L'alourdissement des peines véhiculé par le projet de loi de lutte contre les phénomènes d'insécurité dans les quartiers, «en cours de finalisation», selon le ministre de la Justice, gardes des Sceaux, Belkacem Zeghmati, pourra-t-il contenir la vague de violence urbaine 'A coup sûr, le durcissement des articles de loi pourrait atténuer le phénomène mais ne jamais en venir à bout. D'autres phénomènes liés à la criminalité et autres infractions commises à l'encontre de l'ordre public et appréhendées du point de vue de leur incidence sociale persistent encore malgré le renforcement du dispositif coercitif, dont le trafic de drogue et la délinquance routière.
En tant que réaction d'urgence, l'élaboration d'un projet de loi pour combattre ces phénomènes, apparus durant ces dernières années et qui vont en s'incrustant dans le décor urbain, dans le but évident d'actualiser ou mettre à jour les textes de loi, au même titre que ceux liés aux crimes numériques, est un remède qui peut donner d'assez bons résultats en peu de temps, mais tant qu'on ne s'est pas attaqué aux origines du mal, le phénomène de la violence urbaine, le spectacle de ces gangs ou bandes rivales qui s'affrontent avec tous types d'armes blanches, y compris les sabres, cocktails Molotov et autres produits pyrotechniques, n'est pas près de s'éclipser. C'est le président de la République qui avait ordonné l'élaboration d'un projet de loi pour combattre ces phénomènes, faut-il encore attendre d'autres orientations dans ce cadre pour bouger '
La justice a engagé sa part dans la lutte contre la violence urbaine, et il faut que d'autres se manifestent sur les registres du déploiement effectif d'une police de proximité à même de prévenir les conflits et y remédier avant leur éclatement, la sensibilisation, la prise en charge des préoccupations socioéconomiques et la création d'emploi. Il y a également deux autres axes primordiaux à prendre en compte dans la lutte contre le phénomène, sans lesquels on ne pourrait jamais éradiquer ces effroyables guerres de gangs dans les cités, en l'occurrence la lutte contre le trafic de psychotropes et la prise en charge de ce que les spécialistes appellent la «dysurbanisation », ou l'ensemble des anormalités et autres atteintes au processus de développement urbanistique.
Tout le monde sait que la consommation et la commercialisation des psychotropes et autres drogues, soit la lutte pour les zones d'influence qui comprennent aussi les parkings, sont à l'origine de presque tous les affrontements violents entre bandes rivales. Et que les antagonistes agissent tous dans ces moments d'éclatement des violences sous l'effet des médicaments neuroleptiques. Quant à la « dysurbanisation », le problème est plus délicat à traiter du fait de l'eau qui a pris dans le béton. Vues comme une conséquence des distorsions infligées à l'aménagement global du territoire national, non seulement en tant qu'espace géoéconomique mais aussi en tant qu'espace sociétal, les villes-dortoirs qui ont connu ces dernières années un afflux considérable de nouveaux locataires ont participé à la création d'un climat malsain favorable au développement des gangs maffieux. Faisant voler en éclats l'ancien et cher bon voisinage, perdu, et avec lui la quiétude chez soi.
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Posté Le : 16/08/2020
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Abdelkrim Zerzouri
Source : www.lequotidien-oran.com