Algérie

Le beurre et l'argent du beurre



M. Khelil a tenu à rassurer, de la capitale britannique, les marchés pétroliers quant à la disponibilité maintenant et dans les prochains mois de larges réserves de pétrole. Il a, en fait, rassuré et condamné en même temps certaines turpitudes égocentriques nées dans les cercles proches de la finance internationale et relatives à une éventuelle crise pétrolière induite par un manque de brut sur le marché. Il est, en tant que président de l'OPEP, à ce sujet catégorique: les craintes liées à «la sécurité énergétique» sont infondées puisque les niveaux des réserves prouvées des pays membres de l'OPEP «ont atteint un niveau d'autant plus élevé qu'il a permis à l'économie mondiale de réaliser une forte croissance durant ces dernières années». A Londres, en plein milieu de la mythique City, carrefour incontournable de la finance et des marchés boursiers, le ministre algérien rassure en soulignant que l'OPEP travaille toujours pour sécuriser les marchés, en assurant la disponibilité de pétrole à travers l'augmentation des réserves prouvées et en consacrant d'énormes investissements pour augmenter les capacités de production des pays membres. Mais en confirmant les énormes sacrifices en termes d'investissements lourds consentis par les pays producteurs membres de l'OPEP, dont l'Algérie, M. Khelil ne s'est pas empêché de renvoyer la balle à tous ceux qui crient «au loup» à la moindre petite hausse des cours pétroliers. Pour lui, il faut que les pays consommateurs, qui se préparent «en catimini» à passer aux énergies non fossiles à moindres frais, plutôt aux frais des pays producteurs de pétrole, jouent le jeu en assumant ou en prenant en charge une partie des coûts générés par les excédents de production que consentent les pays OPEP pour satisfaire la demande mondiale. Mais particulièrement pour booster les économies occidentales, relancer leur croissance et, surtout, leur permettre de ne pas trop souffrir après la tempête des subprimes américaines. A l'évidence, Khelil aura peut-être mis le doigt là où il faut: partager à parts égales les surcoûts de l'excédent de la production pétrolière OPEP, qui permet autant aux marchés des pays consommateurs de faire fructifier leurs faramineux bénéfices, que de permettre à ces pays de financer «à l'oeil» le redéploiement de la recherche énergétique et le développement des sources d'énergie non fossile, notamment le nucléaire civil. Quel est le nombre de centrales nucléaires réalisées en Europe ou aux Etats-Unis et dont la réalisation est financée par les substantiels bénéfices réalisés sur les prix pétroliers par les pays consommateurs, et à quel niveau peut être apprécié le montant global des investissements des pays producteurs membres de l'OPEP pour «rassurer» les pays consommateurs et leur fournir une énergie à moindres frais ? Probablement des centaines de milliards de dollars, qui auraient profité au développement social et économique des pays OPEP. Et si l'on suit le regard du président en exercice de l'OPEP, il est loin le temps de pays consommateurs superpuissants qui s'arrangeaient à tous les coups pour avoir «le beurre et l'argent du beurre».


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