Algérie

Le 26 avril (Leilat El Qadr) 1957 : L'accrochage de Sidi Mohand Aklouche (Cherchell) : Quand la foi'


Le 26 avril (Leilat El Qadr) 1957 : L'accrochage de Sidi Mohand Aklouche (Cherchell) : Quand la foi'
Ne dit-on pas que la foi abat les montagnes ' Face à l'armée coloniale, son armement sophistiqué, ses chars et ses avions, nos héros n'avaient parfois que leur foi en Dieu et en la patrie à opposer. Nos montagnes témoignent encore aujourd'hui de toutes les glorieuses batailles qu'ont menées nos valeureux moudjahidine. Le récit de l'accrochage de Sidi Mohand Aklouche, n'est qu'un cas parmi tant d'autres. En plein mois sacré du ramadhan. Mieux, à la veille de la Leilat El Qadr, «armés» de l'amour d'Allah et de la patrie, nos combattants sont venus à bout de l'armée française. Devant la foi, ne tiendrait même le plus puissant des rois. L'accrochage eut lieu en plein Ramadan de l'année 1957 un vendredi de Leilat El Qadr. Il coûta à  l'armée française de lourdes pertes en hommes et en matériel.Cette opération contre l'armée française s'est déroulée au douar Sidi Mohand Akiouche, région Ill, zone II de la wilaya IV, le 26 avril 1957. Le commando Si Zoubir, dont je faisais partie, était composé de trente-six moudjahidine, dont l'âge variait de 17 à  27 ans. (...). Notre chef Si Moussa Kellouaz, ainsi que son adjoint, Si Ahmed Khelassi et Si Abdelkader Chamouni, tous les trois natifs de Aïn-Defla étaient des déserteurs de l'armée française. Quelque trois ou quatre de nos autres compagnons d'armes avaient effectué leur service militaire, comme Si Braham Brakni de Blida, et Si Maamar de Oued-D jer. (...).Le mercredi 24 avril 1957, nous étions sur la route de Cherchell qui monte au sud vers les montagnes du Zaccar. Durant cette journée, l'ennemi ne s'était pas du tout manifesté, si l'on excepte les quelques avions espions que l'on voyait de temps à  autre survoler la région. En fin d'après-midi, nous avons regagné nos refuges au douar Hayouna (Cherchell).Un agent de liaison vint nous porter une lettre du capitaine Si Slimane, qui était le responsable militaire de la zone. (...).Le capitaine Si Siimane nous donna l'ordre de marcher sur le douar pour attaquer la soldatesque ennemie et mettre fin à  ses insupportables agissements contre la population civile. (...).Il était 3 heures du matin et un vent glacial soufflait sur la région. Si Moussa avait tout de suite porté son choix sur un emplacement qui conviendrait pour une éventuelle embuscade. Mais l'ennemi ne se manifesta pas ce jour-là. Nous avons donc quitté la forêt vers 16 heures pour nous rendre au douar voisin. (...).Nous étions en plein mois de jeûne, et ce jeudi 25 avril 1957 était en fait la veille du vingt-septème jour du mois de ramadan. (...).Après la rupture du jeûne, nous avons pu déguster la succulente ziabia promise par Si Abderrahmane Sahnoun. Nous avons entonné quelques hymnes patriotiques : Min Djibalina, fidaou El Djazaïr, etc. Après quoi, nous avons accompli notre prière en suppliant Dieu de nous faire sortir victorieux de la bataille du lendemain. (...). Le vendredi 26 avril 1957, à  2 heures du matin, nous avons quitté silencieusement notre refuge pour aller reprendre notre emplacement de la veille (...).Ce fut vers 6 heures du matin que nous avons commencé à  entendre le ronflement des moteurs des camions militaires. Comme l'endroit où nous étions tenus embusqués se trouvait séparé du douar par une clairière et un champ de blé, nous avons tout à  coup aperçu des soldats français, les uns encerclant le douar, alors que les autres, disposés en formation de combat, avançaient dans notre direction. Nous avons vite compris que nous avions été dénoncés, ce qui en fait n'avait rien d'étonnant, car nous nous étions trop attardés dans le secteur, alors que d'habitude nous ne restions jamais plus d'une journée au même endroit. (...).Le soleil se levait à  l'horizon, et nous ne pouvions faire face à  l'ennemi. Si Moussa, dont le sang froid et la présence d'esprit étaient incomparables, nous ordonna de nous replier à  la hâte. (...).Une distance