Le bouger et le rouget

Il n'y a peut-être pas de rapport entre les deux. Mais dès que Farouk Ksentini, président des droits de l'homme (pas n'importe quel homme, juste les puissants), s'est prononcé pour l'expulsion des illégaux Subsahariens d'Algérie, des dizaines de camions-bennes étaient remplis de réfugiés maliens pour une reconduite brutale, de nuit, vers l'aride frontière sud. C'est tout le nouveau statut de l'Algérie, en même temps terre d'immigration et d'émigration, à cheval sur la balance commerciale et l'excédent entre l'import et l'export. Où est le problème ' Les migrations sont constitutives de l'homme, depuis l'Homo erectus en Afrique de l'Est, d'où il aurait parcouru 10 kilomètres par génération pour se répandre sur toute la planète.Jusqu'ici, d'ailleurs, faisant de la branche berbère ou protoberbère pour reprendre la définition de Malika Hachid, l'un des rameaux fondamentaux de l'homme moderne. Pour revenir à cette balance commerciale, y a-t-il plus d'êtres humains qui vont vers l'Algérie ou d'êtres humains qui fuient l'Algérie ' Un chiffre du Pew Research Center qui vient de tomber : 670 000 Algérien(ne)s ont quitté leur pays entre 2000 et 2013, sous le règne Bouteflika, alors que seuls 110 000 l'avaient fait entre 1990 et 2000, pendant que le terrorisme et l'insécurité faisaient rage.Comment expliquer cette croissance de l'exportation brute alors que l'Ansej, les indjazate et la «gestion démocratique des foules» du général Hamel sont là pour créer du bonheur de masse ' Comment comprendre cette augmentation d'un facteur de 1 à 5, alors que la moyenne mondiale de l'accroissement des flux migratoires n'est que de 2% par an ' M. Lamamra, ministre des Affaires étrangères, vient de le préciser à l'opinion mondiale : «L'Algérie exporte de la paix et de la stabilité.» Heureusement que les harraga n'ont pas la télévision sur leurs embarcations. Ils auraient sûrement mal pris cette phrase.