Algérie

Laxisme et péril dans la cité



Lors des dernières intempéries, des constructions érigées illicitement dans la commune de Bologhine ont fait l'objet de glissement de terrain, contraignant les ménages à quitter le parquet pour s'installer ailleurs.Il y a deux ou trois ans, un élu de la commune de Oued Korich nous avait appris que des centaines de chaumières, agglutinées les unes les autres sur les versants de ladite commune, courent un réel danger. Sans faire dans la numérologie ou l'oiseau de mauvais augure en cette saison des pluies hivernales, d'autres demeures posées sur un sol ??flottant'' nous édifient sur des signes avant-coureurs d'une catastrophe potentielle lorsque Dame nature décide de gronder et nous rattrape pour nous mettre devant notre inconséquence.
Elles squattent le domaine public sans acte ni permis de construite bravant le péril au risque de leurs vies.
A croire que l'usage termine toujours à se transformer en droit. S'il est vrai que des favelas ont existé depuis l'Indépendance, il n'est pas faux également qu'elles ont pullulé par la suite, notamment lors de la décennie noire où les pouvoirs publics avaient d'autres chats à fouetter. Mais cette propension à vouloir élever sa ??maison'' là ??où je veux'' ? même sur les lits d'oued ? est loin d'être éradiquée. Ce type de réflexe individualiste semble faire même des émules au point de prendre des proportions inquiétantes dans un cadre bâti qui en pâtit... Ainsi, on prend plaisir à jouer au chat et à la souris. Les voleurs de lopins de terre bénéficient, très souvent, des accointances polluées par la corruption. On construit le soir et les week-ends sur des assiettes du ??beylik'' pour échapper à l'inspection de la police de l'environnement.
Celle-là même dont la mission est, faut-il souligner, confinée dans l'établissement de procès-verbaux de constat. Ni plus ni moins. La décision de démolir les habitations qui se mettent en porte-à-faux avec la réglementation en vigueur échoit aux édiles de la cité et au wali délégué qui doivent composer, à leur corps défendant, avec les conditions sociales dans lesquelles vit la maisonnée.
Parfois, on se presse de raser la concrétion installée dans un corridor séparant deux pâtés de maison, d'autres fois, on fait montre de laxisme en fermant l'?il devant le fait accompli. Le mal est fait, se dit-on, non sans conforter cette image dédaigneuse des territoires bannis, celle du parpaing et de feuilles du zinc, en brandissant l'argument
simplet : ??On n'a pas où reloger les infortunés''. Ainsi va la cité amochée par une rurbanisation galopante et gagnée par l'indigence de la puissance publique.


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