Algérie

Le 05.05 à 5 heures...



Riadh T. est réveillé le 5 mai 2013 à cinq heures du matin par l'écho de coups de masse portés sur le mur...Le 5 mai 2012 vers 5 heures du matin, un jeune résident de Ouled Hadjadj s'était présenté au siège de la brigade de la Gendarmerie nationale pour se plaindre d'une violation de domicile et de destruction d'un mur situé à côté du domicile: «Cinq individus armés munis d'armes blanches se sont ligués contre moi en m'insultant, m'injuriant, me menaçant et me portant des coups sur le dos. Affolé je m'emparais d'une épée pour me défendre. Dans la foulée, j'ai blessé le nommé Mohamed Mokhtar, qui a été rapidement évacué à l'hôpital de Rouiba où les premiers soins lui avaient été prodigués avant son évacuation en urgence sur l'hôpital Zemirli, d'El Harrach (Alger). Une opération fut vite effectuée et un certificat médical de 25 jours d'incapacité lui fut délivré.» Alertés, les gendarmes fidèles à leur ligne de conduite prirent rapidement les rênes de l'enquête. Le jour même, le dossier est ficelé. Mohamed Riadh Belaraoui étant pris, c'est Boubakeur Harkat, le jeune fougueux parquetier qui démêlera l'écheveau.
Les responsabilités furent établies. Les auditions se tinrent dans une atmosphère bon enfant, Riadh T. l'auteur des mauvais coups se morfondait. Il dira plus tard à Yassine Ouezaâ, le juge son remords. «J'aurais pu le tuer. J'ai eu peur. 5 heures du matin, il faisait encore nuit. J'ai cru à une attaque terroriste!», dira-t-il pour se défendre tout en montrant des «tics» en direction du vieux maçon à qui il avait failli trancher le bras, comme pour s'excuser d'avoir causé tant de dégâts. D'ailleurs, lors du prononcé du traditionnel dernier mot, Riadh a marmonné ses regrets tout en souhaitant un prompt rétablissement.
Maître Redouane Lahouazi pour la partie civile, se veut bref. Il prend à témoin les deux témoins de l'acte grave des coups et blessures volontaires à l'aide d'une arme blanche. Il rappelle que ce délit est né à cause d'un malentendu foncier: «C'est foncièrement honteux pour ces voisins qui n'ont aucun contentieux ni poursuite du foncier à propos d'un terrain que les deux parties revendiquent, ou plutôt ils en revendiquent une partie.» «Mon client était venu abattre un muret et s'est retrouvé face-à-face avec un type armé d'un sabre qui lui a causé 25 jours d'arrêt de travail», a dit Maître qui a reproché à l'inculpé de ne pas s'être présenté devant les services de sécurité pour destruction de bien d'autrui, il a préféré jouer au héros sauvant son bien. Il demande la dérogation d'un expert et dix millions de centimes de dommage et intérêts à titre provisoire. L'avocat de Bordj Ménaïel avait, à un moment donné, envie de répliquer à son aîné Maître Benantar qui avait omis un détail de la «bagarre» et des coups «réciproques». Galanterie pour galanterie, Maître Ahmed Benantar aurait voulu, en guise de réplique, dire le plaisir qu'il avait, lui, au moment où Maître Lahouazi Redouane avait évoqué les secours matériels que Riadh avait tendus après le drame. Ici, Yassine Ouezaâ, le jeune juge avait très bien suivi en se retenant pour ne pas faire intrusion au cours des deux plaidoiries, longues, certes, mais très explicites. Et c'est cette manière de plaider qui plait à certains juges du siège, notamment Ouezaâ qui donne la nette impression d'apprendre un peu plus à chaque dossier. Il invite Maître Benantar à intervenir et ce, en balançant un large sourire, comme pour l'encourager à effectuer son boulot, surtout que Belaroui, avait réclamé une peine d'emprisonnement ferme.
Lentement, posément, Maître Ahmed Benantar préfère parler de coups réciproques d'une rixe où l'arme blanche a été la «star». Quelqu'un qui se présente à cinq heures du matin au mois de mai 2013 et qui commence à casser un mur, cela n'arrive pas tous les jours. De quel droit un sot, un imbécile ose-t-il dans la nuit noire (cinq heures du matin en mai, c'est trois heures en juillet!). L'avocat se dit heureux que l'inculpé n'ait pas eu chez lui une arme à feu sinon, nous aurions aujourd'hui un dossier d'homicide involontaire avec circonstances atténuantes et tout le chapelet des malheurs qui vont avec (le juge accordera en effet le sursis à Riadh T.)
«Je demande avec beaucoup d'insistance de larges circonstances atténuantes. Surtout si l'on tient compte que la partie civile avait préféré prendre la fuite au lieu de déposer plainte», a conclu le défenseur.
Le dernier à plaider sera Maître Hadj Kerbaoui. Il va rapidement reprendre les faits qu'il présente comme à l'avantage de son client. Tout en flétrissant l'intrusion des maçons venus abattre un mur sans crier gare, il a pris fait et cause pour celui qui s'était réveillé à cinq heures du matin, croyant à une attaque terroriste. Regrettant ce qui est arrivé au maçon touché au bras - son gagne-pain - il a réitéré la volonté de son client de poursuivre ces gens venus violer le domicile et s'adonner à la destruction de bien d'autrui. «Rendons hommage à des passants qui ont peut-être sauvé la vie à ce pauvre bougre manipulé indirectement. Nous vous faisons remarquer ici qu'il n'y a ni préméditation ni guet-apens. Les casseurs ont eu la malchance de se retrouver nez à nez avec le jeune propriétaire du domicile visité sans incitation.
Ils étaient cinq. Riadh seul est chez lui. C'est à prendre en considération», dit-il en prenant acte de la mise en examen du verdict.


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