Algérie

Le 24 décembre 1985 disparaissait le premier président du GPRA


Ferhat Abbas, ce grand Algérien Pour lever toute équivoque sur son engagement pour l’Indépendance de son pays, Ferhat Abbas affirme dans son ouvrage «Le Jeune algérien»: «Nous sommes chez nous. Nous ne pouvons aller ailleurs.» Il y explique dans la même veine: «C’est cette terre qui a nourri nos ancêtres, c’est cette terre qui nourrira nos enfants. Libres ou esclaves, elle nous appartient, nous lui appartenons et elle ne voudra pas nous laisser périr. L’Algérie ne peut vivre sans nous. Nous ne pouvons vivre sans elle. Celui qui rêve à notre avenir comme à celui des Peaux-rouges d’Amérique se trompe. Ce sont les Arabo-berbères qui ont fixé, il y a quatorze siècles, le destin de l’Algérie. Ce destin ne pourra pas demain s’accomplir sans eux.» Ferhat Abbas est né à Taher wilaya de Jijel, le 24 août 1899, dans une famille paysanne de 12 enfants. Sa famille originaire de la Kabylie, a du quitter la région après l’échec de la révolte menée en 1871 par Mohamed El Mokrani. Le grand-père est alors chassé de ses terres par les autorités françaises et reconduit à la condition de fellah. Ferhat Abbas, de son vrai nom Ferhat Mekki Abbas, était un nationaliste qui, en rejoignant le FLN durant la guerre d’Indépendance de l’Algérie, est devenu le premier président du Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA) de 1958 à 1961. Au lendemain de l’Indépendance du pays, il est élu président de l’Assemblée nationale constituante, devenant ainsi le premier Chef d’État de la République algérienne démocratique et populaire. De 1921 à 1924, il fait son service militaire et commence déjà à écrire des articles pour différents journaux, sous le pseudonyme de Kamel Abencejares. Étudiant en pharmacie à la faculté d’Alger de 1924 à 1933, il devient le promoteur de l’Amicale des étudiants musulmans d’Afrique du Nord. En 1931, il dénonce les 100 ans de la colonisation française, soulève également la question de l’«algérianité», objet de convoitise des colons, d’État algérien et d’Islam. Diplômé docteur en pharmacie en 1933, il s’établit à Sétif où il devient rapidement une importante figure politique en devenant conseiller général en 1934, conseiller municipal en 1935, puis délégué financier. Radical dans son combat et dans ses revendications, il dénonce notamment le «code de l’indigénat» et fonde son parti en 1938; l’Union populaire algérienne. Le 10 février 1943, il publie un manifeste demandant un nouveau statut pour l’Algérie: le «Manifeste du peuple algérien», suivi d’un additif en mai, un «Projet de réformes faisant suite au Manifeste du Peuple algérien», faisant notamment allusion à une nation algérienne. Après cette publication, il est assigné à résidence à In Salah par le général de Gaulle. Au lendemain des émeutes de Sétif de mai 1945, tenu pour responsable, il est arrêté et l’AML est dissoute. Libéré en 1946, Ferhat Abbas fonde l’Union démocratique du manifeste algérien (UDMA). Alors qu’il y annonce dès 1953 une rupture imminente et définitive, le Front de libération nationale (FLN) déclanche le 1er novembre 1954 et marque le début de la Guerre de libération nationale. Ferhat Abbas rejoint, d’abord secrètement, en mai 1955 le FLN, après plusieurs rencontres avec Abane Ramdane et Amar Ouamrane, puis annonce publiquement son ralliement et la dissolution officielle de l’UDMA lors d’une conférence de presse au Caire, le 25 avril 1956. Dès le 20 août 1956, à l’issue du congrès de la Soummam, il devient membre titulaire du CNRA (Conseil national de la Révolution algérienne), puis entre au CCE (Comité de coordination et d’exécution) en 1957. À l’indépendance de l’État algérien, lors de la «crise de l’été 1962», opposant le GPRA de Ben Khedda et le bureau politique du FLN, Ferhat Abbas rallie le 16 juillet les partisans de Ben Bella, tout en désapprouvant le principe de parti unique retenu par le programme du congrès de Tripoli. Président, élu par 155 voix contre 36 blancs ou nuls, de la première assemblée nationale constituante (ANC) le 20 septembre, cinq jours plus tard, il proclame la naissance de la République algérienne démocratique et populaire. Il quitte ses fonctions le 15 septembre 1963 suite à son profond désaccord avec la politique de «soviétisation» de l’Algérie, par Ahmed Ben Bella, dénonçant «son aventurisme et son gauchisme effréné» qui l’exclura du FLN et l’emprisonnera à Adrar. Il est libéré en mai 1965, à la veille du 19 juin par Houari Boumediene. Retiré de la vie politique, mais toujours militant et fervent démocrate, il rédige avec Ben Youcef Ben Khedda, Hocine Lahouel, ex-secrétaire général du PPA-MTLD, et Mohamed Kheireddine, ex-membre du CNRA, en mars 1976, un «Appel au peuple algérien», réclamant des mesures urgentes de démocratisation et dénonçant «le pouvoir personnel» et la Charte Nationale élaborée par Boumediene. Il est alors une nouvelle fois assigné à résidence jusqu’au 13 juin 1978.il meurt à Alger le 24 décembre 1985. Dans un écrit où il parle du visionnaire Ferhat Abbas, Abdelhamid Mehri rapporte cette anecdote: «Après l’indépendance, je rendais souvent visite au Président du GPRA. L’une des dernières visites que je lui ai rendues chez lui, se situait juste après la défaite des armées arabes en juin 1967. Après un bref échange amical, je le provoquais un peu: «Alors, Monsieur le Président, nous avons reçu encore une tannée!?» Ferhat Abbas, calme, me fixa un moment, puis, sans aucun signe de plaisanterie dans sa voix, me répondit: -Mais, mon cher Mehri, nous allons vaincre? -Comment cela Monsieur le Président? -Oui, nous vaincrons à force d’être vaincus!». R.C.
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)