de 80 à  100 mètres nous séparait des soldats ennemis, qui avançaient toujours vers nous. Nous pouvions parfaitement percevoir et entendre la voix du commandant qui leur hurlait à  pleins poumons : «Avancez, avancez, et faites feu à  volonté.»BATAILLE AUTOUR DE LA CRETE ELEVEE  D'UNE MONTAGNEQuand ils commencèrent à  nous tirer dessus, nous en fûmes quelque peu inquiets, car, pour notre part, nous n'avions pas reçu l'ordre de riposter. Si Moussa nous ordonna de nous replier sur nos arrières, alors que l'ennemi n'arrêtait pas son offensive. Fort heureusement nous étions dans une forêt très dense, dont les arbres nous assuraient la plus efficace des protections. (...).Pour tenter de freiner l'élan de la troupe et bloquer sa dangereuse avancée, le moudjahid Si Mahmoud Enemri, de Hammam-Melouane, les arrosa de quelques rafales de sa mitraillette américaine Thomson… En opérant notre repli, nous devions tâcher d'occuper la crête élevée  d'une montagne mais pour y parvenir, nous devions traverser un terrain découvert de quelques dizaines de mètres. Face à  nous, l'ennemi avait placé un fusil-mitrailleur, afin de nous empêcher d'accéder à  ce point stratégique que lui même projetait d'occuper. Pour nous couvrir. (...). Nous devions agir l'un après l'autre, avec pour unique couverture les tirs de la carabine US de Si Moussa. A notre droite, se trouvaient les paras que nous voyions se presser pour, prendre la crête; mais le moudjahid Si Tahar avait déjà atteint le sommet de la dite crête, où, après avoir pris position, s'était mis à  tirer sur les hommes en tenue léopard avec son fusil Garant pour stopper leur escalade. (...). Ce fut ainsi que nous avons tous pu passer sans perdre un seul homme, prenant de vitesse les soldats ennemis, dont nous imaginions la rage, la déconfiture et l'humiliation d'avoir lamentablement échoué à  nous couper la seule voie de repli qui s'offrait à  nous...Sur cette crête se trouvaient trois pitons rocheux. Comme nous étions répartis en trois groupes de onze combattants chacun, Si Moussa avait placé un groupe sur chaque piton. (...).Notre position dominait tout le terrain, et nous pouvions surveiller tous les mouvements de la soldatesque française. (...).Il n'était que huit heures du matin, une heure trop précoce pour nous, ce qui ne pouvait àªtre à  notre avantage dans le feu de l'action.  (...). Nous avons tout de suite entonné Min Djibalina, puis nous sommes passés aux adieux mutuels, nous pardonnant nos offenses et nous souhaitant mutuellement le martyr, nous nous donnions rendez-vous au Paradis. Notre frère Si «l'Istiklal», qui nous déclarait toujours qu'il serait le premier d'entre nous à  tomber en martyr et à  entrer au Paradis, était certes le plus joyeux de nous tous. Nous lui avions collé le sobriquet de «l'Istiklal» (l'indépendance), à  l'occasion d'une discussion que nous avions eue sur l'avenir de notre pays. Si Tayeb Benmira - c'était son vrai nom - ne parvenait pas à  saisir le sens du mot Istikial (indépendance), qui était pour nous le but ultime que nous avions entrepris d'atteindre. (...). Très sincèrement, sans plaisanterie ni feinte de sa part, Si Tayeb Benmira nous avait demandé de lui expliquer le sens de ce mot, qui nous tenait tant à  coeur. Nous lui avions alors dit : «Lorsque nous aurons chassé le colonialisme français et son armée, le peuple algérien retrouvera son indépendance et sa liberté.» Si Tayeb, qui ne comprenait toujours pas notre acharnement à  parler d'indépendance, nousrépondit : «Moi, je combats pour mourir en tant que martyr dans le Sentier de Dieu et non pas pour votre indépendance !». (...).Comme une partie des soldats français se trouvant sur notre flanc droit avait reçu l'ordre d'avancer et de nous attaquer, Si Moussa réagit à  cette initiative de l'ennemi en ordonnant au chef de groupe Si Larbi, d'El Attaf, de descendre pour prendre position sur un talus situé à  une dizaine de mètres à  l'aplomb de notre position. (...).Le changement de position du groupe de Si Larbi ayant échappé aux soldats ennemis, ces derniers avançaient