Dans un entretien exclusif accordé à TF1 - LCI le 29 mai dernier, le ministre des Affaires étrangères russe Sergueï Lavrov a dressé un bilan exhaustif de l'opération spéciale menée en Ukraine depuis le 24 février dernier.Ecartant les dires des puissances occidentales, qu'il juge empreints d'intox et de propagande, Lavrov a, d'emblée, souligné que son pays «ne court pas après les effets de manche», pas plus qu'il ne «cherche des approbations ou un succès» pour les actions entreprises sur le terrain. Expliquant les tenants et les aboutissants de cette opération, Lavrov rappelle que l'objectif est de «protéger les populations (russophones), la langue russe directement discriminées et agressées par les régimes successifs en Ukraine, avec la connivence directe de l'Occident».
En quelques phrases, tout était dit par celui qui incarne la diplomatie russe et la parole du Kremlin à l'étranger, depuis 18 ans. Avec des éléments de langage concis et précis, il a posé le contexte géostratégique dans lequel la Russie est bien le pays agressé qui n'a pas eu d'autre choix que de réagir pour défendre le peuple russe en proie à la menace de néonazis pilotés par les puissances occidentales. En tant que figure-clé du conflit et membre de la garde rapprochée du président Poutine, Lavrov a clairement dévoilé la vision du Kremlin sur l'actuel bras de fer qui oppose non pas la Russie à l'Ukraine mais la Russie à un conglomérat occidental convaincu de la réduire à merci, comme ce fut le cas pour l'ex-URSS.
C'est ainsi qu'il a expliqué la vision russe selon laquelle le rapprochement manifeste entre Kiev et l'Otan a constitué un facteur aggravant du problème, Moscou se devant de réagir à une agression militaire programmée. Si dans les sphères occidentales, tout a été dit ou presque sur les «intentions réelles et cachées» du Kremlin et son objectif d' «annexer l'Ukraine», Lavrov, lui, a recadré l'enjeu en indiquant qu'il s'agit bien de sécuriser le Donbass. Quant à ce qui peut conduire à la paix, le MAE russe a posé le préalable de la «démilitarisation» de l'Ukraine devenue une «menace» pour son pays. Dénonçant les multiples expulsions de diplomates russes auxquelles Moscou se «devait de répondre» au cas par cas, Lavrov a déploré la position de l'Union européenne embrigadée par les Etats-Unis qui «empêchent un monde multipolaire». Alimentant le nationalisme ukrainien et le néonazisme, ils «arment Kiev, y compris avec des armes offensives». Au final, il a écarté les «inquiétudes» hypocrites sur l'état de santé de Vladimir Poutine («Il va très bien»), a-t-il sobrement balayé, sans pour autant aller jusqu'à s'étonner que des apprentis-visionnaires se livrent à des prédictions farfelues sur la santé du président russe, dans le but évident de distiller le doute sur le futur immédiat de la Russie. En vain, bien évidemment.
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Posté Le : 09/06/2022
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Chaabane BENSACI
Source : www.lexpressiondz.com