Algérie

Le bilan désastreux d'un ministre



Le ministre de la Communication, Hamid Grine, qui s'est mêlé, avec l'affaire El Khabar, de ce qui ne le regarde pas, aura passé les deux années de son magistère à disserter sur les "vertus" professionnelles, quand il n'est pas occupé à régler des comptes. Ce qui n'a pas été sans conséquence sur le secteur qu'il est censé gérer. Un secteur synonyme de désordre. Une jungle. De toutes les promesses qu'il avait faites à sa nomination à la tête du département de la Communication, Hamid Grine n'est parvenu à en concrétiser qu'une seule : la délivrance de la carte nationale provisoire du journaliste. Un document qui n'aura pas servi à grand-chose, sauf à tenter une évaluation de la population de journalistes. Tenter est le mot qui sied en ce cas d'espèce, car beaucoup de journalistes ont refusé de souscrire au projet de Grine. Mais, plus grave encore, des cartes professionnelles ont été attribuées à des indus journalistes, les cas les plus flagrants ont été signalés par la corporation à Oran. La carte nationale provisoire de journaliste n'a en rien changé les conditions d'accès aux sources de l'information.Le ministre de la Communication s'est tellement occupé à philosopher autour du "cercle vertueux", qu'il aurait même oublié, à ce jour, de régulariser (rémunérer) les membres de la commission de délivrance de la carte de presse, vingt-trois mois après leur installation. Il s'est aussi occupé, depuis fin avril dernier, à chercher noise au groupe de presse El Khabar, alors qu'il ne s'est pas rappelé qu'il avait promis, solennellement, d'organiser les élections de la commission permanente de délivrance de la carte du journaliste professionnel et du conseil d'éthique et de déontologie.Hier, il s'est présenté devant la presse, cafouillant comme jamais s'agissant de l'affaire El Khabar, pour annoncer que les deux projets attendront, au motif que "les conditions ne sont pas encore réunies". Et en invoquant l'absence de conditions, Hamid Grine ne croyait pas si bien dire. Car, les conditions pour la réalisation des deux projets ne sont effectivement pas réunies et ne risquent pas de l'être de sitôt. Et la faute incombe à Hamid Grine, le ministre de la Communication, qui a réussi à se mettre à dos sinon toute, du moins une grande partie de la presse. Une presse qui, donc, accompagne un ministre qui ne distingue pas entre ce qui relève de l'autorégulation et ce qui relève de la régulation. Il est, peut-être, utile de rappeler à Hamid Grine que l'éthique et la déontologie professionnelles relèvent de l'autorégulation, autrement dit, des questions qui sont prises en charge par les pairs à l'exclusion de l'intervention des pouvoirs publics. Les journalistes algériens, s'inspirant des expériences des démocraties avancées, avaient voté la charte d'éthique et élu un Conseil d'éthique en 2000.Seize ans plus tard, Hamid Grine veut en faire un Ordre placé sous l'autorité du ministère. Un conseil auquel il n'hésiterait pas à se substituer, comme il le fait aujourd'hui pour l'Autorité de régulation de la presse écrite, en violation flagrante de la loi.S. A. I.


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