C'est la première décade du mois de Ramadhan et la chaleur a tout de même plombé les jeûneurs, lesquels, vaille que vaille, essaient d'être dès potron-minet au marché pour effectuer les commissions d'usage et rentrer au plus vite chez eux ou à leurs bureaux. Lobotomisés, les consommateurs ont très peu de propension à réagir sur ce qui se passe à hauteur de tout étal de fruits et légumes, se contentant d'acheter sans regarder la profondeur de leur porte-monnaie. Non pas par opulence mais parce que les méninges ne suivent pas.En face, les commerçants affichent leur arrogance habituelle parce que convaincus que quoi qu'il advienne leurs étals seront vidés avant la fin de la journée, ils ne prendront même pas la peine, malgré l'obligation qui leur est faite par l'administration et les risques de sanction qu'ils encourent, d'afficher les prix et encore moins d'abuser tout client dans les vaps quant à la qualité et le poids des produits achetés. Se pose alors et à juste titre le problème du contrôle des prix et de la qualité des fruits, légumes, confiseries et autres pâtisseries orientales exposées en plein air, viande congelée amassée, au mépris de toutes les recommandations d'hygiène et de diététique, en quantité dans les présentoirs des bouchers et que pourtant la clientèle achète sans être regardante. Bien entendu, les réserves formulées par les médias sur le rôle des organes de contrôle et surtout leur présence sur des lieux où ils n'y sont en fait qu'épisodiquement, contrairement aux déclarations officielles martelées mécaniquement et si tant est qu'ils y soient traitent littéralement au pied levé les infractions constatées pour ne pas dire ferment les yeux.
Il n'est pas exclu qu'à la fin du mois de Ramadhan, le ministre du Commerce s'extasiera sur la parfaite maîtrise du marché au cours du mois de carême, il ne fera alors que reprendre et surtout citer le nombre d'infractions constatées dans les rapports des directions du commerce et du contrôle des prix réparties sur l'ensemble du territoire. Nombreux sont les membres du gouvernement concernés par le service public et autres prestations économiques et/ou commerciales du même profil qui, pour expliquer l'incapacité de leur département à répondre à la demande et surtout honorer leurs obligations, se rabattront sur l'incivisme des populations, leur manque de discernement, la précipitation des uns et des autres à la frénésie des achats, du besoin de retirer à tout moment de l'argent à partir des guichets de poste ou de banques et rarement sur l'inertie des services des départements dont ils ont la charge. La responsabilité des consommateurs est certes incontestable compte tenu de la précipitation quasi atavique qu'ils témoignent dès lors qu'il s'agit de solliciter une prestation auprès de tierces parties, mais faudrait-il pour autant continuer de jeter l'anathème à des gens qui n'ont jamais eu le répit qu'ils méritent pour accéder à un service, un produit ou accomplir une démarche sans qu'ils n'aient à accomplir un véritable parcours du combattant, essuyant mépris et brimades de ceux qui sont censés les servir parce qu'ils doivent justement leur
situation à ceux-là même qu'ils malmènent quotidiennement.
En assurant, un tant soit peu, la disponibilité de produits essentiels sur le marché, les pouvoirs publics ne font qu'entretenir l'illusion de la maîtrise de la situation.
Ce ne sera le cas que pour un mois et il faudra d'ores et déjà réfléchir à celui de l'année prochaine. Les marchés nationaux sont totalement déréglementés mais il ne s'agit pas de cette déréglementation qui veut que les pouvoirs publics instaurent pour une fluidité des circuits, ce n'est ni plus ni moins qu'une grande anarchie orchestrée avec la bienveillance de l'administration.
A. L.
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Posté Le : 17/07/2013
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : A Lemili
Source : www.latribune-online.com