Algérie

Le « binouar » sétifien fait de la résistance



Le « binouar » sétifien fait de la résistance
La robe typiquement sétifienne connue sous le nom de « binouar », taillée dans un tissu (le Charb Ezdaf), très prisé dans les Hauts-plateaux, fait de la résistance et garde sa spécificité malgré les touches « modernistes » qui n'ont de cesse de dénaturer les habits traditionnels.
Les « amryate » (nom donné aux femmes sétifiennes) préfèrent porter cette robe à l'ancienne, telle qu'elle a été conçue à l'origine et telle que la portaient leurs mères et grand-mères.
Le « binouar » est une robe légère à fleurs, dépourvue de manches, arrivant jusqu'aux chevilles. Légèrement échancrée en haut de la poitrine, elle laisse admirer les bijoux qui ornent le cou. Pour de nombreuses sétifiennes, le terme « binouar » proviendrait de l'expression arabe « avec des fleurs » (Bi ennouar).
Une explication d'autant plus vraisemblable que les fleurs sont l'élément incontournable de cet habit.
Mme Hind B., styliste et couturière à Sétif déplore toutes ces modifications qu'apportent certaines de ses collègues à cette robe, en changeant notamment le schéma des dessins et de la broderie, en rajoutant des morceaux de tissus de différentes couleurs, ou en bouleversant la coupe, voire en imaginant un seroual (pantalon) qui apparaît au bas du « binouar ».
Pour cette styliste, confortée par la résolution des sétifiennes qui crient à l'unisson « pas touche à mon binouar ! », ces tentatives de modifications restent vaines, car cette robe vaut par son style unique et l'originalité de sa coupe traditionnelle.
Malgré le fait qu'elle refuse toute idée de changement, cette couturière, rencontrée au salon national de l'habit traditionnel de Sétif, avoue qu'elle est parfois obligée de procéder à « d'infimes retouches » à la demande de quelques rares clientes qu'elle essaie pourtant de convaincre de ne pas dénaturer cet habit de la cité de Sid-El Khier.
De son côté, Imene Ayadi, styliste et propriétaire d'un atelier de couture, reconnaît qu'elle apporte quelquefois des changements dans cette robe traditionnelle.
Des petites modifications « presque imperceptibles » qu'elle considère « acceptables » étant donné que les femmes, selon elle, « par nature », toujours en quête de changement.
« Personnellement, j'aimerais m'en tenir à la couture traditionnelle du binouar, mais je suis obligée de suivre la mode et à apporter de menues modifications, car beaucoup de mes clientes recherchent une touche de modernité, mais me demandent toujours de garder le tissu Charb Ezdaf, signe distinctif de cette robe sétifienne », a-t-elle dit.
« Heureusement, l'écrasante majorité de mes clientes, notamment lorsqu'elles se préparent à se rendre à un mariage, exigent le produit authentique », a-t-elle renchérit.
Malgré sa cherté, entre 11.000 et 14.000 dinars, le binouar staïfi demeure un élément essentiel du trousseau de la jeune mariée à Sétif et ses environs. Rien que pour cela, le binouar « Charb Ezdaf » continuera, et pour longtemps encore, à faire de la résistance.


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