Sous l'égide du président de la Fédération russe Vladimir Poutine et la coprésidence du président egyptien Abdel Fatah Al Sissi, président en exercice de l'UA, s'est tenue à Sotchi en Russie , les 23 et 24 octobre écoulés ,le 1er forum économique Russie-Afrique.
Une rencontre qualifiée d'événement très important par Poutine lors de son intervention en séance plénière : " C'est la première fois que nous conduisons un événement aussi important. ", auquel ont pris part 47 chefs d'Etat africains, des ministres et des économistes africains au nombre de 54 représentants de pays africains et plus de 3000 participants aux fins de discuter des grandes questions et trouver les issues adéquates susceptibles de développer les relations bilatérales entre les deux régions et mettre en place une stratégie de coopération et de partenariat à même de développer, renforcer et consolider les échanges entre la Russie et les pays africains regorgeant de ressources et à la recherche du temps perdu dans la lutte contre la pauvreté ,les épidémies, les conflits ethniques ,l'extrémisme et le sous-développement.
Plaidoirie pour l'émancipation de l'Afrique de la dépendance étrangère :
NathalieYamb, la conseillère exécutive de Mamadou Koulibaly, candidat à la présidence ivoirienne en 2020, n'a pas hésité de plaidoyer audacieusement à partir de Sotchi pour la liberté et l'émancipation de l'Afrique de toute dépendance étrangère, notamment l'Afrique francophone sous le règne de l'ex-puissance coloniale, la France. " Je souhaite remercier les autorités russes de m'avoir permis de venir exprimer mon point de vue ainsi que celui du professeur Mamadou Koulibaly sur la souveraineté,sur les valeurs africaines, sur les urgences du développement en Afrique et sur le rôle que la Russie peut y jouer. Parler d'identité africaine est une chose aisée car l'identité et les valeurs des Africains ne sont pas différentes du reste de l'humanité : nous avons les mêmes sentiments de solidarité, de compassion et des mêmes aspirations à la Liberté, à la dignité, à la prospérité, pourtant force est de constater qu'après l'esclavage, la colonisation, les pseudo-indépendances, on nous a reconnu que le droit d'être libres. L'Afrique francophone est encore, en octobre 2019, sous le contrôle de la France. "
Réunion de Berlin en 1984 : la France s'accroche à l'Afrique
" Cela remonte à 1984 lorsque les forces coloniales se sont réunies à Berlin pour se partager l'Afrique sans que les Africains aient leur mot à dire : l'Allemagne, l'Espagne, l'Angleterre, le Portugal ont compris depuis lors qu'il fallait sortir du schéma de la conférence de Berlin et redéfinir les contours d'une nouvelle coopération avec les pays africains. Pas la France qui s'enfonce sans bouger en portant des masques et qui considère toujours le continent africain comme sa propriété.
Droits légitimes des peuples africains à la liberté et à la démocratie :
"Les peuples d'Afrique et particulièrement la jeunesse revendiquent, pourtant avec de plus en plus de vigueur leur besoin de démocratie, leurs droits à l'auto-détermination, le droit de décider avec qui ils veulent commercer, avec quoi ils veulent payer ce commerce, sans qu'on les place sous la tutelle d'une ex-puissance coloniale qui se présente toujours sur la scène mondiale comme notre porte-parole et notre avocat. Nous voulons sortir de France et fin que Paris avec la complicité de ses laquais africains veut pérenniser sous l'appellation " éco " et qui ne nous permet aucune industrialisation de l'Afrique francophone.
La souveraineté monétaire : conquête africaine primordiale :
Et de poursuivre : " La conquête de notre souveraineté monétaire est capitale car la seule stabilité que " la France "garantit aux pays qu'ils utilisent sont la mauvaise gouvernance, la pauvreté, la corruption .Nous voulons le démantèlement des bases militaires françaises en Afrique qui ,sous couvert d'accords de défense bidons , nous ne servent qu'à permettre le pillage de nos ressources , l'entretien de rebellions ,l'entraînement des terroristes ,le maintien du dictateur à la tête de nos Etats. "
Les Africains dénoncent que la France continue d'usurper leur voix à l'ONU:
"Nous refusons que la France continue d'usurper la voix de l'Afrique à l'ONU qu'elle soit à la base de quasiment toutes les résolutions concernant le continent. Les pays de l'Asie ont commencé à commercer directe avec l'étranger, alors que nous, on roule avec l'aide publique au développement. Résultats : aujourd'hui, eux, ils sont brillants et émergents et nous sommes des mendiants qui sont très fiers d'être qualifiés de pays pauvres très endettés.