toujours, pour àªtre soudain accueillis par un feu nourri. Pris d'affolement devant cette attaque inopinée, un Martiniquais blesse, s'était mis à  ramper, tout en continuant à  tirer avec son fusilmitrailleur. Surpris et paniqués, les soldats pensaient que les moudjahidine allaient passer à  l'assaut dans le but de récupérer l'armement, comme ils en avaient l'habitude. Tout de suite après cette attaque éclair, le groupe de Si Larbi avait regagné sa position sur la crête. (...).DEUX AVIONS FRANÇAIS ABATTUSL'ennemi se trouvait acculé à  changer de tactique, après avoir essuyé ce cuisant revers. (...). Ayant évalué nos forces, l'ennemi s'était finalement convaincu qu'il était aux prises avec un commando, sans pour autant arriver à  nous identifier et à  nous situer exactement. (...). L'ennemi s'était décidé à  aller installer son PC un peu plus loin, avant de rameuter l'aviation par radio. Pendant quelques minutes, deux bombardiers B26 survolèrent la zone de combats, sans cependant pouvoir larguer leurs bombes sur nous, car il y avait grand risque qu'ils ne touchent ceux des soldats français dont les positions étaient dans le voisinage de notre commando. De plus, ils ne pouvaient voler à  basse altitude, à  cause de la mauvaise visibilité et du risque de collision avec la montagne, sans compter qu'ils redoutaient d'être abattus par nos tirs. Les avions B26 s'étant, en l'espèce, révélés tout à  fait inopérants, étaient repartis vers leur base pour àªtre remplacés par deux avions T6 Morane (Jaguar) qui n'arrêtaient pas de survoler nos positions.Si Moussa nous ordonna de nous tenir prêts à  faire face à  l'attaque des avions chasseurs, ordre qui s'adressait tout particulièrement aux tireurs des fusils-mitrailleurs, Si Maamar et Si Benaïcha, qui étaient munis de FM Bar américains, ainsi que Si Tayeb, qui disposait d'une mitrailleuse 30 américaine. Les avions chasseurs commencèrent à  descendre sur nous en piqué. Sur ordre de Si Moussa, l'arme à  l'épaule, nous nous étions mis à  tirer sur les deux avions qui tournoyaient au-dessus de nous, nous attaquant à  la roquette, sans cependant pouvoir nous atteindre, car nous étions bien couverts par les rochers. Comme les pilotes avaient amorcé un grand virage et s'apprêtaient à  revenir de nouveau décharger sur nous leurs ogives meurtrières, Si Moussa cria à  l'adresse des servants des pièces lourdes: «A vous, tirez ! tirez !» Très rapidement, Si Maamar, Si Benaicha et Si Tayeb se sont dressés comme un seul homme, pour ajuster leurs tirs sur les T6. Pris de court par cette parade éclair et tout à  fait inattendue, de notre part, les deux pilotes n'eurent pas le temps de réagir, car en fait l'ennemi ignorait que nous disposions d'armes lourdes. Les deux appareils furent touchés : le premier, qui avait pris feu, ira s'abîmer dans la mer, tandis que le second, s'écrasera beaucoup plus loin (...). Bien que nous nous soyions dangereusement exposés en tirant sur les appareils ennemis, grâce à  Dieu, les roquettes qu'ils avaient tirées sur nous n'ont pas pu nous atteindre. C'était un spectacle inédit : les habitants des douars du voisinage, qui suivaient le déroulement des hostilités, n'arrivaient à  en croire leurs yeux. La destruction des deux avions nous a donné droit aux encouragements et aux youyous des femmes. «Allah Yansarkoum Ya El moudjahidine.» (Que Dieu vous donne la victoire, ô vous les moudjahidine), nous criait-on de partout. (...). L'unique solution qui s'offrait à  l'ennemi était de se résigner à  faire de nouveau appel à  d'autres avions. Entre-temps, un calme absolu, un silence lourd et total s'était mis à  peser sur le théâtre des opérations, et la présence de centaines de soldats qui nous environnaient n'arrivait pas à  en dissiper la pesanteur. Si nous étions les plus forts, c'était parce que notre combat était juste, la bénédiction de Dieu Tout-Puissant et sa protection nous étant acquises, en raison de la grande foi que nous avions en lui.Quelques minutes après, quatre Morane T6 se pointaient à  l'horizon pour venir nous attaquer de face. Si Moussa nous demanda de nous préparer à  supporter le choc, en tâchant de bien nous abriter derrière les rochers (...).  