Algérie

Le black-out



L'ONS, la Banque d'Algérie et d'autres administrations ne communiquent que par intermittence leurs données. Une forme de black-out sur l'information statistique a été imposée, depuis quelques mois, ce qui rend difficile la mise à jour des indications sur l'économie nationale.Les lacunes du système d'information économique et social figurent sans conteste parmi les tares qui caractérisent le mode actuel du fonctionnement de l'économie algérienne. Comme l'avait déjà relevé le Cercle d'action et de réflexion pour l'entreprise (Care), "à un moment où les finances publiques de l'Algérie sont gravement et durablement détériorées et que la recherche des solutions les plus appropriées et les plus praticables devrait impliquer l'ensemble des acteurs économiques et sociaux, il faut regretter la difficulté persistante qu'éprouvent trop souvent les autorités économiques algériennes quant à la diffusion de l'information économique".
Toutes les Constitutions depuis 1988, soulignent certains experts, ont établi le principe de l'accès à une information économique. Cependant, la loi algérienne a beau affirmer depuis longtemps qu'il s'agit d'un droit fondamental du citoyen, rien n'y fait, le réflexe de rétention au sein de nos institutions est plus fort. Depuis quelques mois une forme de black-out sur l'information statistique a été imposée et il est difficile d'avoir une vision d'ensemble à jour sur l'économie nationale. Cette rétention de l'information économique concerne plusieurs administrations.
L'Office national des statistiques (ONS), par exemple, n'a pas publié, depuis février 2021, l'indice des prix à la consommation. Le début de cette année a été marqué par la hausse des prix de certains produits de large consommation. Le taux d'inflation moyen annuel en Algérie a atteint 2,6% à fin janvier dernier avait indiqué l'ONS. Depuis aucune indication sur l'évolution de l'indice des prix à la consommation n'a été publiée. C'est le cas aussi de l'information concernant le marché du travail.
D'habitude et depuis 2014, l'enquête "Emploi et chômage" est faite deux fois l'an (avril et septembre) par l'ONS. Mais l'organisme chargé des statistiques n'a pas fait d'enquête sur l'emploi depuis 2019. Aucune explication n'a été fournie sur la non-publication par l'ONS de l'indice des prix à la consommation et l'enquête "Emploi et chômage".
Dans l'attente de la publication de cette enquête et pour asseoir l'impact de la Covid-19, la seule statistique qui est disponible est celle produite par les services statistiques de l'Anem. L'avantage de cette statistique, explique le Care, c'est qu'elle est donnée chaque mois et donc permet de capter les ajustements à court terme du marché du travail et, éventuellement, l'impact de la Covid-19 sur une partie du marché du travail en Algérie.
Selon les statistiques de l'Anem, citées par le Care, le nombre de "demandes disponibles non satisfaites", a atteint un total de 2 217 289 au 31 décembre 2020. Dans sa note de conjoncture des 2e et 3e trimestres 2020, le Care avait prévu que le nombre de "chômeurs" dépasserait les 2 millions pour l'année 2020 en raison de la Covid-19. La Banque d'Algérie, pour sa part, n'a toujours pas rendu public son rapport annuel de l'année 2019.
Même la note de conjoncture, qui jusqu'à 2018, était publiée chaque trimestre, a disparu du site de la Banque d'Algérie. Pour certains experts le dernier communiqué de la Banque d'Algérie concernant l'évolution des situations monétaire et prudentielle à fin 2020, publié en février "est maigre en information" d'autant que, nous dit-on, "en interne la Banque d'Algérie continue d'élaborer la note de conjoncture". Ils se demandent par ailleurs que devient le Conseil national des statistiques créé au milieu des années 90.

Meziane Rabhi


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