Cette situation va changer avec la Russie :
"Cela doit changer, cela va changer et la Russie a un rôle à jouer dans cette évolution. Mais, nous ne venons pas en Russie pour y chercher de nouveaux maîtres qu'on substituera aux anciens, nous y venons pour y trouver des partenaires pour faire du business gagnant-gagnant pour la Russie comme pour les pays africains concernés.
L'Afrique regorge de potentialités naturelles et humaines sous-exploitées :
" L'Afrique regorge de potentialités, il y a une population qui grandit dont 60% ont moins de 30 ans, une position géostratégique, diverses ressources minières,naturelles, agricoles et surtout humaines. Sur le plan militaire, la présence de la Russie qui n'y a pas de traditions coloniales peut permettre de rééquilibrer les choses dans les pays francophones et je crois que l'exemple centrafricain en témoigne.
Coopération Russe-Afrique et la promesse de Sotchi :
" En Côte d'Ivoire, nous avons un énorme besoin de formation militaire et de restructuration de l'armée. Sur le plan économique, la promesse de Sotchi doit être celle de la rupture avec le huis-clos appauvrissant actuel où la France semble avoir verrouillé les domaines de l'eau, de l'électricité, des routes, des ponts, des ports par des monopoles protégés des gouvernements respectifs ou par des passassions de marchés de gré à gré sans appels d'offres. Pour que nous puissions nous diriger vers une ouverture d'une économie à tous, notamment aux industries et entreprises russes dans les secteurs agricole, minier, énergétique, de la transformation industrielle, de l'éducation et de la formation. Le littoral ivoirien ,par exemple , qui alterne les lagunes ,les fleuves et la mer sur 570 km regorgeant de potentialités inexploitées ou sous-exploitées dans le transport maritime, le tourisme, l'hôtellerie, l'habitat de luxe, le transport inter-villes littorales.
Coopération sur le plan politique :
L'intervenante n'a pas manqué, par ailleurs, de souligner que sur le plan politique et diplomatique, le monde et la Russie doivent cesser de nous voir à travers des lunettes déformantes de regard méprisant, mensonger et négativitionniste de la France qui nous assujetit. L'Afrique n'a plus besoin de tuteur à l'ONU. L'Afrique n'a plus besoin de nouveau propriétaire, mais la Russie y a sa place comme un partenaire dans une logique de " communwealth " d'enrichissement partagé. Collaborations vivifiantes et innovantes entre les secteurs privés respectifs. Le monde bouge, les lignes évoluent, l'année prochaine 2020 est celle d'élections présidentielles au Togo, au Burkina Faso, au Niger, en Centrafrique, en Guinée et au Côte d'Ivoire. Espérons que celles-ci verront l'arrivée au pouvoir des présidents réellement choisis par les peuples qui privilégieront enfin l'ouverture sur le monde et innovantes opportunités d'affaires à l'asservissement bel et bien stupide au colon d'hier et d'aujourd'hui.
Le sommet vu par les occidentaux :
Les pays occidentaux qui ont des intérêts ancestraux en Afrique ont fait preuve de beaucoup d'appréhension en commentant l'organisation de ce sommet de la Russie avec l'Afrique qu'en mettant en avant la coopération militaire et de défense, Moscou se pose en défenseur de la stabilité du continent, en proie à des mouvements de contestation et au terrorisme. En réunissant plus d'une quarantaine de chefs d'État africains dans la station balnéaire de Sotchi à l'occasion du tout premier sommet Russie-Afrique, Vladimir Poutine a remporté avec prouesse son pari. Celui de marquer le retour en force de l'ancienne puissance communiste sur un continent dont il s'était retiré à la chute de l'Union soviétique, laissant la place aux pays occidentaux, grands vainqueurs de la Guerre froide, et à la Chine.
Pour Louis Keumayou, spécialiste de l'Afrique et président du Club de l'information africaine, l'opération de charme de la Russie à l'endroit de l'Afrique est réussie : "C'est déjà une grande réussite d'avoir pu rassembler autant de chefs d'État et de gouvernement à Sotchi alors que certains ont des problématiques de sécurité intérieure qui auraient pu les empêcher de venir."
