Mémoires algériennes
Mémoires algériennes associe les portraits photographiques de Lazhar Mansouri et la vidéo de Farida Hamak, Ma mère, histoire d’Une immigration. Les deux oeuvres relatent les deux versants d’une même histoire qui débute dans les années 60, au moment de l’indépendance de l’Algérie, à une époque où les besoins en main d’oeuvre de l’économie française créent un fort courant migratoire vers la France. Mais qu’ils soient restés au pays ou qu’ils aient franchi la Méditerranée, les Algériens sont alors confrontés au même choc des cultures qu’ils vivent différemment selon leur génération et leurs choix de vie : au fond de l’épicerie du village kabyle où Lazhar Mansouri a aménagé son studio, les jeunes gens sont vêtus à la dernière mode européenne, tandis que leurs grandsmères en tenue traditionnelle ne dévoilent leur visage que le temps de la prise de vue. Pour la mère de Farida Hamak, qui a suivi son mari en France, la dualité des cultures a d’abord été synonyme de mal de pays, d’inadaptation et de conflits avec ses filles. Aujourd’hui sereine, quarante ans après son arrivée en France, la mère immigrée est devenue française. Comme tout photographe de studio de cette époque, qu’il soit établi au Mexique, au Mali, en Kabylie ou en France, Lazhar Mansouri dresse au fil des ans le portrait de tout un village. Avec une installation sommaire, il réalise des photos raffinées, alternant, selon les sujets, la gravité solennelle et la fantaisie la plus drôle. Cette liberté de ton et cette aptitude à la fantaisie rapprochent Lazhar Mansouri des portraitistes africains comme Seydou Keïta ou Mama Casset. Dans la vidéo “Ma mère, histoire d’Une immigration”, Farida Hamak raconte l’odyssée de sa propre famille avec une grande simplicité de moyens. C’est sa voix que l’on entend : à l’évidence, elle n’est pas comédienne, mais plutôt timide. Les photos qui défilent devant la caméra sont celles de son album de famille, sobrement montées par Felipe Canales : certaines y figuraient déjà, prises par d’autres, mais, pour les plus récentes, la photographe, laissant de côté son savoir-faire de photojournaliste, laisse parler son coeur et sa mémoire en produisant des images minimales, à peine ébauchées, juste ce qu’il faut pour déclencher les souvenirs et les émotions de toutes les familles qui ont connu le même destin.
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Posté Le : 23/09/2015
Posté par : frankfurter
Ecrit par : par La rédaction (communiqué / dossier de presse)