Algérie

Le bilan s'alourdit à Tamanrasset



«Certaines femmes viennent du nord pour accoucher à  l'hôpital de Tamanrasset. Loin de l'humiliation familiale et, sans le moindre regret, elles abandonnent leurs enfants qui sont pris en charge par nos soins, une fois le PV d'abandon signé. Et ce, sans compter les bébés trouvés dans la rue par les services de sécurité, et qui ne sont admis qu'après avoir terminé les procédures juridiques nécessaires. Nous avons commencé avec 7 enfants en 2008 et, au bout de 3 ans, ce chiffre a grimpé pour atteindre 83 enfants qui sont en mouvement permanent, et dont uniquement 11 ont eu la chance d'être récupérés par leurs mères. Sur ce point, je tiens à  expliquer qu'après 3 mois de la date d'admission, la mère n'a plus le droit de récupérer son enfant. Il appartiendra définitivement à  l'Etat. Dans ce cas, nous pouvons accorder les demandes d'adoption dont le nombre s'élève à  32 outre les 7 autres demandes qui sont en instance et qui ne remplissent toujours pas les critères d'adoption», souligne Lazaar Sofiane, éducateur spécialisé dudit foyer, en faisant remarquer au passage que le foyer en question n'est qu'une partie du centre spécialisé de rééducation.
En effet, et en attendant que le foyer réalisé à  quelques mètres du centre soit opérationnel, ces enfants sont pris en charge dans un pavillon aménagé et réadapté aux normes, mais qui reste insuffisant au vu du nombre sans cesse croissant des enfants abandonnés. «Actuellement, nous avons 35 admis. Le risque de nous retrouver en surnombre à  l'ouverture du nouveau foyer, qui est d'une capacité théorique de 60 places, n'est pas à  écarter, car ce nombre est en progression permanente. Pour le début de l'année en cours, nous avons eu 10 enfants, et on ne sait pas, même d'une manière prévisionnelle, combien on en aura d'ici à  la fin de l'année», renchérit M. Lazaar. Intervenant dans ce cadre et dans le but de sensibiliser les mères biologiques des nourrissons placés dans son foyer, la directrice de l'établissement a pris l'initiative, louable à  plus d'un titre, de les inviter pour «des séances d'allaitement maternel, avec, à  la clé, finir par les persuader à  récupérer leur enfant. Ici, ils ne manquent de rien. Ils sont bien pris en charge. Toutefois, rien ne peut égaler le milieu familial et l'affection de leurs vrais parents. Une cassure qui les chagrine davantage, et ils grandissent sans nul doute avec», se désole-t-elle, non pas en tant que responsable, mais en tant que mère de deux jolies fillettes.  L'abandon des enfants est un véritable fléau qui a pris une ampleur alarmante, à  tel point que l'on se demande pourquoi ces nourrissons innocents font-ils les frais de la sottise et de l'indifférence de leurs parents. Une question qui permet d'ouvrir ainsi une brèche sur un sujet tabou, qui touche inéluctablement à  la sensibilité des parturientes qui délaissent une partie de leur chair à  l'hôpital, sans remords.
Par ailleurs, et à  l'occasion de la Journée mondiale de l'enfant et la Journée de l'enfant africain, fêtées respectivement le 1er et le 16 juin, la brigade de la protection de l'enfant de la sûreté de wilaya a mené, mercredi dernier, une vaste campagne de sensibilisation à  laquelle ont fait part des responsables de quartier et des présidents d'association.
Des expositions de photos et des conférences-débats sont ainsi organisées à  la maison de jeunes Houari Boumediène, évoquant l'environnement dans lequel vit l'enfant ainsi que les différentes étapes de croissance où le rôle des parents est plus que déterminant. Ainsi, les conférenciers sont unanimes à  constater que la défaillance des parents est dans la plupart des cas la cause de la délinquance.


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