Algérie

Le 27 février 1962, les habitants de Ouargla disaient non à la scission du Sud



Le 27 février 1962, les habitants de Ouargla disaient non à la scission du Sud
En 2005, le chef de l'Etat, en visite officielle à Ouargla, avait refusé de donner le nom des manifestations du 27 Février 1962 à l'université de Ouargla.La belle enseigne a été instamment retirée pour être supplantée par le nom de Kasdi Merbah. Et depuis, chaque année à la même période, l'institutionnalisation de cette date comme Journée de l'union nationale et donner son nom à une grande instance officielle sont vainement réitérés. Slimane Hakkoum, historien de Ouargla, y voit un refus personnel de Abdelaziz Bouteflika, un signe de mépris envers la contribution des populations du Sud à la lutte pour la libération nationale. On s'attendait que l'on reconnaisse officiellement et franchement la portée historique des manifestations du 27 Février 1962 à Ouargla, considérées par les historiens comme la date du désaveu politique des visées de de Gaulle sur les richesses du Sahara algérien, la date où le sort de l'Algérie, avec les limites territoriales que nous lui connaissons aujourd'hui, a été scellé.Il s'agit en effet du jour où les habitants de Ouargla ont dit «non» à la France et à la séparation du Sud du reste de l'Algérie en pleines négociations d'Evian. Des milliers de manifestants pacifiques ont bravé l'armée française pour signifier à la délégation conduite par Max Lejeune, alors ministre du Sahara, accompagné de représentants onusiens et d'un parterre de journalistes européens et américains, arrivés le matin même à Ouargla pour sceller un accord avec les notables et les chefs de tribu agréés par le colonisateur en vue d'accepter la clause de séparation du Sahara algérien du territoire national. Un trophée qui devait être présenté à l'opinion publique internationale via des articles de presse relatant l'accueil chaleureux et conciliant des populations du Sahara à leur ministre, un accord qui devait peser sur le dernier round des négociations d'Evian quelques semaines plus tard.DéceptionLe 27 février 2014 se devait d'être différent à plusieurs égards, d'une part parce que les pouvoirs publics ont clairement signifié qu'ils tenaient à se réapproprier cette date, en édifiant pour la première fois depuis 53 ans une belle stèle commémorative et en lançant deux rencontres scientifiques à un mois d'intervalle au moment où les chômeurs appelaient à une manifestation grandiose pour se rappeler aux bons soins de Abdelmalek Sellal. Les leaders des chômeurs, qui ont compris le message, ont annulé deux semaines plus tôt le rassemblement prévu ce jour. Mais Cherif Abadou, présent depuis 48 heures à Ouargla, n'a pas apporté le message tant attendu par les Ouarglis qui réclament depuis 20 ans la promulgation du «27 février comme journée de l'unité nationale». Cherif Abadou a ouvert les travaux d'un mini-séminaire insipide, organisé pour la 8e fois consécutive par l'association locale portant le nom de ces manifestations, pour rappeler les grandes lignes de cet événement.Les rares voix qui se sont élevées dans la salle pour réclamer la parole ont été muselées, elles réclamaient un inventaire précis des martyrs et des manifestants blessés lors de ces manifestations, que les noms des chouhada du 27 Février soient connus et reconnus et enseignés à l'école. C'est ce que pense aussi Slimane Hakkoum, historien autodidacte, qui vient de signer un document relatant de quoi le 27 Février 1962 est le nom et la position actuelle de la population locale, lu hier lors du séminaire organisé par l'université de Constantine qui fête l'événement, chercheur ayant participé à la préparation des fiches historiques ayant servi à l'inscription du projet de la stèle commémorative et à la proposition du nom des manifestations du 27 Février 1962 à l'université de Ouargla, que le président Bouteflika a refusé. Pour ce chercheur, «il s'agit aujourd'hui de créer une fondation du 27 Février 1962 qui s'attellera à consigner l'histoire du Sahara algérien. Je considère personnellement que ce refus d'institutionnaliser cette date comme journée de l'union nationale est une grave offense. Toutes les instances ont donné leur accord mis à part la Présidence. Que doit-on en conclure ' La Présidence a contesté la dénomination de l'université de Ouargla et l'institutionnalisation de la journée, le Président l'a fait intentionnellement en toute conscience».




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