Algérie

Large vague de vaccination



À Alger, les centres de vaccination ne désemplissent pas. À Bab El-Oued, une moyenne de 500 personnes se font vacciner journellement. Engouement similaire à Ben Aknoun où le centre de vaccination enregistre une affluence importante depuis quinze jours. Le déclic ' Reportage.Elle court dans tous les sens sous le chapiteau médical installé, depuis le 1er juin, à la place El-Kettani, Bab El-Oued, front de mer. Dans cet immense vaccinodrome, de plusieurs pièces, dédié à la vaccination de masse contre la Covid-19, Meriem Menasri, médecin, s'emploie à orienter les infirmiers, une dizaine, pour l'accueil des citoyens venus nombreux pour se faire vacciner. Avec sa collègue le Dr Aïssaoui, elles est responsable de ce centre qui ne désemplit pas depuis quelques jours. À l'extérieur, une grande tente qui fait office de salle d'attente accueille les citoyens par dizaines. Ce mardi en milieu de matinée, femmes, hommes, jeunes et beaucoup de personnes âgées y prennent place, ticket à la main. "Plusieurs personnes sont là depuis 6 h du matin. Elles prennent un ticket à l'entrée et attendent qu'on les appelle à tour de rôle pour se faire vacciner", affirme le Dr Menasri. Boudé il y a encore peu de temps, le chapiteau est aujourd'hui littéralement pris d'assaut.
"C'est surtout pendant la matinée que l'affluence est la plus importante. Nous sommes presque à la limite de nos capacités", témoigne le médecin, non sans se réjouir de la prise de conscience des citoyens. "Enfin !", dit-elle. Pas moins de 10 médecins et autant d'infirmiers se relaient journellement ici au "chapiteau sanitaire" d'El-Kettani. "Le nombre de personnes vaccinées oscillent entre 450 et 500 chaque jour", ajoute la coordinatrice du site. Sa collègue, le Dr Aïssaoui, confie que ce chiffre a atteint, tout récemment, les 600 personnes vaccinées. "Ça n'a rien à voir avec les débuts timides, au mois de juin, de la campagne de vaccination", observe-t-elle. Comment expliquer ce soudain engouement pour la vaccination ' Pendant plusieurs mois, les Algériens semblaient pourtant réticents à se faire vacciner. Les médecins rencontrés sur place parlent aujourd'hui d'un déclic. Sans doute que la hausse des contaminations, constatée ces derniers jours, a fini par persuader les Algériens de la nécessité du vaccin. Près de 900 contaminations et 15 décès ont été recensés avant-hier soir.
"Cette hausse importante a eu un rôle déterminant", concède un infirmier sur place. Même son de cloche du côté des citoyens. Longtemps dubitatif, Mehdi, un quinquagénaire, a fini par se décider à venir au vaccinodrome de Bab El-Oued pour se faire inoculer, au choix, une dose d'AstraZeneca ou de Sinovac. "Tout le monde parle de contamination. Ça fait peur. On a eu un décès avant-hier, lié au Covid, dans mon quartier, c'est un ami voisin. Cela m'a secoué. Je me suis tout de suite promis de me faire vacciner le lendemain", affirme cet habitant du quartier populaire de Bab El-Oued.
Le déclic
Même décor et même engouement à Ben Aknoun, sur les hauteurs d'Alger, où le centre familial de la Cnas fait office de centre de vaccination depuis 15 jours. Fait frappant, l'organisation y est stricte et tous les moyens sont mis à la disposition des citoyens. "Ici, c'est le centre VIP", ironise un agent à l'entrée. Une salle d'attente en plein air y est installée. Au moins trois dizaines de citoyens attendent leur tour pour se faire vacciner. Ici, on ne badine pas avec le protocole sanitaire : le port du masque est obligatoire, la distanciation physique est scrupuleusement respectée et on a même installé un distributeur de gel hydroalcoolique. Et pas seulement. Ce centre dispose d'un accélérateur d'oxygène en cas de complication et 10 infirmiers sont mobilisés en plus de 7 médecins. En cas d'urgence, une ambulance stationnée dehors est prête à démarrer à tout moment.
"Rien n'est laissé au hasard. Tout est prévu pour l'accueil, dans de bonnes conditions, des citoyens", assure un responsable du centre. Comme à Bab El-Oued, l'engouement de toutes les catégories sociales est en nette hausse depuis quelques jours. "Tant mieux que les gens aient pris conscience de la nécessité de se faire vacciner", affirme avec satisfaction le responsable du centre.
"Nous faisons vacciner, en moyenne, 300 personnes par jour depuis l'ouverture du centre, il y a 15 jours. Le chiffre va certainement augmenter dans les prochains jours", prédit encore ce responsable. À l'intérieur, au moins 7 box de consultations sont installés au milieu d'une immense salle qui accueille les citoyens qui, avant de se faire vacciner, sont invités à répondre à un tas de questions sur l'état de leur santé notamment. Nabil, 24 ans, salarié dans une entreprise privée, s'en réjouit. Il attend depuis quelques minutes dans la salle d'attente pour se faire vacciner. Il en a fallu du temps pour que ce jeune homme se décide à venir s'inoculer le vaccin dont tout le monde parle.
"J'avais beaucoup de réticence avant de prendre enfin la décision de venir ici. Mais là, je crois qu'on prend un tournant dangereux, surtout avec l'apparition du variant Delta qui fait des ravages", avoue Nabil. "Ça m'a donné à réfléchir et j'ai enfin décidé de me faire vacciner pour me protéger et protéger autrui". S'il est vrai, explique encore Nabil, que "nous ne savons pas encore grand-chose de ce virus, ce qui alimente naturellement le doute et les réticences, il impératif aujourd'hui de se faire vacciner". Pour lui, les autorités doivent communiquer davantage et inciter les citoyens. "Il y a, me semble-t-il, comme une forme de laxisme des autorités. Je n'ai pas vu de campagnes de sensibilisation à la mesure du danger de ce virus", déplore-t-il. Un avis que partage une fonctionnaire d'Air Algérie, 40 ans, qui vient se faire vacciner dans le même centre. Pour elle, l'heure est grave.
"Il faut absolument mettre le paquet dans la campagne de sensibilisation et mettre en confiance les citoyens, c'est la seule manière de réussir cette vaccination de masse qui reste à ce jour le moyen le plus efficace dans la lutte contre la Covid-19", soutient Sonia Taleb. Une autre citoyenne, enseignante universitaire à la retraite, n'en pense pas moins. Sceptique au début, elle croit qu'il est grand temps que les Algériens se fassent vacciner massivement pour éviter le pire au pays. "Les nouvelles qui nous parviennent de la Tunisie font froid dans le dos. Leur système de santé est à genoux. Il vient de s'effondrer. Evitons à notre pays pareille situation", préconise-t-elle.


Par : Karim Benamar


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