Algérie

Le bac vaut-il encore quelque chose '


Techniquement, il sanctionne la fin des études secondaires et marque le début d’un cursus universitaire. Le diplôme du bac représente, théoriquement, une valeur pédagogique, un savoir et des connaissances accumulés durant douze années d’études scolaires. Ces connaissances doivent servir de base solide qui permettra au nouveau bachelier d’aborder, avec sérénité, ses études supérieures. Mais depuis plusieurs années, on s’interroge sur la valeur de ce diplôme qui ouvre les portes de l’université. Pour le ministre de l’Education, qui défend bec et ongles son bilan d’une dizaine d’années à la tête du secteur, le baccalauréat garde toute sa valeur. Mais pour de nombreux experts, le bac vaut peu ou plus rien. «Le secteur de l’éducation est, depuis au moins deux décennies, en constante régression. L’année d’avant est toujours meilleure que celle d’après. Aujourd’hui, le bac ne vaut que le Brevet d’enseignement moyen (BEM). Pareil pour le BEM qui ne vaut que le niveau de la sixième d’il y a 20 ans», relève un pédagogue sous le sceau de l’anonymat. Le niveau de la scolarité a tellement baissé que les diplômes ne valent plus rien. «La validation d’un diplôme exige un certain nombre de connaissances nécessaires, contenues dans les programmes scolaires. La non-assimilation de ces programmes se répercute sur la valeur des diplômes», poursuit notre source. Où est le problème ' Dans les programmes ' Pour ce pédagogue, les programmes, tels qu’ils sont conçus actuellement, répondent à ce qui se fait dans plusieurs pays développés. «C’est un mélange d’expériences qui a donné ses fruits dans certains pays où le niveau de l’éducation reste élevé, comme la France, la Hollande ou encore la Russie», précise-t-il. La régression est, selon lui, générée par l’outil pédagogique qui n’est pas suffisamment assimilé et utilisé par les enseignants. «La régression que connaît actuellement l’école s’explique par le manque ou plutôt la mauvaise prise en charge des élèves. Les professeurs souffrent d’un manque de formation. Le ministère peine, en raison notamment du nombre important des enseignants estimé à 400 000, à assurer des stages réguliers aux formateurs afin de leur expliquer les programmes et la meilleure méthodologie à employer pour les inculquer et les adapter à leur niveau», souligne notre interlocuteur. Selon lui, les programmes sont conçus pour tous les élèves au niveau national. Leur application doit, cependant, être adaptée à chacun de ces élèves. Et la responsabilité, précise-t-il, revient à l’enseignant. «C’est à l’enseignant de choisir l’essentiel des programmes et de l’adapter au niveau de ses élèves, de sorte à ce qu’ils puissent l’assimiler. Ce travail doit se faire au début de l’année et non pas à la fin de l’année», indique-t-il. L’enseignant doit également travailler avec les documents d’accompagnement du programme. Les enseignants, comme les élèves, utilisent «trop» le manuel scolaire qui ne traduit pas totalement le programme. Le problème de la surcharge des classes reste toujours posé. Cela se répercute négativement sur la qualité de la prise en charge des élèves par leurs enseignants. Ces faiblesses et bien d’autres carences du système pédagogique rendent le bac obsolète. Les sujets d’examen sont de plus en plus facilités et rendus à la portée d’une large proportion des candidats. Cette facilitation a permis une augmentation drastique ces dernières années des taux de réussite. 61,23% des candidats ont décroché leur bac en 2010. Mais la valeur pédagogique de ce diplôme est loin d’égaler celle des années 1970 ou 1980, où le taux de réussite – plutôt proche de la réalité – ne dépassait pas les 25%.Cette baisse de niveau est fortement ressentie à l’université, où des étudiants peinent à suivre leurs études supérieures. Le mal est donc profond. Sauver le bac et lui redonner sa valeur d’antan nécessite une thérapie qui doit être prescrite par des experts pédagogiques… hautement qualifiés.
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