Algérie

Le blocage



Par sa persistance, la crise libanaise qui a épuisé bien des énergies, devait bien déboucher quelque part. Depuis hier, c?est le vide institutionnel puisque le mandat du président sortant, Emile Lahoud, a officiellement pris fin à minuit sans que son successeur soit élu. Les députés se sont bien déplacés, mais pour s?entendre dire que la séance ? la cinquième depuis septembre dernier ? a été reportée. Le Liban est donc sans président, mais les plus avisés parlent de « vide organisé ». Ceux-là n?oublient certainement pas les années de guerre civile durant lesquelles l?Etat libanais était absent, squatté par les différentes milices qui se faisaient la guerre. Très officiellement, les armes se sont tues, et beaucoup le pensent pour toujours, mais paradoxalement, la guerre se poursuit par d?autres moyens. Heureusement, dira-t-on, même si le Liban aurait voulu se passer de cette crise qui dure depuis près d?une année. Soit depuis que l?épreuve de force est devenue publique et que l?opposition a quitté le gouvernement et décidé de se faire entendre, sans mettre en danger les fragiles équilibres qui régissent la vie politique dans ce pays. Mais dans ce cas précis, qui peut se satisfaire du vide, sachant qu?il ne mène nulle part ? Comme pour entériner cette vacance et empêcher que des actions soient prises en son nom, la coalition au pouvoir a demandé au président sortant de prendre lui aussi acte de sa fin de mission, en faisant ses bagages, et quitter le siège de la présidence. Un geste suffisant, selon elle, pour éviter un quelconque coup de force, même si Emile Lahoud déclarait vouloir exercer ses prérogatives de président jusqu?à l?ultime seconde. C?est-à-dire hier, minuit. En réponse à cet appel, il a fait savoir qu?il quittera ses fonctions comme prévu par la Constitution vendredi à minuit, mais qu?il étudiait des mesures pour la sécurité du pays avant de quitter le palais présidentiel. Un vrai suspense. La série noire, les Libanais la connaissent, et pas seulement à travers les écrits. Mais, cette fois, c?était un peu trop pour une population qui découvrait qu?il n?y avait pas que la guerre. Et que la vie était aussi faite de coûts, d?inflation, d?emplois et d?inégalités comme les Libanais le constataient ces dernières années. Ils se rendent compte cette fois-ci que le passé qu?ils croyaient révolu, s?invite et en force. C?est pourquoi ils étaient soumis à une véritable tension. Que pouvait-il bien se passer durant les quelques heures qui séparaient les deux situations ? Dans un appel pathétique, le secrétaire général de l?ONU avertissait la semaine dernière que le Liban était au bord du gouffre. Comment s?en sortira-t-il ?


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