- Vous avez émis des doutes sur les chiffres concernant le coût du non-Maghreb. Pourquoi '
Effectivement, renoncer à 3 points de croissance pour chaque économie du Maghreb, du fait du retard que prend la construction de l'UMA, me semble exagéré vers la hausse. Cela porterait le taux de croissance du PIB de l'Algérie à 6% au lieu de 3 actuellement et ceux du Maroc et de la Tunisie à environ 8 et 9 respectivement. En revanche, il n'y a aucun doute que l'achèvement de la construction du l'UMA se traduirait par un gain de croissance pour tous les pays de l'Union.
On peut rappeler, en effet, que la non effectivité de l'UMA a réduit les opportunités pour chaque pays à profiter de l'accord d'association avec l'Union européenne et de la mondialisation en général. L'agglomération des pays de la région aurait eu pour effet de réduire les asymétries dans l'échange grâce à des marchés plus importants et à une capacité de négociation plus élargie. L'espoir demeure, cependant, pour le long terme.
L'effort pour les pays de l'Union consisterait alors d'accepter un processus de spécialisation – despécialisation, c'est-à-dire de redistribuer les activités à l'échelle de l'Union en fonction de la compétitivité sectorielle de chacun. C'est ce qui s'est passé en Europe dans les années 1950 et 1960. L'expérience européenne a montré les limites de l'argument selon lequel les pays de la communauté n'avaient rien à échanger du fait que leurs économies étaient très semblables. L'existence de l'Union européenne, sous sa configuration actuelle, se passe de tout commentaire. Il serait difficile, cependant, d'imaginer la même expérience pour l'UMA sachant que l'effort devra tenir compte de la concurrence avec l'Union européenne et d'autres pays du fait de l'adhésion de certains pays de l'UMA à l'OMC avant que cette dernière ne soit effective.
- L'intégration maghrébine constitue-t-elle un pas vers la mondialisation ou une condition pour y faire face '
C'est un peu les deux. Le démantèlement des barrières tarifaires et non tarifaires permettra de bénéficier l'économie d'échelle, de libérer les circulations des personnes et des marchandises, de connecter des marchés, d'en créer d'autres, etc. L'économie de l'UMA et celle de chacun des pays membres s'en trouveront plus renforcées pour affronter la concurrence à un niveau plus large et mondial. Régionalisation et mondialisation s'opposent et se complètent à la fois dans le sens où la première prépare à absorber les chocs négatifs de l'ouverture et à bénéficier des opportunités de la seconde.
- Que ce soit pour l'UMA, l'UE ou la ZALE, les résultats sont assez négatifs. L'Algérie ne devrait-elle pas aller chercher l'intégration ailleurs '
L'expérience montre que l'intégration se construit d'abord dans la région d'appartenance géographique. C'est ce qui se passe en Amérique du Nord ; en Amérique du Sud, en Asie et en Europe. Malheureusement, on peut noter l'existence, dans le cas des pays de l'UMA, d'une noria d'accords, signés par les uns et les autres, qui pourrait se traduire par un effet de dilution qui rendrait de plus en plus difficile la maîtrise de la coopération dans un ensemble dont la grande dispersion rendrait la construction du Maghreb plus problématique. Effectivement le 5+5, comme vous semblez le suggérer, serait peut-être l'idéal pour notre pays.
- Le retour récemment de l'Algérie au patriotisme économique constitue-t-il une remise en cause de l'intégration régionale '
Il est difficile de parler en ces termes d'un pays dont le volume du commerce extérieur reste très important relativement à l'activité économique globale. L'intégration régionale et la mondialisation ne sont pas remises en cause. Le choix ne concerne que les modalités d'intégration et de mondialisation et non la finalité elle-même. On peut regretter, cependant, que la réflexion concernant les effets de l'ouverture n'ait pas été menée dès le début des années 1990 avec la fin du monopole sur le commerce extérieur et les premières mesures de démantèlement du tarif douanier. L'ouverture commerciale est une mesure d'un package plus large de politique économique qu'il faut penser dans la cohérence. Les dernières mesures traduisent, avec retard, l'inquiétude des pouvoirs publics quant aux capacités compétitives du pays à faire face à la concurrence étrangère.               Â
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Posté Le : 22/11/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : Safia Berkouk
Source : www.elwatan.com