Layali Ramdane (13)

Dans cette dernière ligne droite, le réveil se fait paradoxal. Comme s'il fallait échapper de plus en plus au quotidien. Cet après-midi, pas d'eau, pas d'internet. Heureusement, il restait l'électricité, contrairement à mon ami Ramdane qui avait l'eau et l'électricité mais pas internet, ou Nesrine qui avait internet mais pas d'eau ni d'électricité.Oui, mais comment savait-elle qu'elle avait Internet si elle n'avait pas d'électricité ' Grande question. Mais bon, f'tour, pas de chorba, refusée à l'unanimité. Pas de boureks non plus, rejetés démocratiquement. Des frites toutes simples, avec de l'huile toute grasse. Des boulettes de viande, du persil partout et une énorme salade que même les bisons ils finiraient pas leur assiette. Café, doukhane, de la fumée, on s'est captés en wifi, invisibles, avec Ramdane. Puis on est sortis voir un film, un film algérien sur l'Algérie.C'est assez rare pour prendre la peine de voir. Toufik est venu avec Jonas, un Camerounais qui vit en Algérie depuis deux ans. Trop rigolo, pour lui la vie est un film, soit on est acteur ou figurant, soit on est réalisateur ou, encore mieux, producteur. Oui bon, Lilia, qui est venue aussi, lui a demandé ce qu'il pensait des dessins animés, probablement une allusion à l'Algérie. Bref, le film parlait d'un cordonnier qui portait des Nike et quand il ne réparait pas les chaussures des autres, il faisait du footing.Il y avait sûrement un message. Mais pour le coup, Jonas a eu tort puisque comme souvent dans les films algériens, c'est le producteur qui est réalisateur et acteur principal, son fils jouant le deuxième rôle pendant que sa fille s'occupe du montage. Mais bon, le film était un peu ennuyeux, autant que d'en parler, non ' Oui, peut-être que dans 20 ans, ce sera un chef-d'?uvre, le temps n'est pas le même de devant ou derrière. C'est comme le Ramadhan, il semble plus long de derrière que de devant. Etrange.