Nous étions de plus soumis aux tirs des mitrailleuses et au lancement des roquettes à  un rythme acharné de la part des pilotes, qui, craignant de subir un sort identique à  celui de leurs malheureux prédécesseurs, s'évertuèrent à  ne pas trop s'exposer aux tirs de Si Maamar, de Si Benaïcha et de Si Tayeb. Nous étions dans une situation intenable. Si Moussa cherchait une solution pour éviter ce déluge de feu en opérant éventuellement un repli en catastrophe qui mettrait en échec la nouvelle tactique adoptée par l'ennemi. Le temps était brumeux, nous étions très près du littoral, et seul un changement de temps était capable de nous sauver. LA MONTAGNE, MIRACULEUSEMENT ENVELOPPEE PAR UN BROUILLARD EPAISDans nos esprits et du plus profond de nos cœurs, nous implorions Dieu avec ferveur en ce jour de ramadan pour qu'il nous préserve et nous débarrasse de l'aviation ennemie. Quelques minutes plus tard, la montagne se trouva miraculeusement enveloppée par un brouillard épais comme un tapis, qui nous a masqués aux appareils ennemis. Dieu Tout-Puissant avait exaucé nos prières ! Profitant de cette prodigieuse aubaine, Si Moussa nous ordonna de décrocher en vitesse, pour nous replier en arrière en longeant le flanc de la montagne.Il était midi et, en masquant les rayons du soleil, le brouillard avait assombri la montagne et ses environs. Subitement, je ne sais comment, j'ai glissé et failli me retrouver dans le ravin; mais j'avais pu, dans ma chute, m'accrocher à  une branche d'arbre. Voyant ensuite Si Braham Brakni passer devant moi, je l'ai hélé et prié de m'aider à  remonter sur le sentier. Mais juste au moment où il se penchait vers moi en me tendant la main, le brouillard s'était dissipé, ce qui permit au pilote de l'un des quatre T6 de nous repérer, et de venir droit sur nous. Si Braham s'est jeté de côté pour se mettre à  couvert, tout en me criant : «Si Cherif, laisse-toi tomber! » Je lui répondis que mon point de chute était trop profond, mais il m'a répliqué que je n'avais pas d'autre choix que de me laisser choir sans plus tarder. Effectivement, le pilote venait directement sur moi. J'ai alors lâché la branche à  laquelle je me retenais, pour aller atterrir quelques mètres plus bas au fond du ravin, secoué et endolori, mais parfaitement sain et sauf, moi qui redoutais d'avoir les os des jambes rompus ou fracturés, après une chute aussi périlleuse. Grâce à  Dieu, je m'en étais tiré avec beaucoup plus de peur que de mal, et, à  partir de mon point de chute, j'ai vu exploser des roquettes juste à  l'endroit où je me trouvais quelques secondes plus tôt...Je me suis précipité pour aller rejoindre mes compagnons. Nous nous trouvions en situation de grand danger au fond de l'oued, où nous courions à  fond de train, en nous efforçant d'aller en zigzag pour tant soit peu éviter le tir des pilotes des chasseurs T6 qui nous traquaient et nous attaquaient aux lances roquettes. (...).La soif commençait à  nous torturer sérieusement, d'autant qu'en raison des obligations rituelles du jeûne, nous n'avions rien bu ni mangé depuis le commencement du jour. N'en pouvant plus, quelques-uns d'entre nous avaient dû se résoudre à  avaler quelques gorgées d'eau qu'ils puisèrent avec leurs paumes au fond du lit de l'oued -chose qui, comme chacun sait, est tout à  fait licite aux yeux de l'Islam, à  charge pour celui qui s'autorise à  le faire d'accomplir un autre jour de jeûne après la fin du mois de ramadan. Cependant, les autres compagnons n'ont pas voulu rompre le jeûne, même s'ils en souffraient. Profitant de l'appui que leur apportait la chasse aérienne, les soldats français nous poursuivaient toujours.SI «L'ISTIKLAL» TOMBE EN MARTYRESoudain, notre frère Si «l'Istiklal» tomba, atteint à  l'obdomen par une roquette. Comme il était très grièvement blessé, nous n'avons pas pu le transporter. (...).Si «l'istiklal», très conscient, nous déclarait : «Je vous le disais bien hier, n'est-ce pas, que je vous quitterais