Algérie

Larbi Benboudaoud, un mec en or



Larbi Benboudaoud, un mec en or
À vingt-cinq ans le judoka de Seine-Saint-Denis s’impose comme le nouveau leader de l’équipe tricolore.

Champion de son quartier avant de devenir maître du monde, samedi, à Birmingham, dans la catégorie des moins de 66 kg, Benboudaoud est un pur produit du judo familial des dojos de la Seine-Saint-Denis. Hasard ou non, il est né en face de la salle de Dugny où il a effectué ses armes de judoka. Mais pas question pour lui de se poser en étendard ou en porte-drapeau quelconque. La France multiraciale, les Beurs, l’intégration, la banlieue, Larbi n’a pas envie qu’on lui colle des étiquettes. " Je suis un peu comme Djamel (Bouras, le champion olympique d’Atlanta, 5e de ce mondial en plus de 81 kg, NDLR) de ce côté-là. Déjà, Beur je ne sais pas ce que c’est. les clichés arrivent vite. On va te parler des trucs habituels : intégration, ceci, cela... Surtout pour moi, d’origine maghrébine qui habite à Drancy : le banlieusard qui s’en est sorti grâce au judo. Je n’ai jamais été désintégré pour m’intégrer, grince-t-il. J’ai la chance d’avoir une double culture mais ça ne m’a pas servi dans mon sport. Si j’avais été d’origine suédoise, cela aurait été pareil. "

Larbi a le parcours tranquille d’un môme qui a grandi avec le judo comme récréation. " En fait, dit-il, j’ai voulu faire comme trois de mes frères. Mais mes parents ne m’ont pas inscrit tout de suite. Ils m’ont laissé mijoter un an. Moi, je voulais, je voulais... vraiment y aller, poursuit-il presque avec des accents de gamin privé de télé. Et puis ils ont fini par me lâcher. Quand tu as dix ans, ce qui te plaît tout de suite, c’est que tu peux chahuter et renverser l’autre en face. C’est bien, la bagarre. "

Les Japonais disent du judo qu’il est la voie de la souplesse, pour Larbi c’est la voie de son équilibre. " Qu’est-ce que je fais quand je ne suis pas du judo ? Du judo ! " La réponse fuse comme une boutade, mais elle est presque vraie. " Il respire le judo du matin au soir, dit de lui Fabien Canu, le directeur technique national. Il vit en kimono. " Et quand il ne combat pas, Larbi est encore au dojo quelque part dans une tribune pour soutenir ses potes dans le moindre championnat de France cadet. La méthode paie. Celui qu’on surnomme le " chat de Drancy " à cause de sa technique opportuniste survole sa catégorie depuis son premier titre de champion d’Europe en 1998. " La force de Larbi, dit Rambier, qui le couve à l’INSEP depuis 1994, c’est qu’il écoute. Il s’entraîne beaucoup et il ne passe pas son temps à se plaindre. " Canu renchérit et ajoute un bon point à l’élève Benboudaoud : " Aujourd’hui c’est le petit génie du judo. Il peut être notre nouveau leader. "

Reste maintenant à assurer ce nouveau rôle de locomotive du judo national. Surtout qu’à un an des jeux de Sydney les médias vont s’emparer un peu plus de ce jeune homme sans histoire installé à Drancy dans un pavillon voisin de celui de ses parents bistrotiers. " Il ne va pas courir au-devant de la presse, prévient Fabien Canu. C’est quelqu’un de très réservé, mais c’est un type qui a beaucoup de choses à dire. "

Larbi est moins catégorique. " La reconnaissance c’est bien, mais ça ne fait pas partie de mes motivations ", tranche-t-il clairement. " Je ne suis pas médiatique, poursuit-il. Sûrement parce que je n’ai pas trouvé mon créneau. Douillet, il fait 1,96 mètre et 130 kilos, tu le reconnais, même si tu ne le connais pas. Tu te dis, celui-là, c’est une masse. Djamel c’est pareil, il est dans le milieu de la mode, il a un look particulier avec son crâne rasé... Moi, peut-être je devrais me teindre les cheveux en orange comme Dennis Roadman. Mais non... Mon créneau, c’est le judo. "


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