Le Bonjour du «Soir»

Par Maâmar FarahInversons les choses et voyons un peu ce qui se serait passé si l'attaque de mercredi avait visé un journal algérois. Voici ce qu'auraient écrit les grands titres de la presse française :«Après l'affaire Gourdel dont la version officielle ne semble convaincre personne, voilà que ce nouveau carnage dans les locaux d'un hebdo, pourtant bien gardé par la police algérienne, vient confirmer que la lutte au sommet de l'Etat sera plus âpre et coûteuse en vies humaines que jamais.«L'opinion algérienne ne comprend pas qu'un journal menacé et hyper-protégé puisse être une cible facile pour deux terroristes qui ont pu bloquer toute une rue, descendre de voiture et abattre froidement un policier sans que les services de sécurité n'interviennent ! On a bien vu une voiture de police barrer l'issue devant les terroristes. Que s'est-il passé par la suite ' Pourquoi le quartier n'a-t-il pas été bouclé ' A quoi servent toutes ces caméras installées au prix de lourds investissements ' Comment, face à une police et une gendarmerie aguerries par la lutte antiterroriste, une voiture peut-elle s'évaporer dans la nature avec cette facilité ' Et comment croire que ces terroristes qui ont agi jusque-là en professionnels signent leur crime par l'«oubli» d'une carte d'identité ' Et pourquoi «prolonger» ce crime abominable par une prise d'otages et la mort de juifs innocents si ce n'est pour donner un contenu antisémite aux deux opérations '»Pas de ça chez nous ! Ici, le sang n'est pas une matière qui nourrit la haine et la rancœur. Le sang est sacré. Je ne suis pas Charlie. Je suis algérien et le sang qui a coulé depuis longtemps chez moi, m'a appris à ne pas faire de différence entre les morts. Ni à les exploiter dans mes petits calculs politiciens.