Algérie

Le bloc chirurgical à l'arrêt faute d'oxygène



Ils seraient ainsi plus de 300 patients atteints de diverses formes de cancer à  àªtre inscrits sur une longue liste de malades devant subir impérativement une intervention chirurgicale. Pour avoir trop attendu l'opération salvatrice, certains cancéreux ont vu leur tumeur métastaser au point où leurs jours sont désormais comptés. Des chirurgiens interrogés non loin du bloc opératoire confirment, en effet, l'arrêt des actes chirurgicaux depuis le mercredi 30 novembre 2011, suite à  une rupture de stock en oxygène du centre. Ce sont, précisent ils, pas moins de 10 interventions chirurgicales qui sont annulées chaque jour, et ce, depuis une semaine, en raison de l'absence de cet indispensable produit. Désabusé, un des chirurgiens nous a affirmé que «si la pénurie venait à  perdurer, les cancéreux au stade terminal n'auront même pas la chance de mourir dans le confort que procure l'inhalation de ce précieux gaz». Le drame, ajoutent-il, est que l'oxygène qui fait défaut dans notre bloc chirurgical est disponible dans d'autres services hospitaliers qui n'en ont pas un besoin aussi vital qu'en chirurgie. Les chirurgiens ont, évidemment, beaucoup de difficultés à  expliquer aux patients les raisons des reports répétés des interventions chirurgicales qu'ils doivent subir après une longue et fatidique attente. Etant en contact permanent avec les patients, ce sont évidemment les chirurgiens que ces derniers prennent pour cibles alors qu'ils ne font que subir les défaillances de l'administration chargée d'approvisionner et de répartir judicieusement ce précieux produit. L'administration explique cette rupture non pas par une insuffisance de production d'oxygène médical en Algérie, mais par le manque de discernement de la part du fournisseur, qui n'établit pas de priorités en matière de livraison et ne privilégie pas les blocs chirurgicaux, qui ne doivent en aucun cas souffrir d'une rupture de stock de ce produit. Ce ne sont effectivement pas les gaz à  usage médical, parmi lesquels l'oxygène, qui manquent en Algérie, l'ex-Entreprise nationale de gaz industriels (ENGI), aujourd'hui propriété du groupe allemand «Linde», est considérée comme le plus gros producteur d'Afrique. Des excédents sont même exportés vers certains pays d'Europe et du Maghreb. C'est donc au niveau de la politique de distribution de l'entreprise, et, bien entendu, de la compétence des responsables d'approvisionnement du CHU de Blida, qu'il faut chercher les causes de ce grave dysfonctionnement qui a déjà coûté la vie ou aggravé le sort de nombreux cancéreux.
 
NéCESSITé DE DISPOSER DE MOYENS DE STOCKAGE
Interrogé à  propos de ces pénuries récurrentes d'oxygène, un professeur en médecine en poste au CHU de Blida, nous a répondu que «la solution définitive à  ce problème réside dans la mise en place, au sein même de l'hôpital Frantz Fanon, de grands moyens de stockage et de distribution d'oxygène auxquels seront directement connectés les différents services hospitaliers. L'administration du CHU devrait en faire un objectif à  court terme si elle veut vraiment en finir avec ces pénuries d'oxygène qui génèrent de véritables drames, notamment là où se pratiquent les actes chirurgicaux», a-t-il suggéré. Dans l'attente des «ballons d'oxygène» qui lui permettront de redémarrer le bloc opératoire du Centre anticancer de Blida, les médecins évoquent de façon on ne peut plus éloquente le sort dramatique réservé aux Algériens atteints par cette terrible maladie. Après une longue pénurie en médicaments qui a certainement entraîné la mort de bon nombre d'entre eux, on apprend qu'en plus de ces 300 patients en attente d'une intervention chirurgicale, ce sont pas moins de 500 cancéreux de ce même centre hospitalier qui attendent depuis plusieurs mois les séances de radiothérapie, constamment reportées en raison de pannes qui affectent, notamment, les scanners.           


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