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Le batteur Karim Ziad au Temps d'Algérie


Le batteur Karim Ziad au Temps d'Algérie
Compositeur et chanteur algérien, Karim Ziad est un batteur exceptionnel dont l'énergie électrique submerge la scène et s'irrigue de son identité algérienne et maghrébine. Passionné de musique et issu d'une famille de mélomanes, Karim Ziad est toujours à la recherche de nouveaux rythmes, de nouvelles combinaisons musicales qu'il compte bien puiser du répertoire international tout en s'imprégnant de sa culture et de son identité maghrébine. Il revient avec nous dans cet entretien sur sa passion pour la batterie et sur ses projets.Le Temps d'Algérie : Vous représentez un patchwork de culture algérienne, maghrébine et africaine? cela vous a-t-il aidé à trouver et à définir votre style ' Karim Ziad : Un algérien est un melting pot. Je tiens à mon identité que j'aime faire ressortir dans ma musique. Quand on écoute ma musique, j'aime que les gens se demandent d'où ça vient. J'aimerais que le monde comprenne que le Maghreb est une terre de rythmes et de musiques. Je pense qu'on n'a pas besoin de rythmes américains ou occidentaux. Bien sûr, ces derniers ont inventé l'harmonie, la musique classique? et c'est ce que nous autres maghrébins devons apprendre et maîtriser pour aboutir à de belle réalisations.Nous avons l'art de combiner les notes entre elles, l'art des arrangements ainsi que le rythme que nous maîtrisons bien. Nous avons tout ce qu'il faut dans notre pays et notre contrée, le Maghreb. On vous définit souvent comme un batteur exceptionnel, ce qui est indiscutablement le cas. peut-on savoir d'où vous est venue cette passion pour la batterie ' Ça, c'est vous qui le dites. L'exception, pour moi, c'est l'utilisation et la maîtrise des rythmes qui ne sont pas vraiment connus dans le monde. Je suis connu pour ma maîtrise des 6-8... Des rythmes un peu colorés et j'ai appris cela lorsque je travaillais dans les fêtes et mariages. J'avais 14, 15 ans, lorsque j'accompagnais des chanteurs qui jouaient et chantaient sur des rythmes occidentaux puis enchaînaient sur du raï, du kabyle?J'ai appris à connaître ce style musical, le genre de Steve Wonder, la musique pop en général. J'apprenais les rythmes de la derbouka sur la batterie. J'ai aussi étudié à l'étranger. A l'époque on achetait 400 francs les méthodes de nos prédécesseurs. Aujourd'hui on trouve tout gratuitement sur Youtube? Quel est le projet artistique dont vous êtes le plus fier ' J'ai beaucoup aimé travailler avec Joe Zawinul, celui qui a inventé le jazz-rock et fondateur du groupe mythique, Weather Report. J'ai eu le privilège d'être parmi ses musiciens durant plus de deux ans. De cette riche expérience avec Joe, je me suis demandé pourquoi eux (les occidentaux) arrivent à exporter leur musique et pourquoi pas nous' C'est à partir de là que j'ai commencé à écrire ma propre musique... Selon vous, quelle est la place du jazz et de la black music en Algérie ' Je ne dirai pas black music. ce ne sont que des étiquettes qu'on a mis sur certains noms à une certaine époque. Pour moi, le jazz est une musique comme une autre, il faut aimer. En Algérie, plus précisément à Constantine, les constantinois ont cette culture et le privilège de voir des jazzman chaque année depuis 13 ans maintenant lors du Dimajazz. À force d'assister à ce festival, même les moins connaisseurs commencent à apprécier et à cultiver cette musique.Au lieu d'entendre de la variété... et de voir des vidéos de Lady Gaga constamment, si les médias et les chaînes musicales faisaient un test durant seulement une année, où ils ne diffuseraient que du jazz, cette musique serait mieux connue et appréciée à sa juste valeur. Les gens prennent et consomment ce qu'on leur donne, et puis la télévision ne donne pas vraiment accès à la grande musique. C'est pour cela que les générations montantes ne connaissent pas vraiment le jazz.On ne les encourage pas à écouter cette musique. La variété à deux balles, tout le monde l'écoute, on nous bassine la tête avec The Voice, et d'autres émissions à la recherche de talents. Je ne dis pas que ces émissions ne sont pas bien, mais il aurait fallu aussi faire des émissions de musique jazz, pour ceux qui aiment ça et en parler avec des professionnels. De nos jours, ceux qui aiment le jazz ne savent même plus qu'ils aiment le jazz. Tout ça est une éducation à faire comme tout le reste.Parlez nous de vos projets, votre actualité discographique... En ce moment je tourne beaucoup en tant que batteur. Par ailleurs, on est en phase finale de l'album de Hamid El Kasri dont j'ai fait tous les arrangements et assuré la production. Nous allons enregistrer les 18 et 19 décembre prochains et l'album sera prêt l'année prochaine. Il sera plus abordable que Yobadi sorti en 2010. Ce nouvel opus contiendra des notes d'Aïssaoua, notamment tunisiens. On y introduira aussi des sonorités targuies et je le dis à chaque fois j'aime beaucoup la musique du Sahara, c'est mon identité. Dans mes albums, j'essaie toujours de trouver de nouvelles couleurs, de ne pas me répéter.D'autre part, je commence à peine la conception d'un nouvel album qui va beaucoup ressembler à mes premiers disques et sur lequel je vais essayer de chanter, même si je n'aime pas trop ma voix. Cela va donc être plus de la trempe des albums Ifrikya (2001) ou Chabiba (2004). J'essaierai de faire de la musique un peu simple, compréhensible par tout le monde, pas de la pop, une fusion Maghreb-musique du monde. L'album sera prêt à la fin de l'année prochaine.Entretien réalisé


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