Pendant le sommet, organisé les 23 et 24 octobre écoulé, le président russe a promis de doubler dans les cinq ans à venir les échanges commerciaux avec l'Afrique. En 2018, ceux-ci ont été évalués à 17 milliards de dollars. Bien loin des échanges commerciaux avec l'Europe (275 milliards de dollars) et avec la Chine (200 milliards de dollars).Selon les mêmes sources : " Moscou entend s'appuyer sur les anciens régimes communistes africains comme l'Angola ou l'Éthiopie avec lesquels la Russie a entretenu des liens. Elle peut aussi compter sur ses deux grands partenaires économiques que sont l'Algérie et l'Égypte. "Ces deux pays représentent la moitié des échanges commerciaux avec l'Afrique. Et l'Afrique du Nord peut être une porte d'entrée pour la Russie sur le continent à travers la Méditerranée", estime Igor Delanoë, directeur adjoint de l'Observatoire franco-russe basé à Moscou. C'est d'ailleurs l'Égyptien Abdel Fattah al-Sissi, président en exercice de l'Union africaine, qui a coprésidé le sommet avec Vladimir Poutine.
"Depuis la crise ukrainienne et la politique des sanctions à la fois européennes et américaines, beaucoup de marchés européens et occidentaux se sont fermés à la Russie, et l'Afrique s'est imposée comme une aire géographique intéressante pour trouver de nouveaux débouchés", a expliqué sur RFI Arnaud Kalika, spécialiste de la Russie et chercheur associé à l'Institut français des relations internationales
Expertise militaire et nucléaire
Lors de la réunion de Sotchi, l'ancienne puissance communiste a mis en avant son expertise militaire. Si de grands contrats d'armement n'ont pas été annoncés, la Russie a multiplié en amont les accords de coopération militaire et de défense avec plusieurs pays africains dont le Mali, en proie à la menace terroriste au Nord et au Centre que peine à juguler la Force conjointe du G5 Sahel.
La Russie a aussi trouvé des marchés pour son industrie nucléaire. L'Éthiopie a signé avec Rosatom, l'entreprise publique russe déjà présente en Zambie, un accord qui prévoit la création d'un réacteur expérimental pour combler son déficit énergétique. Le Rwanda, lui, est sorti du sommet avec un accord prévoyant la construction d'un centre de recherches sur le nucléaire.
Moscou s'est aussi rapproché des mines africaines en signant des accords de prospection en matières premières avec le Soudan du Sud et la Guinée équatoriale, deux pays riches en pétrole. Sur le marché africain des hydrocarbures, les géants russes Gasprom et Rosneft répondent aussi présents.
Perspectives de ce 1er forum, selon Poutine :
A l'ouverture de la deuxième journée de ce forum économique Russie-Afrique ,le président de la Fédération russe Vladimir Poutine n'a pas manqué de saluer la réponse favorables des pays africains à cette louable initiative car, selon lui , l'Afrique et la Russie sont liées par des rapports traditionnellement amicaux et son pays a toujours soutenu les mouvements de libération en Afrique. Et d'élucider l'assistance : " Ce que nous intéresse, c'est que la situation sécuritaire dans plusieurs pays est instable et qu'il faut régler ces conflits ethniques .Il faut renforcer le partenariat russo-africain sur tous les plans. Il y a des opportunités très importantes pour intensifier notre coopération dans toutes les directions. Je voudrais souligner que le développement des relations avec les pays africains et avec les organisations régionales constitue une des priorités de la politique étrangère de la Russie. Les Etats africains deviennent de plus en plus importants sur le plan politique et économique et qui s'affirment comme des éléments du système multipolaire du monde et participent de plus en plus à la mise au point des décisions de la communauté mondiale. Il faut créer des bonnes conditions sécuritaires en Afrique, renforcer les contacts et la représentation de nos Etats l'ONU et renforcer la coopération avec les membres non permanents parmi les pays africains au Conseil de Sécurité , ce qui nous permettrait de renforcer nos efforts pour créer de bonnes conditions de paix. "
Coopération en matière de formation et d'armement :
Poutine a signalé, dans son allocution, que le ministère russe de la Défense a reçu des élèves de 20 pays africains qui poursuivent des formations militaires dans des écoles et académies militaires russes. En matière d'armement, la Russie fait des envois d'armes et de matériels militaires et parfois de manière gratuite, a-t-il -ajouté. Et de préciser que les échanges commerciaux entre la Russie et les pays africains ont atteint une valeur marchande de 20 milliards de Dollars en 2018 et avec les fruits de cette rencontre historique qui va se tenir tous les 3 ans, cette valeur des échanges aura doublé dans les cinq années à venir, a -t-il assuré.
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Posté Le : 07/11/2019
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : A F
Source : www.lemaghrebdz.com