Algérie

Le bateau se vide



Au moment où se rédigeaient ces lignes, tout convergeait «tranquillement» pour le maintien de la candidature d'Abdelaziz Bouteflika et le dépôt de son dossier. Bien sûr, ce n'est pas le rassemblement devant le Conseil constitutionnel, assez tôt dans la journée d'hier, qui allait empêcher l'opération, la décision du pouvoir d'aller jusqu'au bout de sa logique comme l'initiative spontanée de ce rassemblement relevant d'une position politique plutôt que? physique. Pour l'anecdote, on a même parlé, ironiques ou sérieux, que le représentant d'Abdelaziz Bouteflika allait se rendre à Ben Aknoun en hélicoptère après la proposition lancée sur les réseaux sociaux de bloquer les accès au Conseil constitutionnel en organisant une opération «escargots». Sur l'essentiel, tout devait couler de source. Abdelmalek Sellal venait d'être viré la veille et remplacé par un autre directeur de campagne, ce qui était déjà lourd de sens, Bouteflika avait fait sa déclaration de patrimoine et les médias publics faisaient toujours l'impasse sur les mots essentiels de la contestation. On aurait pourtant pu croire que cette «détermination» pouvait logiquement s'accompagner d'un début de redéploiement de ses partisans dans la foulée d'une «confiance» retrouvée.Paradoxalement, c'est tout le contraire qui était visible sur le terrain des opérations. Les derniers à avoir parlé avec quelque enthousiasme de la candidature de Bouteflika sont Benyounès et? Sellal qu'on voyait comme le vaillant soldat téméraire plutôt que comme le fusible idéal. Si son limogeage tient dans le fameux enregistrement, il est quand même étonnant qu'on lui reproche son contenu, puisqu'il s'inscrit en droite ligne de ce qu'on a rarement fait l'effort de dissimuler aux Algériens. Comme il est difficile de lui reprocher son «fuitage»?
Le pouvoir semblait donc poursuivre sa logique jusqu'au-boutiste mais il peinait toujours à trouver des vendeurs convaincus dans ses propres rangs et l'illustration la plus flagrante est dans la difficulté des médias étrangers à trouver des interlocuteurs politiques du régime. Pour défendre ses options, il a fallu trouver un? colonel à la retraite incapable de trouver des mots justes et actionner quelques ténébreux baltaguia du net vite éteints par la déferlante contestataire sur la toile. Il fallait voir le rachitisme de la mobilisation dans le rassemblement de soutien et la contorsion mise dans leurs mots d'ordre pour se convaincre que le bateau est en train de se vider. La boucle sera bouclée par la défection au sein du FCE, colonne vertébrale logistique du régime. Leur retrait est significatif non seulement de leur appréhension des perspectives immédiates, il suggère également un niveau d'information sur la suite des événements même si elle va au-delà de la candidature, du maintien du scrutin qui rime avec l'élection de Bouteflika ou de son report.
S. L.


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