Algérie

LE 19 MARS EXPLIQUE À LA COMMUNAUTE ALGERIENNE DE BELGIQUE Le pèlerinage historique d'Evian du Dr Mohamed Tahar Bensaâda ou la victoire du génie diplomatique algérien d'alors



LE 19 MARS EXPLIQUE À LA COMMUNAUTE ALGERIENNE DE BELGIQUE Le pèlerinage historique d'Evian du Dr Mohamed Tahar Bensaâda ou la victoire du génie diplomatique algérien d'alors
Disciple et admirateur de Mohamed Teguia, cet «immense Homme», cet «historien de grande envergure et officier de l'ALN», M. Tahar Bensaâda est enseignant universitaire, chercheur et auteur de plusieurs ouvrages, dont De la légitimité historique à la légitimité institutionnelle. A Bruxelles, avant-hier, au siège du consulat d'Algérie, il est intervenu sur les accords d'Evian en présence d'un nombreux auditoire.
Honnête dans sa démarche d'historien, le conférencier informe, toutefois, d'emblée «le discours historique n'est pas neutre». Les accords d'Evian, cette date «doublement controversée» des deux rives de la Méditerranée, critiquée tant en Algérie qu'en France, est, selon l'orateur et ce, malgré ses carences, un «acquis du peuple algérien». Didactique, à l'aise dans son exposé, sourcilleux sur les détails et rigoureux dans la démarche — on n'est pas disciple de Teguia comme ça, pour rien —, le Dr Bensaâda articule son intervention autour d'éléments-piliers, de marqueurs. Le contexte historique dans lequel se sont tenues les négociations, le rapport de force politique de l'époque et les bouleversements sociologiques et historiques que la guerre d'Algérie a engendrés. Evian a constitué une étape importante dans le long processus qui a mené vers la décolonisation, l'indépendance, il ne faut pas croire, cependant, dira l'orateur, que les choses se sont passées comme ça, mécaniquement et que le tout était écrit à l'avance, d'avance. Non, que non, mille fois non ! «Sans le génie diplomatique des jeunes diplomates algériens, leur courage, leur abnégation et leur vigilance, cela aurait pu en aller autrement.» Il est vrai, aussi, que les négociateurs algériens d'Evian bénéficiaient du travail inlassable, de l'ardeur et du sens des responsabilités des responsables du GPRA et du FLN qui ont effectué un lobbying de grande qualité au profit de l'indépendance de l'Algérie. «Sensibiliser le jeune sénateur John Kennedy, influent et très écouté au sein du parti démocrate, pour l'amener à soutenir la cause algérienne n'est pas à la portée du premier venu», s'est plu à dire le conférencier. Cet exemple est d'autant plus probant que Kennedy deviendra président des Etats- Unis d'Amérique et que la France, tant à Washington qu'à New York, disposait de relais, de lobbies et de moyens autrement plus conséquents que ceux dont pouvaient disposer M'hammed Yazid, Rédha Malek, Mohamed Seddik Benyahia, Saâd Dahleb et les autres. Le Dr Bensaâda n'omettra pas de souligner l'immense rôle, le déterminant tournant qu'a été le «11 Décembre». Ces manifestations urbaines, celles, notamment d'Alger, ont constitué une chance historique, un soutien indéfectible pour la diplomatie de combat algérienne à Evian. Depuis, les pourparlers prennent un autre cours, une trajectoire plus favorable pour nos jeunes diplomates. Les complots de la France, les coups bas de Michel Debré, alors Premier ministre, les vices de procédures de Louis Joxe, chef de la délégation française, ont été, tous l'un après l'autre, balayés et écartés. Evian n'était pas une sinécure pour les représentants algériens, loin, très loin s'en faut. Du début à la fin du processus, pénible et usant, la France n'a pas cessé de multiplier les crocs-en-jambes, les entourloupes, les pièges, les ruses et les faux-fuyants. Une fois, c'est le Sahara qui doit être séparé du reste du pays, une autre fois c'est la volonté d'inviter Mohammed V et Bourguiba à la table des négociations, une autre fois c'est l'élargissement à d'autres représentations que le FLN, les discussions. Supposer un seul instant que les Français étaient venus sincèrement pour parler de l'indépendance de l'Algérie, uniquement d'indépendance, rien que d'indépendance, serait une erreur historique d'appréciation et surtout une injustice faite à notre génie diplomatique d'alors. Les Algériens à Evian pouvaient-ils arracher plus à l'ordre colonial ' C'était, sans doute, la rumeur de ce que pouvait rapporter la station neigeuse française. En ce sens, Evian est une victoire algérienne précieuse, il faut en être fier… Des leaders du mouvement associatif algérien et/ou belgo-algérien ont promis d'inviter en mai prochain Rédha Malek, l'un des rares survivants de l'épopée diplomatique d'Evian pour qu'il parle du 8 Mai et du 19 Mars. C'est un combiné historique relevé. Le Dr Mohamed Tahar Bensaâda, quant à lui, a apporté avant-hier des éclaircissements importants et a travaillé en profondeur le 19 Mars.


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