Algérie

Le bonheur de l'instant qui passe...



Se séparer lentement des êtres aimés, quelle amertume! C'est comme si l'on nous a mis du plomb dans la cervelle et que l'on traîne un grand boulet derrière soi. Mieux vraiment trancher dans le vif, et retrouver la solitude, climat naturel de l'homme, que de digérer sa douleur, en regardant dans le passé. Un illustre sage disait autrefois que la vieillesse est un naufrage, mais il a sûrement oublié de préciser que la mort n'a pas d'heure et que le malheur peut arriver à n'importe quelle escale de la vie.Comment soulager son âme et réchauffer les veines refroidies de son corps, quand on a un grand fardeau de douleurs sur le c?ur ' A cette question complexe, un autre sage répond par une autre question, non moins subtile : «Comment une fleur germe-t-elle et pousse-t-elle sur le fumier et les ordures'» C'est qu'aucune joie ne va sans douleur et que l'inverse peut être tout aussi vrai. Y a-t-il un espoir qui naît sans souffrance, sans patience et sans efforts' Pas sûr! A chaque jour, dit-on, suffit sa peine, et le destin de l'homme c'est justement de lutter pour vivre. Lutter d'abord chaque matin, surtout s'il a envie de continuer de s'endormir, contre le sommeil, contre la fatigue de la nuit et contre la désolation du petit jour. Puis, lutter contre la mort, ce grand sommeil qui le guette comme un rapace qui épie sa proie depuis le sommet d'une crête. La grande faucheuse, c'est, à n'en point douter, l'ultime rendez-vous qui ne pose jamais de lapin à personne et c'est entre les dunes de ce hasard que se niche notre bonheur à tous.
Le bonheur d'être là, sur un banc public par exemple, près de la mer, à écouter le chant des alouettes et avoir les yeux rivés sur la proue d'un grand bateau qui laboure les vagues pour se frayer un passage et dont toute la coque est encore noyée des reflets d'eau, de vivre chaque instant comme il se doit avec la certitude que tout dans l'existence du commun des mortels est éphémère, de jouir des rayons du soleil et du froufroutement des feuilles d'arbres par un après-midi d'automne sans trop se soucier du lendemain, sans trop cribler sa tête de regrets et de remords. «Carpe Diem», voilà ce que répétaient les anciens Latins, pour parler du bonheur de l'instant qui passe et du coeur qui se recolle bien vite, après être fendu en deux par les coups de la douleur, parce qu'il sait panser ses blessures et regarder de l'avant pour guérir, pour voir bien clair et surtout espérer.


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