Le bain d'humanisme

Pour qui connaît Abdelmadjid Tebboune, il n'est pas homme à cultiver les acrobaties politiciennes et la roublardise dans ses pensées et dans ses actes. Sa droiture est incontestable même si la rigidité de ses décisions dérange quelques fois et suscite des moues souvent injustifiées et trop primaires parce que toujours dérangeantes pour ceux qui ont pris l'habitude d'avoir le beurre et l'argent du beurre. Il a eu d'ailleurs à en souffrir quand il fut un éphémère Premier ministre indocile refusant de céder aux injonctions des vizirs. Des coups bas, il en a reçus et des gros mais sa franchise et son honnêteté lui ont servi cependant de solides barrières tout en reconnaissant qu'il n'est qu'un homme parmi les hommes.Et c'est probablement sa carapace d'homme du Sud qui lui donne des prédispositions avenantes et rester à l'écoute des faibles. Il n'est pas prophète et il le dit avec franchise. Des blocages, il en rencontre de plusieurs formes. Au détour d'une interview ou d'une discussion il ne s'en cache pas pour en parler. Le plus fort serait sans doute la solitude, ce lourd poids qui taraude le commun des chefs d'Etat.
On le suit, on l'écoute, on le jauge. La majorité de ses décisions sont sans conteste marinées dans un bain d'humanisme même si par moments elles paraissent pour ses ministres cassantes et pour quelques autres pressantes. C'est que la tâche est colossale pour un homme qui affirme sans cesse que sa première préoccupation est la dignité de son peuple. Il a franchement et largement investi le social.
La dignité cependant se mérite et se construit. Toutes les mesures prises jusqu'ici et celles qui sont en attente s'avéreraient vaines si le peuple n'en mesure pas les réelles dimensions dans un monde où il est de plus en plus malaisé d'avancer. Tout président qu'il est, ayant sur son dos des charges suprêmes, il ne peut seul frayer une voie du progrès à son peuple. Il ne s'agit nullement pour les élites et les masses populaires de réinitier et reformuler les vieilles allégeances et les jeux débiles des expositions des portraits présidentiels. Tebboune en a une sacrée horreur.