Aller au-delà des « questions » d?argent
Les pauvres rencontreront les riches à partir de demain au Palais des nations à Club des pins à l?ouest d?Alger. Le 9e Forum pour le partenariat avec l?Afrique (FPA), qui regroupe les Etats membres de l?Union africaine (UA), du G8 et de l?Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), abordera « la gouvernance et le développement ». La thématique a été choisie par l?Algérie, selon Abdelkader Messahel, ministre chargé des Affaires maghrébines et africaines, qui a animé hier un point de presse au Palais des nations. La rencontre se veut être également un « exercice d?évaluation » des engagements pris depuis 2001, date du lancement du Nouveau partenariat pour le développement de l?Afrique (NEPAD). Si la nature des engagements demeure imprécise, celle du Nepad l?est davantage. Quel est l?impact du Nepad sur la vie des populations africaines ? Grande question. Abdelkader Messahel, qui aime « positiver » l?évolution des choses, a rappelé des actions menées autour de cette initiative. Il a cité le Mécanisme d?évaluation par les pairs (MAEP) qui, selon lui, est unique en son genre. Lancé en 2003, le MAEP regroupe actuellement 28 pays, le dernier à y avoir adhéré est la Mauritanie. « Le MAEP fait appel à des experts indépendants connus pour leur probité. Des experts évaluent un pays sur tous les plans », a précisé le ministre. L?Algérie a été critiquée pour avoir ignoré la société civile autonome dans la composante du comité national du MAEP (une autoévaluation). Chose qu?a réfuté Messahel disant que les associations « et même la presse » sont représentées au sein de ce comité qui va rendre, sous peu, son rapport. Celui du panel africain le sera plus tard. Jeudi dernier, Alger a abrité un « atelier » sur le MAEP. L?objectif était de « rationaliser » les méthodes de travail de ce mécanisme dont le fonctionnement reste flou. Au titre du MAEP, chaque pays reçoit un questionnaire auquel il doit répondre. « L?Algérie a répondu à 150 questions », a indiqué M. Messahel qui a ajouté que l?adhésion au MAEP est volontaire. D?après lui, ce mécanisme, qui est un instrument de « de promotion de la bonne gouvernance » dans le continent, ne connaît pas de problèmes financiers. La trésorerie du MAEP est alimentée par le PNUD et les pays africains et européens. L?Afrique riche manque, selon Messahel, d?optimiser l?utilisation de ses ressources. « Et ce n?est pas une question d?argent », a-t-il appuyé. Il a évoqué l?exemple du sport en Algérie. « L?Etat a beaucoup dépensé pour les infrastructures sportives et pour la formation des cadres. Pour quel résultat ? En football, on a perdu 4 à 0 face à la Mauritanie... », a-t-il expliqué. En prévision du 9e FPA, le comité directeur du Nepad, qui regroupe vingt pays, s?est réuni hier au Palais des nations. Une concertation nécessaire, selon M. Messahel, pour permettre à l?Afrique de parler d?une manière cohérente. La priorité pour le continent, qui va avoir, selon des prévisions évoquées par M. Messahel, une croissance économique annuelle de 5,8% est le développement. Des priorités déjà notifiées dans le plan d?action pour l?Afrique ou le plan Kananaskis (Canada), élaboré en 2002 par le G8 et les pays fondateurs du Nepad (Algérie, Afrique du Sud, Egypte, Nigeria et Sénégal). Tous les six mois, le FPA, qui a été créé en 2003 après le sommet du G8 à Evian (France), se réunit, en alternance entre le Nord et le Sud, pour évaluer le partenariat entre l?Afrique et les 30 pays de l?OCDE (Allemagne, Canada, Italie, Japon, Etats-Unis, Finlande, Royaume-Uni, Turquie, Espagne, Corée du Sud...). En mai dernier, le FPA s?est réuni à Berlin, en Allemagne, pour discuter, entre autres, de l?investissement, de la paix, la sécurité et le changement climatique. Abdelkader Messahel a rappelé l?existence d?un fonds de dix milliards de dollars destiné à la gestion des conséquences des calamités naturelles. L?Afrique, comme l?Asie, est touchée de plein fouet par le phénomène des migrations climatiques dont la répercussion sur l?activité agricole est dramatique. L?agriculture sera abordée au Forum d?Alger. Autant que le commerce international. Le ministre algérien a noté que le Nord continue de dresser des barrières tarifaires devant les produits africains et a insisté pour relancer le cycle de Doha de l?Organisation mondiale du commerce. Il a plaidé pour une révision des instruments d?aide au développement qui, selon lui, ne profitent pas nécessairement aux pays pauvres. L?OCDE accorde 100 millions de dollars par an au titre d?aide au développement de l?Afrique. Le FPA d?Alger offrira, aux yeux de M. Messahel, une occasion pour échanger des observations sur la manière de relancer ou de renforcer le partenariat. « Il est maintenant temps d?investir en Afrique. Le monde doit ajuster ses perceptions à la réalité du dynamisme retrouvé du continent et de l?amélioration de sa performance économique », a-t-on relevé au Forum de Berlin. Parallèlement au FPA d?Alger, les pays initiateurs du Nepad vont rencontrer ceux du G8 (Etats-Unis, Canada, Allemagne, Royaume-Uni, Russie, Japon, France, Italie). A cette rencontre, assisteront aussi le Ghana, qui assure l?actuelle présidence de l?UA, et l?Ethiopie, qui dirige le comité de mise en ?uvre du Nepad. La séance d?ouverture du 9e FPA sera présidée par les chefs d?Etat algérien et allemand. Horst Köhler effectue à partir d?aujourd?hui une visite d?Etat de quatre jours.
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Posté Le : 11/11/2007
Posté par : sofiane
Ecrit par : Faycal Metaoui
Source : www.elwatan.com