Algérie

Le 2 février, Journée mondiale des zones humides : Les zones humides algériennes vouées à elles-mêmes



L’Algérie compte aujourd’hui 42 zones humides classées d’importance internationale qui couvrent 2 958 704 ha, soit un peu moins de trois millions pour arrondir. Les 16 dernières ont été portées sur la liste de la Convention internationale des zones humides Ramsar seulement l’année dernière.

A elles seules, elles totalisent 170 000 ha, soit plus de la moitié des 26 premières classées en grande partie en 2001-2002 en dehors de celles d’El Kala, les premières à être listées Ramsar en 1983. Ce train, la direction générale des forêts, qui a la charge de ces milieux, devrait penser à devenir la direction générale des zones humides, car du patrimoine forestier ou qui peut encore être qualifié de la sorte, il n’en reste que 1 400 000 ha de forêts naturelles sérieusement menacées, 1 600 000 ha de maquis, autrement dit de la forêt dégradée depuis fort longtemps et 750 000 ha reboisés tant bien que mal. Les zones humides algériennes se distinguent par une étonnante diversité, dont certaines sont d’une indéniable originalité. Une zone humide d’importance internationale correspond, car les définitions sont nombreuses et parfois compliquées, à un espace marin ou continental, superficiel ou souterrain, où l’eau séjourne ou circule de manière temporaire ou permanente, qui sert d’habitat à des espèces de flore et de faune endémiques, de réservoir de la biodiversité et d’assise aux activités des communautés riveraines. Les zones humides algériennes se distinguent par une étonnante diversité, dont certaines sont d’une indéniable originalité. Une reconnaissance qui émane par ailleurs d’une des plus prestigieuses personnalités du World Wildlife Fund, le vice-président du célèbre WWF, l’ONG qui a pour sigle le Panda. Ce sont par exemple les oasis, ou mieux encore les gueltas, résurgences miraculeuses des eaux souterraines, blotties contre le sein des massifs sahariens dans la région la plus aride de la planète. L’Algérie se classe ainsi parmi les meilleurs élèves de la Convention Ramsar. Ce traité intergouvernemental gère les 14,6 millions d’hectares des 1641 sites de la liste avec lesquels les 134 parties contractantes, essentiellement des Etats, ont marqué leur adhésion. La Convention, dont le siège est à Gland (Suisse) et qui se réunit tous les trois ans, recommande des instruments de gestion, offre des assistances techniques à distance ou finance des projets de formation et de sensibilisation.

Pollution et bétonnage

Avec ses sites classés et surtout leur superficie totale, l’Algérie talonne les pays qui sont à la pointe de la conservation de la nature. L’inscription sur la liste Ramsar, qui est un label de qualité recherché pour être le plus souvent exhibé, n’est malheureusement pas suivie des mesures de conservation qu’impose l’engagement pris par notre pays vis-à-vis de la communauté internationale pour protéger ce patrimoine universel. Autosatisfaction partagée, par ailleurs, avec les instances de la convention manifestement préoccupées par le nombre d’adhésions et celui des sites inscrits sur la liste. Les pouvoirs publics font montre d’une fébrile activité à certaine échéance, mais sur le terrain, les zones humides, milieux d’une extrême fragilité, on le sait maintenant avec certitude, sont vouées à leur propre sort et subissent, sans distinction avec les autres espaces, les mêmes effets ravageurs de la mise en valeur, de l’assèchement, de la pollution et de l’invasion du béton par l’explosion des zones éparses. Ceci, indépendamment du lieu où elles se trouvent, à la périphérie d’Alger ou d’Oran, sur les Hauts-Plateaux Nord constantinois où récemment une équipe de chercheurs d’Annaba a pu mettre en évidence la nidification du flamant en Afrique du Nord qui, avant cela, dans la vallée du Ghir (Biskra-El Oued-Touggourt) ou au beau milieu du parc national d’El Kala (El Tarf) dont elles ont, du reste, fait la notoriété depuis un quart de siècle et qui ont été créées en grande partie pour leur apporter la protection que leur doit notre génération. Le monde entier célèbre la Journée mondiale des zones humides le 2 février de chaque année. 2007 est placée sous le thème « Les zones humides et les pêcheries ». Ceci pour rappeler et souligner que 75% de la production mondiale de poissons qui nourrissent un milliard de personnes, sont strictement liés au bon fonctionnement des zones humides, côtières et continentales, menacées cependant par l’assèchement, la surpêche, l’aquaculture non durable et la pollution. Les stocks de poisson en mer dépendent étroitement de la santé des zones humides côtières qui « fabriquent » les nutriments qui enrichissent les eaux marines, mais surtout servent de frayères et de nurseries à de nombreuses espèces de poissons, de crustacés et de mollusques. Ce n’est plus un secret, la nature fait bien les choses et ce n’est pas un hasard si la côte d’El Kala est si riche en diversité biologique. Les zones humides côtières que sont le lac Tonga, Mellah, les marais du Mekradda et par extension le lac des Oiseaux et le lac Oubeïra, contribuent considérablement à la qualité de l’eau de mer de ce bout de littoral, d’à peine 40 km, où ont pu s’installer les plus beaux herbiers de Posidonie et récifs coralliens de la Méditerranée. A leur tour, ces écosystèmes sont devenus les habitats de nombreuses espèces de grand intérêts économique, culturel ou écologique et où certaines s’y reproduisent de manière exclusive. Tous ces lacs sont exploités. En 2006, les pouvoirs publics ont effectivement fait un pas de plus pour les zones humides algériennes. Ils ont concédé pour 25 ans les lacs Mellah et Oubeïra, classés Ramsar et zones intégrales du parc national, à un exploitant privé dont il n’est un secret pour personne qu’il lui sera impossible d’appliquer les recommandations pour sauvegarder les sites.




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