Le Bonjour du «Soir»

Par Maâmar FarahAprès une longue nuit de débats, plusieurs paquets de Marlboro et des thermos de café Arabica, les membres de la cellule de crise purent enfin quitter la salle de réunions enfumée. L'air hagard, le visage pâle, les yeux bouffis, ils eurent du mal à se frayer un chemin au milieu des journalistes.Mais ils restèrent de marbre. Pas un mot. On avait averti les journalistes : il n'y aura pas de commentaires. «Alors, il y a combien de candidats '», «Combien y a-t-il de femmes ' Il faut préciser que Yasmina est un homme, oui il s'appelle Yasmina mais dans l'état civil, ce n'est pas son vrai prénom», «Et Benflis ' Il est toujours dans la course '» Les journalistes hurlaient de partout. Un véritable chahut. Mais les membres avançaient imperturbablement vers les voitures noires qui les attendaient devant le perron du Conseil.Ce fut pourtant le planton qui eut la faveur de la foule : «Durant mes va-et-vient pour alimenter les gars en cafés et sucreries, j'ai tout entendu !»Tel un essaim, le groupe de journalistes se détourna des membres de la cellule de crise pour accourir, tous micros ouverts, vers le «chaouch» bavard :- Et alors ' demandèrent les envoyés spéciaux.- Ils ont dit que le problème, le seul problème, ce sera le score. Si Tab Djenanou prend 95%, comment faire pour que les autres rentrent dans les 5% qui restent !- Et alors '- Ils vont être obligés de passer au second tour et là , on pourra aller vers un 65%-35% qui ne sera pas jugé «bourguibien» !- Mais qui sera au second tour '- Vous aurez d'un cèté Bouteflika et de l'autre...Tab Djenanou !