Algérie

Le bon diagnostic du docteur Vahid Crise du football algérien



Le bon diagnostic du docteur Vahid                                    Crise du football algérien
Photo : Riad
Par Kamel Amghar
«On ne peut pas continuer comme ça !», s'exclame le sélectionneur de l'équipe nationale de football lors de sa dernière conférence de presse, incitant ses protégés à travailler davantage pour mériter leur place en sélection. Dorénavant, dira-t-il, seuls les meilleurs du moment seront convoqués en équipe A. «Aucun joueur n'est sûr d'être sélectionné. L'EN appartient à tous. Ce n'est pas une propriété privée. Je n'ai pas de titulaires d'office», a-t-il indiqué, en ajoutant, plus loin «l'intérêt de l'EN passe avant tout. Certains avaient l'habitude d'arriver en retard et ils jouent en plus. Il faut dire stop».Prônant la rigueur et la discipline, Vahid Halilhodzic ambitionne de monter un groupe compétitif qui joue pour gagner. Une équipe qui prend des risques et marque des buts, car les victoires sont à ce prix-là. Déçu par le niveau du championnat national, le patron des Verts appelle tous les responsables à travailler sérieusement pour élever la qualité de la compétition qui équivaudrait présentement à celui de la deuxième division. «Il faut beaucoup de travail à tous les niveaux», insiste encore Vahid Halilhodzic, en soulignant au passage que le niveau de la ligue I est au plus bas.La préparation physique des athlètes au niveau des clubs nécessite beaucoup d'améliorations. «Ce n'est pas normal d'avoir des crampes après seulement 50 minutes de jeu», dira-t-il en dressant un diagnostic sans complaisance sur le foot algérien. Il se propose de révolutionner les méthodes de travail adoptées jusque-là, et compte imposer son style et son rythme à ses poulains. Se présentant comme un homme à poigne qui veut rompre avec la mollesse de ses prédécesseurs, le driver bosnien affiche une franche inclinaison pour le jeu offensif. «On doit jouer plus vers l'avant pour marquer des buts», dira-t-il fermement. Faute de détermination et de victoires aussi, les Fennecs n'ont pas montré grand-chose depuis le Mondial 2010. On a souvent l'impression qu'ils jouent pour ne pas perdre au lieu de jouer pour gagner. Cette peur d'encaisser des buts, qui s'est constituée en barrière psychologique, a visiblement émoussé tout le groupe. Même les attaquants sont constamment affectés par le doute et la précipitation dans la surface de réparation. Effectivement, le football moderne exige beaucoup de vivacité et une solidarité de tous les instants sur le terrain. Jouer en bloc afin d'avoir un maximum de joueurs dans les 16 mètres adverses et, donc, plusieurs solutions pour scorer. Récupérer et défendre aussi en groupe compact. Cette stratégie exige des joueurs très techniques, bien préparés physiquement, suffisamment motivés pour vaincre et prêts à se serrer les coudes dans les moments difficiles. Le public, qui aime tellement El Khadra, attend une réaction salutaire pour renouer avec les succès. Halilhodzic, qui connaît bien la passion footballistique des Algériens, promet de faire tout ce qui est en son pouvoir pour composer cette équipe tant attendue. «Le peuple algérien est très attaché au football et à sa sélection. On doit lui présenter quelque chose de bien. Je suis responsable devant le peuple algérien et je veux réussir», dira-t-il à l'adresse des millions d'inconditionnels. Il se donne un délai de deux mois pour choisir parmi une quarantaine de sélectionnables. Fin décembre prochain, on aura à l''uvre cette équipe-type qui prendra part aux éliminatoires de la CAN 2013 et du mondial 2014. Le défi est naturellement difficile. Il y a tant de choses et de comportements à changer. Mis à part l'équipe nationale, proprement dite, les clubs algériens doivent aussi adhérer à cette démarche pour produire de la performance sur place. Le football algérien est malade. Halilhodzic a fait le bon diagnostic. La FAF et les clubs doivent s'impliquer également pour lui appliquer le bon remède. On ne peut affirmer que dans deux mois, on aura une équipe qui gagne. On est en revanche certain qu'à force de bien travailler, on y parvient toujours. Rien ne doit être laissé au hasard. Sur ce point, Halilhodzic a parfaitement raison.A ses contradicteurs, il répondra «ce sont mes choix et je les assume !». Comme quoi, lui aussi est tenu par cette même exigence de résultats pour poursuivre sa mission à la tête de l'équipe nationale. Le professionnalisme, c'est aussi et surtout ça.


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