aujourd'hui, pour entrer avant vous tous dans Djenat El Firdaws (le Jardin du Paradis) '» Son visage rayonnait de cette béatitude suprême qui, au moment de la mort, s'empare des Bienheureux. Il continuait à  parler, nous disant : «Prenez mon arme, El Gara ne laisse pas Fafa la prendre (El Gara c'est le fusil garand américain - Fafa c'est la France) et tâchez de transmettre mon salut à  tous nos autres compagnons. Encore une chose : s'il vous arrive un jour d'être de passage dans le douar Lira, à  Theniet El Had, allez donc saluer de ma part les gens de ma famille et surtout, embrassez ma petite fille. Maintenant, allez-vous en vite et laissez-moi mourir !»L'ennemi nous talonnant, nous n'avons pas eu d'autre choix que de déposer notre compagnon dans un endroit camouflé. (...). En principe, nous n'abandonnions jamais nos martyrs sur le terrain. Nous les enterrions dans un endroit discret. C'était bien la première fois que nous l'avions fait, car nous n'en avions matériellement pas le temps nécessaire pour donner une sépulture digne et convenable à  notre étonnant héros et martyr. Les larmes aux yeux et le cœur en peine, nous avions fait nos adieux au brave et courageux Si Tayeb Benmira, dit Si «l'Istiklal».Passé ce moment d'émotion intense, nous avons repris notre course pour rejoindre nos compagnons. Vers 16 heures, Si Moussa nous ordonna de sortir de l'oued pour aller prendre position dans un point stratégique où nous serions en situation privilégiée, tant pour faire face à  l'aviation qu'aux soldats français, qui continuaient de nous donner la chasse. Avant même que nous nous y installions et y placions nos mitrailleuses, nous avons vu que les pilotes des T6, ayant d'instinct senti l'avantage que nous procurait notre position nouvelle, refusèrent de nous approcher, redoutant de se faire tirer comme des canards sauvages. Les soldats français rebrousseront également chemin (...).LA BATAILLE DE SIDI MOHAND AKLOUCHE AURA AINSI COUTE DE GRANDES PERTES A L'ARMEE FRANÇAISELa bataille de Sidi Mohand Aklouche, qui fut à  notre avantage le plus complet, avait ainsi duré du petit matin jusqu'au soir. Un commando de l'ALN, composé d'une poignée de valeureux moudjahidine, commandés par un chef sage, courageux et hautement expérimenté, avaient réussi à  tenir tête et à  mettre en échec des milliers de soldats français, appuyés par des avions de chasse, dont deux devaient àªtre détruits.Après cela, nous nous sommes dirigés vers un douar proche où des refuges avaient été préparés à  notre intention. Nous y fûmes accueillis très chaleureusement par la population qui, de loin, avait pu suivre en direct toutes les péripéties de cette mémorable bataille.Une heure après, Si Moussa désignera trois moudjahidine en les chargeant d'aller récuperer le corps de Si «l'Istiklal» qui gisait au fond de l'oued. Ayant rencontré des civils en cours de route, ces derniers leur apprendront que les soldats français qui nous poursuivaient avaient découvert Si «l'Istiklal» agonisant à  l'endroit où nous l'avions laissé. S'adressant à  lui, un lieutenant français lui lança :«Alors, sale fellaga, on t'a bien eu !» Dans un ultime et surhumain effort, Si «l'Istiklal» aura le courage et la force de se redresser sur ses genoux pour cracher sur l'officier français, qui, fou de rage et d'humiliation, l'acheva en lui tirant trois balles à  bout portant. Dès que les soldats français furent partis, les civils l'ont enterré. (...). La bataille de Sidi Mohand Akiouche aura ainsi coûté de grandes pertes à  l'armée française : plusieurs morts et des centaines de blessés, ainsi que 2 avions de chasse T6 Morane (Jaguar) abattus.De notre côté, nous déplorions un mort, le très valeureux chahid Tayeb Benmira, dit Si «l'Istiklal», et deux blessés. Nous avions infligé ainsi une cuisante défaite aux soldats français et à  leurs larbins harkis, goumiers et autres tirailleurs algériens, sénégalais et martiniquais.Extraits du livre de Mohamed Cherif Ould Hocine «au cœur du combat» pages 83-98. Editons Casbah 2007
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