Algérie

Lassitude



Jamais de mémoire d?Algérien l?atmosphère à la veille du mois sacré de Ramadhan n?aura été aussi lourde et chargée d?incertitudes à tous points de vues. Traditionnellement, les Algériens se préparent à accueillir le mois de jeûne dans la joie. Les ménagères et les chefs de familles s?activent plusieurs jours à l?avance pour accomplir le rite religieux dans les meilleures conditions en n?omettant aucun détail pour que ce mois sacré soit célébré comme un moment fort dans la communauté musulmane. A l?approche du mois de Ramadhan, nos rues et ruelles se mettent à l?heure du Ramadhan. La légendaire zlabia qui annonce généralement l?arrivée du Ramadhan plusieurs jours à l?avance et autres gâteaux de circonstance bien de chez nous font leur apparition sur les étalages des commerçants. Bref avant même le début du Ramadhan, les Algériens avaient coutume de baigner intensément dans une ambiance festive et de recueillement qui culmine avec le début du jeûne. Cette année, tout le monde aura remarqué qu?au-delà de la foi qu?inspire cet événement dans la conscience des jeûneurs, le c?ur des Algériens n?est pas à la fête. Et pour cause. On n?a pas relevé en effet de boulimie particulière dans les achats comme il est de tradition. Les scènes de bousculades devant les boucheries et autres commerces très sollicités à l?occasion du Ramadhan ont disparu du décor cette année. Les Algériens ont-ils appris à vivre selon leurs moyens ? Le mois de Ramadhan qui est dans son essence même celui de toutes les espérances, des prières, est devenu le mois de toutes les angoisses, de refoulement et de privations. L?érosion du pouvoir d?achat qui s?amenuise d?année en année a accentué la fracture sociale poussant de plus en plus d?Algériens dans le gouffre sans fond de la précarité. Le salaire national minimum garanti (Snmg) peut-il avoir un sens chez nous lorsque le kilogramme de pomme de terre, la nourriture autrefois dite du pauvre, nargue le consommateur du haut de ses 70 DA et devient un produit de luxe ? Il est aujourd?hui prouvé qu?il est difficile, voire impossible de vivre de son salaire en Algérie, y compris pour les couches dites moyennes qui ont été laminées sous les effets pervers d?un système économique qui cherche ses marques. Cette année, les parents doivent faire face en même temps aux dépenses de la rentrée scolaire qui sont toujours lourdes à supporter surtout pour les familles nombreuses et au couffin du Ramadhan qui coûte toujours cher même s?il n?y contient pas grand-chose. Lorsque l?on ajoute à cette sauce frelatée la psychose des attentats qui est revenue au-devant de la scène à l?approche du mois de Ramadhan et qui fait craindre le pire pour les jours à venir, on ne comprend alors que mieux pourquoi la fête a déserté les c?urs des Algériens même à l?occasion d?événements importants comme la célébration du mois sacré de Ramadhan.


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