L’émotionnel va être au rendez-vous pour ce 5 juillet 2012, le Cinquantième depuis la libération du peuple algérien des pires dénis qu'il ait connus. Plus le moment historique se rapproche, plus la fièvre monte et plus les voix intéressées se manifestent et se bousculent pour se placer. L'enjeu est de taille dans une conjoncture où les appétits sont au paroxysme de leur développement. Inévitablement, comme on pouvait s'y attendre, se mobilisent, autour de sa célébration, toutes les mémoires et se concentrent tous les opportunismes. La date constitue, en soi, un terrain qui, malheureusement, doit encore être disputé aux nostalgiques du colonialisme, rejoints par une floraison de néo-pieds-noirs, ces élites algériennes déçues d'une indépendance qui ne les agrée pas, même qu'elle les ait extirpés de la condition d'infrahumain. Ainsi, font jonction deux courants qui travaillent à faire nier l'émancipation du peuple algérien, sous de multiples prétextes aussi sensibles les uns que les autres. Toutes les attaques surfent sur les contradictions sociales qui prouveraient l'échec du pays, comme si le miracle du développement et la justice sociale devaient être des conditions sine qua non de la fin de l'occupation coloniale. Le cynisme est des plus raffinés. C'est dit avec une certaine subtilité, en simulant des attaques contre le pouvoir en place et en le mettant, insidieusement, en parallèle avec le régime colonial. Issu de la «légitimité historique», ce pouvoir aurait failli dans sa gestion de l'Algérie en se montrant coupable des injustices sociales qui prévalent. La suggestion est patente, avec l'objectif qui vise à jeter, par delà les autorités et l'Etat, le discrédit sur la lutte de Libération nationale «confisquée» et l'indépendance «détournée». La méthode qui appelle, par exemple, au boycott des festivités du cinquantenaire, voile à peine les intentions des néocolonialistes. La main sur le cœur, ils vous diront que c'est pour que le pouvoir ne «profite» pas de la liesse populaire et que c'est une occasion pour que le peuple signifie sa désapprobation aux gouvernants. Alors que la grossièreté de la manœuvre est patente, elle escompte une récolte médiatique de ce qui va être exploité en tant que preuve de la désaffection des Algériens à l'égard de l'idée d'indépendance. Soyons sûrs que, pour cela, les drapeaux au vent seront comptés à l'unité. On peut voir les titres en grosses manchettes : «50 ans après : les Algériens désabusés !», «L'indépendance de l'Algérie n'a pas tenu ses promesses !», «Une guerre de Libération pour ça !», «Après 50 ans, la désillusion !» et ainsi de suite, autant que l'imagination peut produire comme persifflages. Serait-ce là la vérité, si par hasard la fête n'atteignait pas les sommets attendus ? Peu importe aux charognards, que les Algériens savent bien d'où ils sont sortis et ce que cela leur a coûté, pour exister, circuler librement, aller à l'école et à l'université, avoir l'eau et l'électricité, se faire soigner gratuitement… C'est ce que signifie le 5 Juillet. Pour le reste, pour les conquêtes politiques et sociales, il y a d'autres combats à mener, que seul le 5 Juillet a pu permettre d'imaginer.
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Posté Le : 06/07/2012
Posté par : aladhimi
Ecrit par : Ahmed Halfaoui
Source : La voix de la resistance