter la circulation rapide et sans difficulté des fonds générés par les opérations commerciales, ou encore permettre d'évaluer les risques du pays, recommander les modalités de paiement, et proposer les instruments de financement des exportations qui permettent d'obtenir un règlement en temps voulu. Ceci entre autres missions dévolues à la banque spécialisée qui viendra offrir toute une série de services en appui au financement des exportations. En tous les cas, et en attendant que soit peut-être revue la réglementation de change, la création d'une banque dédiée à l'import-export revêt une importance inégalable eu égard à la conjoncture qui s'est imposée à l'Algérie.
Azedine Maktour


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